Chapitre 23. Alizée

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Samedi.

-Lâche-là, m'ordonne Mathieu dans mon dos.

Son ton ferme et totalement froid me force à obéir, sachant déjà que je vais regretter d'avoir agis par la violence, ce qu'il a toujours détesté.

Sauf que quand on a l'apparence d'une gamine sans défense que tout le monde croit faible et facilement attaquable, il n'y a pas trente-six façon de se faire entendre et respecter. Et jusqu'à aujourd'hui, c'est la seule manière assez efficace que j'ai trouvé pour y parvenir. Ce qui m'a valu de nombreux passages aux urgences et commissariat dans mon adolescence, au grand dam de mes parents.

La pétasse pleurnicharde profite de sa liberté pour courir se réfugier je ne sais où. C'est seulement quand je me tourne en pensant faire face à mon meilleur ami en colère et déçu, que je réalise qu'on à bien plus de spectateurs que je ne le croyais. Tous les invités sont entassés dans l'entrée, leurs regards accusateurs, certain horrifiés, rivés sur moi.

-Il faut te faire soigner, t'es complètement cinglée ! me lance la blonde en semblant avoir retrouvé son courage maintenant qu'elle n'est plus seule, et qu'une fille lui caresse dramatiquement la tête en la serrant dans ses bras. 

-Pitié, ne joue pas les victimes avec moi chérie, c'est pathétique, riais-je méchamment.

-Dehors, me coupe sèchement Mathieu. Maintenant Alizée.

Seulement parce que je sais qu'il est à deux doigts de perdre son sang-froid, et qu'il est hors de question qu'on ait la dispute qui m'attend devant tout le monde, je fusille une dernière fois la pleurnicharde du regard et quitte la maison.

Je marche d'un pas vif jusqu'à la voiture de Mathieu garée bien plus loin, faute de place dans ce foutu quartier pavillonnaire, sans entendre personne me suivre. Curieusement.

C'est seulement quelques minutes d'attentes pénibles plus tard que je le vois enfin venir jusqu'à moi. A sa démarche et sa mâchoire durement tracée décelable même sous les faibles éclairages de la ruelle, je comprends qu'il est autant en colère que je le suis toujours.

-Je te laisse deux minutes pour t'expliquer, me dit-il froidement en posant mon sac et mon manteau sur son capot conte lequel je suis appuyée, ayant visiblement pris soin de les récupérer avant de quitter la fête, sûrement en s'excusant pour le désordre que j'ai causé.

-D'une, ne me décrédibilise plus jamais de cette façon devant qui que ce soit, le prévenais-je durement. Et secundo, m'expliquer sur quoi exactement ? Cette salope méritait largement une bonne raclée.

-Et en quel honneur putain ? s'autorise-t-il finalement à hausser le ton, maintenant qu'on est seuls.

Je détourne le regard sans masquer mon air renfrogné en croisant les bras sur ma poitrine.

-Il y a d'autre façon de se faire entendre qu'en intimidants les gens ou en les frappants !

-Les frapper, répétais-je en soufflant un rire désabusé. Ça va, je lui ait simplement tiré un peu les cheveux Mathi, c'est elle qui en fait des caisses.

-Non, t'as fait ce que t'as toujours fait, tu l'as humilié et menacé pour lui montrer que c'était toi qui faisait la loi ! m'engueule-t-il. Mais t'en avais aucun droit, elle ne t'avait rien fait, c'est moi qu'elle a pris pour un con !

-Toi ou moi, c'est la même chose ! renchéris-je tout aussi sèchement que lui. Il est hors de question que je laisse une pétasse décolorée ou qui que ce soit croire qu'il peut s'en prendre à toi, encore moins sans en payer les conséquences !

Vengeance ou sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant