Chapitre 12. Alizée.

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Jeudi.

J'en souris encore, pas peur fière de ma dernière revanche et de mon jeu d'actrice qui a frôlé la perfection. Même s'il ne m'a pas donné le plaisir de s'énerver et entamer une dispute virulente, ce qui m'a un peu frustrée parce que j'avais déjà prévu chacune de mes réparties cinglantes, je me suis tout de même complètement délectée du spectacle. Chaque pâtes qui retombaient de ses cheveux étaient une victoire de plus, avec un goût carrément addictif. Si bien que j'en veux encore, plus, et vite. Ma soif de vengeance a acquis un niveau qui échappe à mon contrôle et qui me fait faire des trucs puérils, comme taguer le pare-brise arrière de sa voiture au marqueur à paillettes pendant qu'il est en cours.

-Hmm, c'est poétique, commente une voix masculine derrière-moi.

Je sursaute en m'empressant de cacher le marqueur dans mon dos, ce qui est totalement ridicule puisqu'il n'y a pratiquement que moi sur le parking, et que je suis inévitablement prise en plein délit par Thomas.

-Qu'est-ce que tu me veux ? Je ne discute pas avec les baltringues, crachais-je en reprenant mon activité illégale.

-Te donner un coup de main ?

Perplexe et clairement méfiante, je fronce les sourcils en le dévisageant de bas en haut alors qu'il tire nonchalamment sur une cigarette.

-Où est-ce qu'il se cache ? soupçonnais-je Mathieu de m'avoir démasquée.

J'épie méticuleusement les environs, mais l'endroit est quasiment désert à cette heure de la matinée.

-Probablement en cours, me répond-il. Mais tu le sais sûrement mieux que moi puisque t'es là, et qu'il n'y est pas...

-Et je devrais te faire confiance peut-être ? La dernière fois que je m'y suis tentée, ce n'était pas un franc succès, lui rappelais-je sèchement.

-Je sais, je suis sincèrement désolé pour ça. Et si jamais ça t'intéresse de le savoir, il n'a pas couché avec cette fille.

-Ça ne m'intéresse pas le moins du monde, mentis-je en masquant le soulagement qui me gagne malgré-moi de l'apprendre. Je m'en contre fou de qui il se tape ou non, et même de ce qu'il fait de sa vie de manière générale.

-Ouais, c'est pour ça que tu perds ton temps à taguer sa voiture, parce que tu t'en contre fou de lui... m'assène-t-il sournoisement dans un rictus. C'est tout à fait logique, les gens font ça tous les jours, surtout quand ils n'aiment pas quelqu'un d'ailleurs.

Sur un ton ironique, il hausse les sourcils en tirant une nouvelle bouffée de Nicotine.

-Ça va, on a compris que t'étais malin Sherlock, grognais-je en lui attribuant le même surnom qu'il m'avait attribué, le faisant ricaner. Pourquoi est-ce que tu voudrais m'aider à saccager la caisse de ton pote déjà ?

-Pour me faire pardonner de t'avoir encouragé à aller lui parler, alors que ce n'était pas vraiment le bon moment ? Même si, je me répète, il ne s'est absolument rien passé avec cette fille, insiste-t-il pour me rassurer.

J'hésite longuement face à son haussement de sourcil insistant et son sourire presque amical, et lui tend finalement le feutre.

Il lance un coup d'œil prudent autour de nous avant de jeter son mégot au sol et commencer son dessin, tandis que je m'adosse contre le coffre à ses côtés.

-Tu vas lui dire que ce cadeau vient de moi ? relançais-je en surveillant l'entrée du bâtiment.

-Il ne connait pas beaucoup de monde qui aurait une raison de le traiter de connard hypocrite tu sais, ça m'étonnerait qu'il ne comprenne pas qui est le destinataire de cette jolie déclaration d'amour.

Vengeance ou sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant