Chapitre 6 : Götz Von Berlichingen

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Mon sommeil et mes rêves s'émiettent en un instant, alors que je me réveille en sursaut dans mon lit, celui de ma chambre, à l'hôpital.
 C'est Madame Perez qui m'a secoué en répétant mon nom.
Je constate qu'il fait jour, mais il est probablement très tôt, on dirait que l'aube vient à peindre de poindre.


« Vous devez partir d'ici », déclare-t-elle péremptoirement.


Je suis abasourdi, paniqué, je ne comprends rien. Elle me jette mes habits à la figure en m'ordonnant de les mettre, ce que je fais sans même réfléchir, habitué que je suis à suivre les consignes, comme un chien de Pavlov.


« Qu'est-ce qui se passe ? balbutié-je.

- Les militaires assurent l'ordre par le vide. Ils exécutent les patients de l'aile psychiatrique. Enfilez ça, on n'a pas beaucoup de temps. »


Je reste sans voix. Est-ce qu'elle vient réellement de prononcer le verbe exécuter ? 
Elle retire sa blouse et me l'enfile de force, sans que je puisse rien faire, et la boutonne pour moi comme si j'étais un enfant. C'est une petite femme, mais je suis moi-même un homme pas bien grand, elle me va donc parfaitement. Mon œil accroche le badge désormais épinglé sur ma poitrine, libellé M. Perez.
 Je me souviens de ce qu'elle a dit au directeur la veille. Si on lui collait votre blouse, on pourrait bien le prendre pour vous. L'infirmière fourre dans l'une des poches un trousseau de clés, et une carte d'accès magnétique.


« Ils renvoient les membres du personnel chez eux. Partez et allez où vous voulez.

- Madame Perez...

- Et discutez pas.

- Mais vous venez avec moi ?

- Non. Je vais essayer de faire sortir le plus de patients possible. Enfin... ceux qui peuvent sortir.

- Vous estimez que je peux sortir ? demandé-je, hébété.

- Personnellement, je pense que vous êtes moins dangereux que ce qui se trouve dehors en ce moment. »


Cette dernière phrase me glace.

« Il faut que je téléphone ! Il faut que je retrouve ma sœur ! Mes amis ! » m'écriai-je.

Madame Perez me lance un étrange regard.

« Jon... je suis sûre que vous allez les retrouver très vite. Ne vous inquiétez pas pour ça. »


Cette affirmation me rassure un peu. La petite femme me fait enfiler mes chaussures rapidement et me traine dans le couloir.


« Bon, maintenant, faites moi le plaisir de ficher le camp. »

J'aimerais lui dire merci, lui poser d'autres questions, mais je suis trop bouleversé pour formuler la moindre parole.

« Dites, reprend-elle. Votre ami, là, celui qui est violent...

- Charly ?

- C'est ça. Quand vous serez à nouveau avec lui... »

Le regard de l'infirmière me transperce de part en part.

« Faites ce qu'il vous dit. »

.

Je marche le long des couloirs de l'hôpital, en m'efforçant de conserver un pas normal, et de ne pas trahir la terreur qui m'habite. 
Quelques secondes plus tôt, j'ai croisé deux militaires, et l'un d'entre eux a immédiatement braqué son arme sur moi. J'ai cru mourir de peur. Jamais au cours de ma vie personne n'a pointé une arme à feu sur moi. J'ai cru qu'il allait tirer. Mais son camarade l'a retenu, et ils se sont avancé vers moi, ont regardé mon badge, l'un d'entre eux l'a même pris entre ses doigts.
 J'ai essayé de toutes mes forces d'avoir l'air d'un infirmier qui s'appelle M. Perez, et pas un patient de l'aile psychiatrique en train de s'évader, surtout pas. Et ça a fonctionné. Ils m'ont ordonné de quitter l'hôpital, sans la moindre courtoisie, et j'ai hoché la tête.

Nous nous sommes croisés, moi allant vers l'aile médicale, puis la sortie, eux allant vers le bâtiment psychiatrique. L'un d'entre eux avait à la main une carte magnétique d'accès, la même que celle que j'ai dans la poche.

L'étoile qui commence et termine la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant