Chapitre IV: Joli masque

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J'avais repris contact avec mon père depuis environ un an maintenant, une heure au téléphone tout les deux jours, une soirée au restaurant autour d'une table de tant en temps, et des après-midis au centre commercial à acheter des robes, des sandales.

Chandail Ralph Lauren, chaussures Louis Vuitton, sac à main Chanel... Tout ce que je voulais je l'avais, l'âme d'une princesse éternellement insatisfaite dans le corps d'une collégienne. Et au rythme de mes achats je voyais certaines personnes revenir vers moi, ces vieilles amies pour qui je n'étais plus assez bien depuis un moment. Puis exhibant mon argent j'étais devenue populaire, et aimée par les plus connus, désormais je pouvais aller à ces soirées alcoolisées dans des villas de rêves. Les garçons les plus beaux étaient à mes pieds, les filles bien pomponnées se battaient pour me parler.

Un brouillard épais envahit mes pensées.

Aéroport Roissy Charles de Gaulle, je traîne avec entrain mes bagages, entourée de mon grand frère et de mon père. Un sourire éclatant illumine mon visage aux traits fatigués par une nuit courte. Les billets indiquent les Canaries. Soleil brûlant, mer turquoise, sable blanc, loin des feutres d'ardoise.
Une légère culpabilité me rappelle la chance que j'ai de m'envoler pour une destination paradisiaque alors que ma mère est restée seule à la maison. Mais c'est ma vengeance pour m'en avoir privé tant d'années.

Les visages deviennent flous.

Loft de rêve à Cannes avec vue sur mer imprenable. Sol de marbre blanc, tuyauterie dorée, roof top immense.
Vie digne d'une influenceuse Instagram.
J'avais tout, mes parents, de l'argent, des amis, j'étais populaire, je ne subissais plus de moqueries, plus de harcèlement. Plus de remarques blessantes sur mes vêtements sans marque, plus personnes ne rigolait des mes anniversaires organisés chez moi avec deux misérables boissons, et un petit gâteau chocolaté.
J'allais enfin bien, les blessures dans mon cœur étaient pansées, soignées, ces voix dans ma tête qui me hurlaient de me donner la mort s'en était allées. Leurs cris ne raisonnaient plus dans mon corps d'adolescente mal dans sa peau. Mon avenir était à nouveau beau, et clair, longues études de médecine, ou grande école de commerce, j'allais briller de mille feux.

Le sourire aux lèvres je reprenais goût à la vie.

L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant