Chapitre XVI : Instable folie qui hante ma vie

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Seize ans. A cet âge là j'avais traversé bien trop de choses sombres et terribles. Période où l'on s'apprête à devenir autonome, adulte, mais où l'on a encore besoin du soutient de ses parents. Année impitoyable, j'avais la tête hors de l'eau auparavant, maintenant j'ai tellement coulé, les abysses profondes qui m'engloutissent, le soleil qui pas une seule seconde n'apparaît. 

L'envol de mon oncle. Épreuve compliquée, plaie ouverte et toujours pas refermée. Tentative de suicide, dur d'écrire ce mot, une larme ruisselle sur ma joue. Scarification, addiction sanguinaire, encore aujourd'hui accro je n'arrive pas à m'arrêter. Prochain défi donné par la Vie, les voix qui raisonnent dans ma tête. 

Une toute autre difficulté, la folie qui, doucement mais sournoisement, commence à s'installer. Au début, c'était les propos de mes parents, des gens qui me détestaient qui jouaient en boucle dans mon crâne. Nulle, moche, répugnante, incapable ... Depuis mon réveil jusqu'à mon prochain sommeil. 

Au fil des jours, cela a changé. J'ai commencé par développer une culpabilité extrême à cause de ces voix. Chaque fois que quelque chose allait mal dans ma vie, ou dans celle d'un proche, les hurlements dans ma tête disaient que c'était de ma faute, que je devais payer pour cela. Au commencement, je ne devais verser que quelques gouttes de sang pour m'excuser. Après, le prix n'a cessé d'augmenter, passant d'une coupure, à une dizaine, et d'un pansement, à une boite tout les deux jours.

Je ne méritais pas de vivre, je n'avais pas ma place dans ce monde, voilà ce que j'entendais sans arrêt. Si je voulais vivre je devais donner, donner toujours plus, jusqu'au jour ou je devrais donner mon âme. Mais j'ai continué, je voulais rester ici, continuer de respirer, entendre mon cœur battre chaque jour, j'avais envie de ça plus que tout au monde... La vérité, c'est que la mort m'effrayait.

Les voix devenaient de plus en plus bruyantes, de plus en plus endurantes, de plus en plus méchantes. Puisque mon corps était entièrement zébré par ces plaies affreuses, il fallait que je donne autre chose en attendant qu'elles aient fini de cicatriser. Mon repas. J'ai arrêter de manger, plus de petit déjeuner, un fruit, ou une cuillère de riz, de pâtes ou de ce qu'il y avait à la cantine le midi. Le soir j'étalais l'équivalent d'une pincée de nourriture dans mon assiette pour faire croire que je dîner normalement, et les jours où ma mère n'étais pas là, c'est à dire six jours sur sept, je disais avoir déjà mangé, ou bien j'allais vomir aux toilettes. Si j'osais trop me nourrir un jour car je n'en pouvais plus de me priver, le lendemain était terrible, je ne pouvais rien avaler du tout.

Mais ça n'a pas suffit, bien que je ne consommait même pas cent calories par jour. J'ai ensuite du offrir mes heures de sommeil, l'aiguille défilait, tourbillonnait, et moi, j'étais là à la fixer durant des heures interminables.

J'ai commencé à sombrer dans la folie, à écouter ses voix qui me pourrissaient la vie, à devenir leur pantin. Je pensais pouvoir continuer à vivre en faisant ce qu'elles disaient, mais elles ne voulaient que me guider dans un immense fossé qu'on appelle le décès. 

Aujourd'hui, elles sont parties, mais pour écrire j'ai du les rappeler. Les écouter à nouveau pour me replonger dans l'atmosphère de l'époque. Compliqué de les chasser, mais désormais plus déterminée que jamais, je veux reprendre ma vie en main et les oublier pour l'éternité.


L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant