Chapitre 25

1.5K 181 133
                                    

Nona se leva pour m'ouvrir la porte qui me faisait entrer par la véranda, et alors j'entrais, sans un mot, sans un son. J'entrais comme l'enfant qui se veut adulte, comme celui pris la main dans le sac après une bêtise. Comme celui qui marche dans le couloir de la mort et qui attend la sentence. Je sentais presque la corde autour de mon cou. Mon cœur battait partout où il le pouvait dans mon corps, mes mains tremblaient, ma tête tournait. Tout n'était que coton, que flou, tout autour de moi, tandis que je me laissais lourdement tomber sur l'un des quatre fauteuils.

« Tu le sais, j'admire ceux qui ont du courage, le courage d'exprimer leur idée, quelle qu'elle soit. »

Ainsi donc était le préambule de ma mort.

« J'admire ceux qui sont, sans hypocrisie mal placée, ceux qu'ils sont réellement. J'admire Nona, qui en son temps à voulu rester veuve et ne jamais se remarier car elle n'avait pas besoin d'homme dans sa vie, j'admire ta mère qui s'est toujours refusé à être la parfaite femme d'intérieur et a toujours été meilleure en sciences que moi. J'admire ta sœur qui ne veut plus porter de robe et rêve de faire les mêmes études que les garçons. »

Le vent sifflait à travers la porte que Nona avait mal refermée, le fauteuil de Père grinça tandis qu'il bougeait pour se pencher vers moi. Il frotta son visage, sourit.

« Et je t'admire fils. Depuis que je sais, je t'admire pour ce que tu es, parce qu'il faut une force, un courage, hors du commun ! Pour être qui l'on est vraiment. Surtout quand on est qui tu es.

- Tu savais ?

- Je savais. »

Je tournais d'office la tête vers Nona qui leva ses deux mains, paume vers moi, en signe d'innocence.

« Nona n'y est pour rien. Tu te souviens du ballet que nous avions vu, tu devais avoir onze ou douze ans ?

- Celui avec le danseur au costume blanc ? »

Il sourit encore en hochant la tête, et je le fixai, perdu.

« Celui-là même. Le danseur en costume blanc. Tu te souviens de l'histoire, du spectacle ? »

Je secouais la tête négativement. Je ne me souvenais que de l'homme au costume immaculé.

« Non, mais tu te souviens du danseur. Il n'est apparu que cinq ou dix minutes pourtant, le personnage principal était une danseuse magnifique. Mais tu n'avais d'yeux que pour lui. A peine sommes nous sorti du théâtre, tu en parlais comme si tu avais découvert l'or au fond de ta poche. Comme il était beau, gracile, splendide. Ta mère pensait que tu découvrais une passion pour la danse, et te voyais déjà à sa place en rat de l'opéra. Mais il aurait pu te déclamer un poème ou recoudre tes chaussettes, rien n'aurait changé. C'était lui, lui en tant qu'homme, qui t'avait tant plu, qui avait eu ton cœur. Dans mon jeune temps, j'ai dragué, et séduit. Et dans tes yeux, dans ta voix, c'était cela. Pas la simple joie d'avoir vu un beau ballet, non, mais l'exclamation du jeune garçon qui se découvre, et découvre l'admiration pour les beaux corps. En cet instant, j'ai su. Dans la façon dont tu le disais, l'innocence des tes mots, j'ai su que tu aimais les hommes, et j'ai su que toi, tu ne le savais pas encore. C'aurait put être passager, durer un moment, je ne me suis pas alarmé. Je ne suis pas de ceux-là. Tu aurais plus tard, rencontré une belle jeune fille, vous auriez fait un beau mariage, de beaux enfants, et tu aurais eu une belle part de mon cabinet. Même si je savais que cela serait resté en toi, quelque part, plus ou moins bien enfoui. »

Il était peut-être admiratif de mon courage, mais déçu. Déçu que tout ce qu'ils avaient prévu, ma mère et lui, s'effondre. Le fils unique de la lignée qui a du courage, oui, celui de tout envoyer balader.

Sea, Sex and Sun [ AUTO-EDITE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant