Chapitre 16. Mathieu

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Jeudi.

-Je ne comprends pas, répète Quentin pour la troisième fois du déjeuner. 

En chœur avec Thomas assit à mes côtés, je lève les yeux au ciel.

-Non sérieux, se plaint-il en avalant une bouchée d'haricots verts. Si je résume ; tu lui avais fait croire que tu ne l'aimais plus, puis tu lui as finalement dit que c'était pas vrai en t'excusant de l'avoir blessée, elle t'a pardonné en te sautant dessus, vous avez couchés ensemble et depuis, silence radio ? résume-t-il à la perfection, rendant cette histoire encore plus déroutante dite à voix haute. T'es peut-être juste un mauvais coup, tu lui as demandé ?

Blasé, sous le rire moqueur de Thomas qui hausse les épaules sans le contredire, je relâche mes couverts en soupirant.

-Je ne sais même pas pourquoi est-ce que je suis ami avec vous, vous êtes d'une inutilité accablante, me plaignais-je.

-Salut les enfants ! nous rejoint joyeusement Sébastien en s'installant en face de moi, et de ma mine dépitée qu'il étudie en arquant un sourcil. C'est quoi cette tête ? Qui est mort ?

-Quelqu'un est mort ? s'affole brusquement Quentin.

En maudissant le jour où j'ai rencontré ces trois crétins, j'enfonce dramatiquement ma tête dans mes bras et m'affale sur la table du self. 

-Personne n'est mort, le rassure Thomas dans un rire continu agaçant, m'assénant une frappe dans le dos quand je me redresse mollement. Math a conclu avec l'infirmière sexy et maintenant, elle l'évite, explique-t-il à Sébastien. 

-C'est pas vrai ? Bien joué mon pote !

N'ayant visiblement strictement rien compris, il me tend son poing pour que je cogne le mien dedans dans un large sourire.

-C'est de naissance ou t'entretiens quotidiennement ta débilité pour devenir un peu plus con au fil des jours ? lui demandais-je. On t'a dit qu'elle m'évitait depuis, il n'y a pas de quoi se réjouir abruti !

Dans une grimace de pénitence, il fait lentement retomber sa main dans le vide.

-Tu sais pourquoi est-ce qu'elle t'évite ? me questionne-t-il.

-Ouais Seb, je le sais, bien sûr. C'est d'ailleurs pour ça que je suis là, désespéré au point de demander l'avis à trois guignols comme vous, ironisais-je sèchement.

-T'es vraiment vexant parfois, tu devrais apprendre à canaliser ta colère, me réprimande Quentin.

-Vous savez quoi ? Vous me faites chier les mecs ! 

Je récupère violement mon plateau et me relève en jurant entre mes dents, comprenant que de toute façon, je n'obtiendrai aucune aide de leur part.

-Math ? me rappelle Thomas d'un ton rieur, alors que je m'éloignais au pas de course.

Dans un inlassable soupir las, je m'arrête pour leur refaire face sans masquer mon agacement.

-Tu sais où elle habite, non ? m'interroge-t-il.

-Hmm, oui, pourquoi ?

-Elle aura du mal à t'éviter si tu la coinces directement chez elle...

-Ah... Ouais, pas con... Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ?

-Parce que c'est moi le cerveau de la bande, guignol, me renvoi-t-il avec un clin d'œil amical.

Vengeance ou sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant