Chapitre 13. Mathieu

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Samedi.

-Franchement, s'attaquer à ma bagnole, c'est petit de sa part, grommelais-je en brossant frénétiquement mon pare-brise dans une station de lavage. Et puis il fallait voir comment on me regardait sur le campus ! Sérieux, elle abuse.

-Je ne trouve pas, commente Thomas en crachant de la fumée, nonchalamment appuyé contre une portière. On a que ce qu'on mérite.

-T'es de quel côté toi déjà ? le sermonnais-je.

-Moi je trouve qu'il a raison, t'as cherché quand même, argumente Quentin en me tendant le seau d'eau, dans une grimace désolée.

-Merci les mecs, vous êtes d'un grand soutien, ironisais-je en les fusillant doucement du regard.

-Tu l'as dit toi-même que t'avais mérité ces représailles, on est juste d'accord avec toi, se défend Sébastien, paresseusement assit sur le capot.

-Vous pourriez quand même faire semblant d'être un peu plus compatissants, j'ai des putains de paillettes collées à ma caisse !

Je grogne en réimbibant ma carrosserie de produit nettoyant pour la cinquième fois, et me remets à frotter de plus belle dans des gestes irrités.

-Si j'étais à sa place, j'aurais directement crevé tes pneus, estimes-toi heureux de n'avoir eu qu'une simple insulte en paillettes argentées, relance Thomas en jetant son mégot.

-Et un foutu doigt d'honneur magistral qui se voyait à trois kilomètres, lui rappelais-je ardemment.

Il détourne le regard en haussant nonchalamment les épaules.

-Et si tu crois qu'elle va s'en tenir à si peu, tu te goures complètement. Ce n'est que le début, elle va prendre un malin plaisir à me faire la misère.

-Je l'ai trouvé vachement réussi son doigt d'honneur, croit important de souligner Quentin.

-Ouais, moi aussi, lui répond Thomas.

Je jette lourdement ma brosse dans le seau, agacé, éclaboussant Quentin qui fait un bond en arrière.

-Hé ! Mon jean enfoiré, c'est un cadeau de ma mère !

-Vous me faites chier, ok ? pestais-je. J'ai compris, j'ai merdé et vous lui donnez raison, je suis un débile profond et elle est trop bien pour moi. Ça vous va ? Je le sais alors foutez-moi la paix un peu !

Je récupère le seau et m'éloigne jusqu'au robinet à disposition pour changer l'eau, tandis qu'ils s'échangent un regard silencieux, les sourcils froncés. Je soupire en secouant blasement la tête, puis regagne mon coffre quelques minutes plus tard pour reprendre mon lavage intensif sans leur donner la moindre attention.

-On n'a jamais dit que tu n'étais pas assez bien pour elle vieux... relance timidement Sébastien.

-Ouais, on voulait seulement dire que son comportement est justifiable parce que c'est vrai, t'as carrément fait ton connard hypocrite, réplique Quentin en réhaussant vaguement une épaule, alors qu'on plante tous les trois notre regard sur lui. Quoi ? J'ai dit une connerie ?

-Boucles-là, tu t'enfonces mec, lui signale Sébastien en décidant visiblement de se rendre utile, me rejoignant face au coffre après avoir attrapé une deuxième brosse. T'as merdé, ok. Mais ce n'est pas aussi grave que ça en a l'air.

-Ah non ? pouffais-je cyniquement. Je l'ai laissé m'avouer ses sentiments et m'embrasser avant de lui faire croire que je ne ressentais plus rien pour elle. Sans compter toutes les horreurs que je lui ait dites.

Vengeance ou sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant