Lundi
Je ne pensais vraiment pas être à la hauteur. J'imaginais que ma ténacité à lui tenir tête finirait par s'évaporer lâchement, trop faible face à mes sentiments pour elle indétrônable qui finiraient par m'affaiblir. Mais j'avais torts, j'y arrive. Même si elle reprend vite le contrôle d'elle-même et démasque chacune de mes tentatives, je suis tout de même parvenu à la déstabiliser quelques fois. Seulement pendant de courts instants avant qu'elle ne me coupe l'herbe sous le pieds, mais je les aient tout de même largement savourés. Pour une raison qui m'échappe encore d'ailleurs, parce que lui faire baisser sa garde détient carrément d'une prouesse, à croire que ses compétences inhumaines à rester toujours impartial sur ses émotions se sont ramollies ces trois dernières années.
Le problème, c'est que toutes mes tentatives finissent par se retourner contre moi. Comme cette idée brillante que j'ai eu de vouloir l'obliger à se mettre à nue devant moi, littéralement, dans le seul but qu'elle ressente la même humiliation que j'ai éprouvé alors que j'avais, enfin, après dix ans, trouvé le courage de lui parler à cœur ouvert. Résultat des courses, son corps sublimement courbé que j'ai à peine eu le temps d'admirer mais qui ne quitte plus une foutue seconde de mes pensées. Et ça, ça me distrait beaucoup trop pour que je puisse envisager de rivaliser à la prochaine manche, qu'elle lancera surement la première si je ne la devance pas. Et ça aussi, c'est mauvais signe pour moi. Pas question de lui laisser un temps d'avance, je me ferais bouffer tout cru.
-On va se boire une bière alors ? m'interroge Quentin, alors qu'on signe la fin des cours pour aujourd'hui.
-Sans moi, refusais-je en cherchant discrètement un visage familier dans la foule d'étudiants amassés sur le parking.
-Pourquoi ? T'as encore un repas de famille peut-être ? rétorque Thomas en haussant un sourcil dans ma direction, semblant avoir compris que cette excuse pour Samedi soir n'en n'était qu'une.
-J'ai déjà quelque chose de prévu, mentis-je en trouvant celle que je cherchais.
Bien évidemment, ça n'échappe pas à mes trois meilleurs amis, qui se lancent un regard silencieux avant de secouer la tête en chœur.
-Gardez vos commentaires pour vous, les prévenais-je en leur serrant rapidement la main avant de rejoindre ma voiture, sans perdre de vue celle qui doit déjà préparer son prochain coup.
Elle boite légèrement jusqu'à l'abris de bus, se pavanant dans sa mini-jupe qu'un groupe de mecs adossés à une bagnole ne manque pas de contempler.
Et revoilà ce vieux sentiment enfouit depuis longtemps, qui ressurgit à nouveau malgré-moi ; cette foutue jalousie qui fait bouillir mon sang.
-Alizée ? l'appelais-je sèchement depuis ma voiture.
Surprise, elle sursaute avant de me chercher du regard, puis fronce les sourcils quand je lui fais signe de me rejoindre. Ce qu'elle fait après avoir hésité un moment, en observant les alentours comme si elle pouvait y trouver un avertissement quant à mon nouveau plan d'attaque. Sauf qu'en réalité, je n'en n'ai aucun, si ce n'est d'empêcher des pauvres types de loucher sur son parfait petit cul.
-Qu'est-ce que tu me veux ? me demande-t-elle, sur la défensive, les bras croisés sur sa poitrine.
-Je te ramène chez toi.
Sans lui laisser l'opportunité de parlementer ou même de refuser, je m'installe derrière le volant et lui ouvre la portière passagère de l'intérieur. Mais cette chieuse de bouge pas. Elle reste plantée devant mon capot, les bras toujours serrés contre elle, un sourcil relevé. M'obligeant à descendre ma fenêtre et insister, au risque qu'elle pense que je tiens réellement à être simplement bienveillant en la raccompagnant.
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Vengeance ou sentiments.
RomanceDix ans les ont uni, un malentendu les ont séparé, trois années les ont éloigné. Quand Alizée Boisié, la reine des garces et celle qui lui a brisé le coeur, revient en ville pour étudier dans la même Fac de Médecine que la sienne, Mathieu Leroi se...