Chapitre XV : Encore une fois s'il te plait

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Les jours ensoleillés ont défilé, chaque soir je tardais à sombrer dans les bras de Morphée, et tout les matins c'était pareil, je refusais de me lever. La peur de souffrir une minute de plus m'affaiblissait, mais chaque seconde je me battais car j'avais trouvé une personne sublime. Il était le seul qui comprenait ce que je vivais, qui se réveillait à trois heures et demi quand j'étais paniquée, celui qu'on appelle "le bon". Dans notre couple tout allait très bien, on se disait combien on s'aimait , on passait des heures à rigoler, de longues nuits à parler, à pleurer, à crier. Mais on était toujours un peu plus soudés que la veille, plus amoureux...

Sauf que la vie n'est pas aussi facile, trop compliquée par les sentiments qui se bousculent, se confondent, se dégradent, disparaissent. J'étais dingue de mon copain, j'aurais pu faire tant pour lui, en fait, j'aurais pu tout faire. Mais j'ai voulu avoir ce que je ne pouvais avoir, mener une double vie : le jour traîner avec l'amour de ma vie, la nuit j'étais avec mon amant.

Maxime, Maxou pour les intimes. Fumeur de 19 ans, fêtard à plein temps, totalement dépendant. Il avait les cheveux bruns, les yeux noisette, un corps agréable à regarder, il en faisait baver plus d'une. Je n'étais pas la seule, je le savais, qu'un minable bitmoji parmi tant d'autres.

Ces soirs à vingt-cinq degrés, on était quatre, trois hommes, moi pour seule représentante du sexe féminin. Des nuits entières passées à jouer, à se lancer des défis stupides, à boire comme des alcooliques, à rire comme des hyènes, on hurlait à s'en déboîter la mâchoire. Je me souviens de ma mère, de ses cernes le matin, qui me disputait parce qu'encore une fois, j'avais veillé. Ces garçons, adultes, sauf un, étaient populaires, sociables, admirés, ou encore "stylés". C'est vrai, ils étaient beaux, tous avaient un corps sculpté, un visage parfait, mais celui qui me plaisait c'était Maxime...

Au début, c'était juste un crush, il était mignon, rien de plus. Mais on a appris à se connaître, il me parlait de son addiction, de sa volonté d'arrêter de fumer. Naïve, pire, j'étais totalement conne, aveuglée par sa beauté, j'ai cru pouvoir l'aider à s'en tirer. Puis plus les heures passaient, plus les bouteilles se vidaient, et les moments commençaient à changer.

C'est devenu ambigu, notre relation a avancé. Mais il était en couple, moi aussi. C'était une relation impossible, une envie complètement débile.

Un soir, il m'a envoyé son caleçon. J'ai été déstabilisée, choquée, troublée. C'était une première. Il a commencé à me chauffer. Ça a continué pendant plusieurs soirs. J'ai toujours décliné,  fidèle à celui que j'aimais. Jusqu'à ce fameux jour, il a écrit ces mots puissants : "Je t'aime".

Mais aujourd'hui je sais que ce n'était pas vrai, je n'étais qu'une parmi tant d'autres, comme un objet dans une vitrine remplie qu'on sort quand on en a envie. Plusieurs autres filles s'étaient faites avoir, elles aussi prisonnières de son piège.

Notre relation secrète a débuté ce jour là. On s'échangeait des photos, on était dénudés. Il me murmurait des phrases coquines, me disait ce qu'il voudrait me faire. " Je veux te plaquer contre le mur, t'embrasser. " répétait - il.

Il était beau, réellement magnifique. Moi je n'étais qu'une gamine qui découvrait le sexe, timide, réservée dans la vraie vie, je n'y connaissais rien, je découvrais seulement la vie, voici ma première expérience avec le sexe, désastreuse.

Il avait tout compris. Compris combien il est facile de me manipuler, de m'envoûter. Tout les soirs ça recommençait, et je culpabilisais toujours plus. Je trompais mon copain si idéal, celui que j'aimais. Il n'avait jamais rien demandé, il me traitait comme une princesse, une déesse mais j'ai choisit celui qui me rabaissait.

Certaines fois il m'insultait, l'emprise de l'alcool ou du cannabis. J'étais alors sa pute, sa salope, rien qu'une chienne qui trompait son petit ami. Ironique venant de lui qui faisait de même pour sa compagne. Mais j'acceptais, j'acceptais d'être réduite à ça, aveuglée et complètement charmée. J'avais 16 ans, j'étais seule tout le temps, je pensais enfin compter, enfin être aimée, qui plus est pour mon corps que je n'ai jamais apprécié.

Il me faisait culpabiliser, pour mieux me soutirer des vidéos, des photos. Il devenait froid, m'obligeait à m'excuser, à le supplier. Il m'avait entre ses griffes, mais j'étais dominée, et je ne m'en rendais surtout pas compte à l'époque.

Regarde moi s'il te plaît, parle moi, caresse moi encore une fois, je veux sentir tes mains sur mon corps, embrasse moi je t'en supplie. S'il te plaît dis moi que tu m'aimes. C'était le discours que je tenais, je m'étais tant accrochée, j'y croyais...

Aujourd'hui encore j'ai sa voix encrée dans ma mémoire. On s'est quittés violemment, j'ai voulu arrêter de subir ça, et de blesser mon copain. Je lui ai tout avoué, j'ai faillit tout perdre, mon amour et mon amant. Je n'ai perdu que l'un des deux, celui dont je n'avais pas besoin, mon sex friend. 

J'ai honte de ce que j'étais, je hais cette facette, immonde petite pute.
Pauvre conne, trop naïve.

J'ai blessé trop de gens à cause de cet épisode... L'amour de ma vie, la copine de mon amant, et moi même... Je me suis salie moi même, et j'ai donné la possibilité à un autre de le faire, il en a profité. Il a tout raconté à ses amis, mes amis aussi, je ne leur parle plus, on ne parle pas une salope, une salope qui cache bien son jeu, disaient ils.

Mais je n'avais pas appris de mon erreur, enfant écervelée, j'ai recommencé quelques mois après.

L'air Humide Qui Caressait Mon Dos Cette Nuit LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant