Chapitre 22. Alizée

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Samedi.

Depuis ma discussion matinale avec Mathieu il y a presque deux semaines, je me sens étrangement plus légère, apaisée. Qu'il accepte enfin véritablement qu'on débute une quelconque relation amoureuse par une, d'abord, purement amicale, a eu l'effet de mettre mon stress constant sur pause et me retirer plusieurs de mes angoisses. Dont celle d'aller trop vite et de se retrouver brusquement confronter à une « vie de couple », ce que je me sens encore loin d'être prête à affronter.

J'ai toujours ce doute du lendemain ancré en moi, mais j'essaie du mieux que je peux de le refouler pour profiter de chaque instants passés avec lui. Et aujourd'hui, comme si trois ans ne nous avaient jamais séparés, notre amitié est naturellement redevenue celle qu'elle a toujours été. Confortable, plaisante, réconfortante, indispensable.

Du moins, en dehors de la tension sexuelle palpable qui plane continuellement entre nous et que je pourrais difficilement manquer. Un simple frôlement de genoux malencontreux suffit à faire monter la température de mon corps, et la sienne, indéniablement. Et je lui suis indéniablement reconnaissant de s'empresser de remettre une distance correcte entre nous deux au moindre contacts corporels, même inconscients. Je tiens à ce que nous gardions une relation platonique pour le moment, au moins le temps qu'il me faudra pour trouver le courage de passer à l'étape suivante. Dont j'ignore toujours en quoi elle consistera exactement d'ailleurs, ce qui réanime mes angoisses chaque fois que j'y réfléchis.

-Salut reine de mon cœur ! me sourit pleinement Quentin depuis le siège passager de la voiture de Mathieu, qui m'attendait devant mon immeuble.

Pour une raison qui m'échappe, je crois qu'il m'apprécie sincèrement. Tout comme le reste de la bande dans laquelle Mathieu m'a littéralement incrusté, avec qui je passe maintenant le plus claire de mon temps libres. Et encore plus étonnant, je crois je les aimes bien aussi.

-Quelle bombe, ajoute-t-il quand je m'installe sur la banquette arrière.

Ses pupilles chocolat me reluquent de la tête aux pieds, le cou tordu vers moi, prenant le temps de s'arrêter sur le décolleté cache-cœur de mon chemisier en soie rose.

-Tu veux que je t'aide Casanova ? le réprimande Mathieu.

Voilà autre chose qui différencie nos relations de celles qu'on avait avant. En plus de l'alchimie évidente entre nos deux corps, il y a cette jalousie constante qui semble le ronger et qu'il ne se cache plus d'extérioriser. Mais elle aussi, je la trouve réconfortante. Comme un rappel occasionnel de ce qu'il ressent réellement pour moi et de ce qu'il attend de cette phase d'abstinence sentimentale. Et sexuelle.

-Il faut bien que quelqu'un la complimente, puisque tu ne le fais pas, le sermonne à son tour Quentin.

J'hausse les sourcils vers le conducteur, qui m'observe depuis son rétroviseur central. Son simple regard brûlant sur moi, et brièvement sur mon décolleté, qui suffit à exprimer ce qu'il en pense. Je lui échange un sourire en masquant le trouble sur ma peau frissonnante, tandis qu'il prend la route de chez Lucie, la copine de Thomas, qui fête son anniversaire.

Evènement auquel j'ai été conviée malgré que je ne l'ai encore jamais rencontrée, soi-disant que c'était l'occasion parfaite et qu'elle a hâte de faire ma connaissance.

Moi, un peu moins. J'ai toujours eu du mal à m'entendre avec les filles et encore moins à m'en faire des copines, ce n'est plus un secret.

-Ca va trésor ? me questionne discrètement Mathieu, quand on traverse le jardin parfaitement entretenu d'une maison architecturale clairement démesurée.

Vengeance ou sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant