Vendredi.
La semaine s'achève comme elle a commencé, pénible.
Après m'être perdue dans les allées interminables de la Fac, comme c'est le cas pratiquement tous les jours, l'anse de mon sac s'est brisée et toutes mes affaires se sont étalées au sol. Qu'un garçon trop avenant m'a gentiment aidé à ramasser en me sortant son grand numéro de séduction, m'obligeant à l'envoyer promptement sur les roses sans cacher mon agacement. Et comble de ce calvaire, ça m'a fait louper mon bus pour rentrer chez moi.-Génial... grognais-je en voyant que le prochain n'est que dans une vingtaine de minutes.
Je me laisse lourdement retomber sur le banc en métal déserté, et me contraint à attendre avec le peu de patience qu'il me reste après cette journée éreintante.
Depuis lundi, soir exactement, je me sens constamment irritée et sur la défensive. J'ai même envoyé balader trois filles de ma classe qui voulaient seulement se montrer gentilles et accueillantes, en me proposant de déjeuner avec elle un midi. Et refusé les propositions de rencards de plusieurs types qui semblaient parfois sincèrement sympas, sans grand ménagement. Depuis, sans trop en avoir eu l'intention ni même l'envie, j'ai probablement retrouver mon titre de reine des garces.
Alors que je m'épanchais sur la raison de mon attitude désagréable, et principalement sur à qui je la devais, une voiture ralentit à mon niveau. Je reconnais un des amis de celui contre qui j'étais justement en train de pester silencieusement quand il abaisse sa vitre passagère, ses pupilles d'un bleu océan séduisant qui doivent en faire tomber plus d'une rivées sur moi.
-Salut. Alizée, c'est ça ? me demande-t-il.
-Qu'est-ce que tu me veux ?
Surpris par mon ton cinglant, il hausse d'abord les sourcils, puis part à rire.
-Tout s'explique... marmonne-t-il sans que je ne saisisses ce que ça signifie. Je te dépose quelque part ?
-C'est lui qui t'a demandé de le faire ? le soupçonnais-je.
-Je suppose que tu parles de Mathieu. S'il était au courant, ce qui n'est pas le cas, je crois qu'il me défendrait plutôt de le faire.
-Alors tu sais que ton pote n'apprécierait pas que tu me déposes quelque part, mais tu le fais quand même ?
-Arrête ton enquête Sherlock, je voudrais juste qu'on discute un peu toi et moi, finit-il par m'avouer en restant penché vers moi, attendant une réponse.
J'hésite un moment, premièrement parce que je ne le connais pas et deuxièmement, parce que je sens que cette discussion ne va pas améliorer mon état mental morose.
-Très bien, acceptais-je tout de même en m'installant à ses côtés, le faisant sourire.
-Thomas, se présente-t-il à nouveau en me tendant sa main, que j'ignore volontairement.
-De quoi est-ce que tu veux discuter ?
Il rit une nouvelle fois en laissant retomber sa main sur son levier de vitesse, et reprend la route sans même me demander où je veux me rendre.
-T'es toujours aussi... Frigide ?
-Directe seulement, le contredis-je. Alors quoi ? Il s'est plaint de moi et tu t'es dit que t'allais jouer ton rôle du super pote protecteur, genre solidarité masculine, en me faire une leçon de morale ? Je te préviens, tu perds de ton temps et de ton énergie pour rien beau gosse.
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Vengeance ou sentiments.
RomanceDix ans les ont uni, un malentendu les ont séparé, trois années les ont éloigné. Quand Alizée Boisié, la reine des garces et celle qui lui a brisé le coeur, revient en ville pour étudier dans la même Fac de Médecine que la sienne, Mathieu Leroi se...