Chapitre 5. Alizée.

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Lundi.

Malgré mon insomnie et le gonflement toujours présent sur ma cheville, je m'encourage tout de même à aller affronter mon premier jour de cours dans ma nouvelle Fac. Ce qui risque d'être une épreuve si j'en crois la visite guidée interminable qu'on m'a faite Vendredi à mon arrivé, pendant laquelle on a traversé des dizaines de couloirs sans fins que je vais devoir à nouveau parcourir aujourd'hui. Et ce, avec une entorse en obstacle.

D'un pas boiteux, je quitte l'ascenseur de mon immeuble qui m'a évité la tâche périlleuse qu'aurait été de descendre quatre étages à pied, et m'apprête à en défier une autre tout aussi aventureuse ; rejoindre l'abris de bus qui dessert l'Université, qui se trouve à cinq minutes de marche de là. Mais à mon grand étonnement, Mathieu m'attend sur le parking de ma copropriété, adossé contre le coffre d'une Golf noir. Les mains enfoncées dans les poches de son jean clair, son sweat à capuche blanc qui fait ressortir l'éclat de ses pupilles plus vertes qu'à leur habitude face aux rayons de soleil abondants, dans lesquelles je peine à ne pas me perdre quand j'avance jusqu'à lui.

S'il n'était pas aussi remarquablement beau, tout serait surement beaucoup plus simple. Mon self-control arriverait à rester intact.

-Qu'est-ce que tu fais là... ? l'interrogeais, perplexe et légèrement déstabilisée par le frisson qui parcourt discrètement ma peau sous notre simple proximité. Une réaction habituelle exaspérante qui n'est là que pour me rappeler, en me narguant ouvertement, que je suis toujours aussi attractive à ses charmes. Malheureusement.

-Je te conduis en cours.

Par faute d'être certaine d'avoir bien saisis sa proposition, qui n'était d'ailleurs qu'une affirmation, je hausse un sourcil. Méfiante.

-Quoi ? Tu préfères marcher peut-être ? s'impatiente-t-il dans un soupir las.

Il part ouvrir la portière passagère, sans que je ne cède.

-Monte, avant que je ne change d'avis et te laisse te démerder.

-C'est en quel honneur exactement ? ne puis-je m'empêcher de m'assurer qu'il ne me tend pas un nouveau piège, dans lequel je refuse de retomber bêtement une seconde fois. C'est une nouvelle tactique pour tenter de m'amadouer ?

-De simplement t'emmener en cours ?

-De te montrer aimable, rétorquais-je sans décamper de ma position.

-Et quand bien même s'en est une, t'es bien plus maligne que ça pour tomber dans le panneau, non ? C'est toi qu'il l'a affirmer.

-Exact.

-De quoi tu te méfies dans ce cas ?

De mes sentiments qui pourraient se laisser attendrir par cette démonstration d'affection.

-Pas de toi en tout cas. Encore moins de tes aptitudes à rivaliser contre moi, répliquais-je en allant m'assoir. Mais il m'arrête en enroulant sa main autour de mon bras, y élançant un nouveau frisson que je refoule avant qu'il ne s'en aperçoive. 

-Pourtant, t'as vraiment cru que j'allais te faire acte de charité et te conduire jusqu'à la Fac, me sourit-il sournoisement en refermant sa portière. Avant, je l'aurais fait parce que j'étais con et que je te cédais tout, aveuglé par mes sentiments. Mais je te l'ai dit Alizée, je ne suis plus cette personne, il va falloir que tu l'acceptes si tu veux pouvoir me concurrencer.

Ebranlée, je repousse vigoureusement sa prise électrisante sur moi en le fusillant du regard.

-Je te conseils de te dépêcher, tu vas louper ton bus trésor, m'assène-t-il fièrement avant de contourner sa voiture pour s'installer derrière le volant. 

Vengeance ou sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant