Chapitre 11. Mathieu

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Mercredi.

-Tu m'évites encore, connard ? crachais-je en plaquant mon plateau contre la table du self sur laquelle mange Thomas, qui est censé aller parler à Alizée pour prendre la température de son niveau de colère envers moi. Tu lui as parlé ?

-Non, pas encore.

-Qu'est-ce que t'attends ? me plaignais-je en m'asseyant en face de lui. Ça fait trois jours que tu me dis que tu vas le faire !

-Elle va m'envoyer chier, c'est sûr, elle n'a pas sa langue dans sa poche cette fille. Elle... Je la trouve un peu flippante, me confie-t-il en grimaçant.

-Et moi, je préfèrerais que sa langue soit dans ma bouche, rétorquais-je.

La trajectoire de sa fourchette s'immobilise quand il prend un air de dégoût.

-Je suis en train de bouffer, évites-moi ce genre d'image mec ! râle-t-il alors que je lève les yeux au ciel.

-Je ne peux pas simplement aller la voir et lui demander pardon, ça ne marchera jamais. Surtout pas avec elle. Il faut que je sache à quel point elle m'en veut pour pouvoir anticiper sa réaction avant de tenter quoi que ce soit.

-Elle te déteste, je n'ai pas besoin de discuter avec elle pour le savoir.

-Super, merci, tu m'aides vachement Tom, grognais-je en mastiquant rageusement un bout de steak trop cuit. S'il te plait vieux... le suppliais-je désespérément.

Je le vois y réfléchir un moment, hésitant, face à mes battements de cils implorants.

-Ouais bon, ça va, j'essaierais de la voir après les cours. Mais arrêtes de me regarder comme ça, t'es super flippant, rit-t-il en me lançant une pâte.

Je la lui renvoie en y ajoutant une poignée des miennes sous nos rires puérils, quand Quentin et Sébastien nous rejoignent.

-On ne joue pas avec la nourriture, nous sermonne Quentin en assénant une tape derrière le crâne de Thomas, qui hausse un sourcil amusé vers moi. Ma mère déteste ça, elle dit que c'est égoïste de gaspiller quelque chose que d'autres n'ont pas la chance d'avoir.

-Ta maman chérie est une femme pleine de sagesse, commente Sébastien d'un ton moqueur.

Pour réponse, il lui lance une de ses frites avant de froncer les sourcils en réalisant son geste qu'il nous reprochait lui-même, nous faisant repartir à rire.

-On ne dira rien à ta maman mon poussin, ne t'en fais pas, le charriais-je à mon tour.

-Allez vous faire foutre, ronchonne-t-il dans une moue enfantine.

Thomas s'amuse à le consoler en lui caressant la tête, se faisant sèchement repousser, tandis que Sébastien me donne un coup de coude.

-Ta copine l'infirmière sexy à dix heures.

Mon cœur marque brusquement une pause quand je tourne la tête vers Alizée, qui semble chercher quelqu'un, debout au milieu du réfectoire, son plateau entre les mains. Et bizarrement, c'est sur moi qu'elle s'arrête. Un léger rictus nait sur ses lèvres, ne me présageant rien de bon.

-Pas la peine de répliquer, je l'ai mérité, prévenais-je les gars en anticipant la suite.

Ils se retournent à leur tour sur Alizée qui s'avance fièrement vers nous, avant de déverser l'intégralité de son assiette dans mes cheveux sans que je ne bouge d'un cil. Voyant Thomas se pincer les lèvres pour ne pas rire et Quentin écarquiller les yeux, tandis que Sébastien se décale légèrement de moi pour ne pas être touché par les restes de nourritures qui tombent de mes épaules.

Vengeance ou sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant