Chapitre 18

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PDV Bianca


Je m'assis sur le divan à côté de Charlize tandis que Maxence se tenait devant nous. Il avait l'air gêné et se tenait sur un pied, puis sur l'autre, ce qui lui donnait un peu l'air d'un enfant. Il n'osait pas parler, alors je décidai de l'encourager.

« Maxence, qu'est-ce qu'y a?

— Euh... ben je... j'ai une surprise pour vous, en fait... »

Je retins un soupir, moi qui détestais les surprises. Il ne pouvait pas le savoir, bien sûr, puisque je ne lui avais jamais dit. J'étais nerveuse pour la suite et je sentais le regard de Charlize sur moi.

« Quoi? » demandai-je finalement, voyant qu'il n'ajoutait rien.

Il fouilla dans la poche arrière de son jean pour en sortir des billets.

« On part pour Nîmes demain! annonça-t-il fièrement. On ira chez mes parents et vous pourrez assister au concert depuis les coulisses... »

Je ne l'écoutais plus, il ne pouvait pas être sérieux...

« Maxence... »

Il se tut et en me regardant, son sourire s'évanouit.

« Je peux pas faire ça », lui dis-je, tout en ayant conscience de lui faire du mal.

Son visage se décomposa.

« Pourquoi?

— T'aurais dû m'en parler avant... Je vais te rembourser les billets, mais... »

Ma voix se brisa, il avait vraiment l'air triste.

« Tu veux pas me voir sur scène? » interrogea-t-il en me regardant avec ses grands yeux où des larmes commençaient à se former.

Je fuis son regard, sentant que je ne tarderais pas à pleurer moi aussi si je le voyais.

« C'est pas ça... répondis-je.

— Tu veux pas rencontrer mes parents, alors? »

J'ouvris la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit.

« Putain Bianca! » s'exclama-t-il, ce qui me fit sursauter.

Je croisai son regard et je sentis aussitôt des larmes me monter aux yeux.

« Je suis quoi pour toi, en fait? continua-t-il.

— Je... je sais pas, Maxence... avouai-je. Je pars dans quelques mois, tu pensais quand même pas...?

— Je suis qu'un plan cul, c'est ça? »

Il commença à s'éloigner pour sortir, mais je me levai pour le suivre.

« Tu sais que c'est pas juste ça, voyons! »

Il se retourna vers moi.

« Alors je suis quoi? »

J'eus une seconde d'hésitation, une seconde de trop et il claqua la porte. Je fondis en larmes et retournai auprès de Charlize, qui avait assisté à toute la scène, impuissante. Elle ne dit rien, je m'allongeai, avec ma tête sur ses cuisses et elle me caressa les cheveux pendant presque une heure, jusqu'à ce que je sois enfin calmée.

« Vu que t'as fini de pleurer, je peux dire ce que je pense? » me demanda-t-elle.

J'esquissai un petit sourire, sachant qu'elle s'apprêtait à me faire un de ses speechs en me disant mes quatre vérités. C'était souvent difficile à entendre, mais au final, ça faisait toujours du bien.

« Vas-y, je le mérite bien...

— Bon, pour commencer, ça fait combien de temps que tu vois Maxence ?

— Depuis dimanche passé...

— Et tu reste déjà avec lui?

— Pas vraiment... ben un peu, mais non. »

Elle rit doucement.

« Ok, depuis mercredi on habite ici tous les deux, mais c'est pas officiel, ça juste tombé comme ça.

— Bon... pis vous avez fait quoi depuis mercredi?

— On a écrit beaucoup, on a discuté, on a fait à manger... lui aussi il est végétarien. On a fait l'amour aussi...

— Ah, tu dis "fait l'amour" donc c'est pas un "plan cul" comme il a dit ?

— Ben non, c'est plus que ça!

— Pourquoi tu y'as pas dit!?

— J'ai essayé! »

Elle me fixa un moment et j'en profitai pour me redresser et m'asseoir normalement.

« Pourquoi tu veux pas rencontrer ses parents ?

— Parce que... Je suis ici juste pour quelques mois pis si on fait comme si on était ensembles pour de vrai, ça va me faire trop mal quand je vais partir. »

J'avais répondu sans trop réfléchir et c'était la pure vérité. Je sentis de nouvelles larmes me monter aux yeux.

« Tu devrais pas en profiter le plus possible, à la place ?

— Je sais pas, Charlize... J'ai déjà tellement eut mal à cause de l'amour... »

Le silence s'installa. Elle savait à quoi je faisais allusion, même si on en parlait jamais.

« C'est pas comme avec l'autre. Il t'aime Maxence, ça se voit. Pis ça vraiment l'air d'être un gars bien.

— Qu'est-ce qui te fais dire qu'il m'aime ?

— Ben là, t'es conne ou quoi ? Le gars arrive avec trois billets de train parce qu'il veut que tu rencontre ses parents, sans t'empêcher de passer du temps avec ta meilleure amie...

— Ouais, ok... Peut-être.

— Bon... Maintenant, ce qu'il faut que tu saches, c'est si toi tu l'aime. »

Je savais ce que j'avais envie de répondre, mais j'avais également peur de trop souffrir si je le disais à voix haute.

« Faut que je réfléchisse...

— En même temps, ça serait bien que tu te décide avant demain matin... »

Entre le peu de sommeil que j'avais eu durant la nuit, la gueule de bois et la dispute, j'étais complètement épuisée. Puis, dormir m'avait toujours aidé à y voir plus clair. Je me rendis dans la chambre, pris l'un des pulls de Maxence dans l'armoire pour l'enfiler et allai me coucher, même si on était en début d'après-midi.

***

Lorsque je me réveillai, en milieu de soirée, je savais exactement ce que je voulais faire. Je me levai, me sentant vraiment bien et retrouvai Charlize dans la cuisine, qui faisait à manger.

« J'ai un plan, annonçai-je, en souriant de toutes mes dents.

— Oh, j'aime ça », répondit-elle, elle aussi tout sourire.

Je m'assis à la table pour lui expliquer ce que je voulais que nous fassions.

Une amitié brisée (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant