Chapitre 3

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 La propriétaire de la robe vint la récupérer très tôt le lendemain, une lumière orangée nimbait la cuisine, au travers de la petite fenêtre ronde au-dessus de l'évier. Embrassant Nona sur les deux joues, elle l'appela « la fée ». Je partais vers la porte, ma lettre à la main. Il faisait déjà parfaitement chaud ce matin-là, je marchais aussi doucement que je le pouvais, pas pressé. Les commerces s'ouvraient, on me saluait. La rue elle-même sentait le café.

Les rues étaient vides de monde, je n'avais vu personne jusqu'à la boite aux lettres, alors je descendais vers la plage. Les flots toujours calmes de la Méditerranée, les clapotis rassurants, le sable tendre sous mes pieds, puis une ombre qui embrassa la mienne à ma droite. Je me tournais vers deux yeux férocement bleus, rieurs, qui m'amenèrent à sourire.

« Viens te baigner avec moi. »

Je ne dis rien, pensant qu'il rigolait. Mais nous arrivâmes face à la mer, et il retira le tricot qu'il portait.

« Viens-tu ? »

Je secouais la tête.

« Je n'ai pas de maillot.

- Moi non plus ! s'amusa-t-il. »

Il retira le short qu'il portait, en caleçon de coton, face à l'étendue d'eau qui s'étalait à nos pieds.

« Viens.

- Je... Non. Je ne peux pas. »

Il n'insista pas, courut dans l'eau, comme il courait partout de toute façon. Il n'y avait personne à des kilomètres à la ronde, paradis déserté qu'était ce morceau de plage. Personne sauf moi et Edward. Son ombre comme l'avait fait celle de son frère, se superposa à la mienne. Il s'assit dans le sable, à côté de moi. Un silence.

« Il est vif. Parfois, c'est difficile de le suivre.

- Ça devait être compliqué quand vous étiez petits.

- Il n'était pas comme ça. »

Avec des gestes méthodiques et lents, il sortit un étui à cigarettes de son pantalon ; tout en argent, gravé à son nom. Il me le tendit, mais je déclinais ça aussi.

« Il a raison, ces vacances lui font du bien. »

Je n'osais rien ajouter, je ne voulais pas être impoli, parler de quelque chose qui ne me regardait pas. L'odeur du tabac me monta à la tête, désagréable. William pataugeait à quelques mètres de nous.

« Je crois que je préfère quand il est comme ça. »

Je ne pus rien ajouter alors je gardais le silence derechef. Sans aucun doute, la présence de son frère changeait Edward. Il souriait tendrement de son frère au milieu des vaguelettes, mais dans ses yeux, une inquiétude toujours, qui lui faisait légèrement froncer le front.

« Vous êtes très différents.

- Oh non. »

Quand William sorti presque nu de l'eau, je détournais les yeux. Edward le sermonna de se montrer ainsi. Et ils partirent, William à peine rhabillé, il m'adressa un signe de la main et un grand sourire. Alors forcément, il m'intrigua un peu plus.

Mais je regardais encore la villa depuis mon balcon, dans le soleil couchant ce soir-là. J'avais dîné avec Nona, parlant de tout sauf des jumeaux ; nous avions parlé de la vie à Paris. Je m'imaginais, extrapolant sur la maladie de Will. De quoi pouvait-on souffrir lorsque l'on courait face au vent, que l'on se baignait avec insouciance ? Devenait-il fragile uniquement lorsque les regards se détournaient ? Prenait-il un traitement à l'abri des regards ?


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Chapitre plus court, un peu plus de la relation entre les jumeaux :)

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Sea, Sex and Sun [ AUTO-EDITE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant