Je m'étais réveillé une fois, à la suite d'un rêve érotique. Mal à l'aise, transpirant, le corps dans un état qui m'était alors inconnu. J'avais bien essayé de repenser à ce que l'on nous disait au catéchisme, mais cela fut vite oublié, alors que je commençais à me frotter contre mon matelas. Une sensation inconnue, grisante, je me retrouvais incapable de m'arrêter, le visage enfoui dans mon oreiller. Je m'étouffais, j'exultais, la respiration forte, chaotique. C'était une nuit d'hiver, peu avant mes treize ans.
C'était Marc qui m'avait expliqué ce qu'il m'était arrivé, à quel point lui pouvait le faire malgré les mises en garde que l'on pouvait déjà entendre. La sensation de la jouissance était ce que j'avais vécu de plus puissant jusqu'alors. Mais les remords m'envahirent, mon pyjama souillé que j'avais caché au fond du placard comme un enfant honteux qui aurait mouillé son lit. Je m'étais déjà éveillé par la suite dans la même situation, mais je n'avais jamais réessayé, trop honteux, persuadé de faire quelque chose de terriblement mal. Marc n'avait aucune morale, aucune piété ; je refusais de faire de même.
Pourtant, cette nuit-là, j'étais incapable de me rendormir, même en me concentrant de toutes mes forces pour faire le vide dans mon esprit. Il s'était mis nu, devant moi, son corps aux douces courbes, sa peau douce sous mes doigts, ses yeux magnifiques, sa façon de me regarder comme si j'étais important. Il était bien trop de choses, qui le rendaient spécial. « je ne suis pas malade ». Non, pas malade, spécial.
Le problème restait que mon corps ne réagissait que trop bien au sien, mon corps aimait bien trop qu'il soit « spécial ». Moi qui n'avais jamais réagit à personne ; je ne me souvenais jamais de mes rêves lorsque je m'éveillais excité. Or, en et instant, c'était lui, indubitablement lui, à qui je pensais alors que mon corps se tendait. Lui, qui avait brisé mes barrières, sans même me forcer. J'avais eu envie de le faire.
Et dieu que j'avais envie de me laisser aller, de laisser mon corps se perdre dans de doux méandres. La fenêtre ouverte amenait jusqu'à moi le bruit du ressac, les cigales, la lumière fantasmagorique de la lune qui dansait sur ma peau. La nuit amenait à moi les souvenirs de la journée.
Je passais mes doigts sur mes côtes nues, la peau de mon ventre, la ligne de poils bruns qui descendaient jusqu'à mon pubis, couvert de la même toison. Mon sexe tressautait sur le haut de ma cuisse, dur, presque douloureux à réclamer tant d'attention. La masturbation était mal, c'était péché, d'autant plus si c'était lui qui me rendait ainsi. J'étais incapable de me toucher de mes mains et de commettre cet acte. Alors je me retournais, le ventre pressé sur mon matelas, le pénis en étau, humide sur le drap blanc. Je devais dormir. Dormir.
Je le faisais flotter, dans une eau claire et parfaitement chaude, comme un bain. Son corps léger sur mes bras. Il ne me parlait pas, nous étions enveloppés d'un doux silence. Il rit pourtant soudain, un son cristallin qui ricochait sur la mer. Puis nous étions sur le sable la seconde d'après, il venait s'asseoir sur moi, nu, et moi aussi. Mon corps ne collait pas au sable, nous n'étions pas mouillés. Je n'avais jamais imaginé le pouvoir qu'avait le fait qu'un homme puisse s'asseoir ainsi sur mes jambes. Je n'avais qu'une vague idée de comment les gens étaient intimes, je n'avais pas idée pour deux hommes. Mais l'idée parfaitement incroyable de son petit corps, ses hanches carrées, le creux de ses reins, ses fesses rebondies qui englobaient mon sexe, et le sien, que j'imaginais semblable au mien, dressé telle une fleur entre nous. Tout ne fut qu'un brouillard confus ; bientôt mélange de sons, et de vagues couleurs. Je me réveillais le sexe mou, mais douloureux, humide et collant. Je dormais dans ma propre semence étalée dans les draps.
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Sea, Sex and Sun [ AUTO-EDITE]
Romance1956. Dans sa vie parisienne bien rangée, Angelo, quinze ans, découvre la liberté d'un été seul dans le Sud de la France chez sa grand-mère. Que pourraient bien lui apporter ces deux jeunes Anglais en vacances eux aussi dont sa grand-mère ne cesse d...