Chapitre 9 : Par la main

44 5 33
                                    


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


C'est le mois d'octobre.

Trois mois depuis le début de la fin du monde, et nous avons passé ces mois à vagabonder, avec des hauts et des bas, sans savoir précisément où aller.

Aujourd'hui, nous nous sommes arrêtés dans ce petit coin de forêt qui borde la route pour profiter un peu du soleil, et faire une lessive.
Nous avons fait un feu de camp, sur lequel chauffe de l'eau, et je me réjouis de pouvoir bientôt boire du thé.


Tandis que je lave quelques vêtements dans une bassine, que Charly, appuyé contre un tronc d'arbre, surveille les environs dans une fausse nonchalance, et que Madame Hermann lit un livre, Dani batifole gaiement, heureuse de profiter de la nature.
 Elle est adorable, avec son petit manteau rouge et son bonnet en laine blanche qui se découpent sur le tapis jaune mordoré des feuilles mortes. C'est un tableau magnifique, je m'assure que ma mémoire le peigne dans ses moindres détails.


Il ne fait pas trop froid, le soleil réchauffe encore les après-midis, et la splendeur du paysage automnal nous ferait presque oublier la peur et les dangers de ce nouveau monde.


C'est la saison de l'abondance. Partout en ce moment nous trouvons des arbres débordants de fruits, que personne n'a récolté. Des potagers ont continué à se développer en l'absence des jardiniers, et les légumes désormais trop gros n'attendent que d'être ramassés.

J'aurais cru que la fin du monde serait automatiquement synonyme de famine mais, en cette saison, c'est l'inverse : nous avons même trop à manger. C'en est d'ailleurs frustrant. En l'absence de frigo et d'habitation fixe, nous sommes forcés de beaucoup jeter, et nous ne pouvons rien stocker en prévision de l'hiver. C'est un crève-cœur que de devoir laisser derrière nous d'énormes citrouilles, des montagnes de poires et de pommes, des forêts de haricots... tout ça parce que notre coffre et nos estomacs sont déjà remplis.

Néanmoins, Madame Hermann a eu l'excellente idée de nous enjoindre à mettre de côté au fur et à mesure les graines des légumes que nous mangeons, puis de les faire sécher, afin de les conserver jusqu'à la saison prochaine. Ainsi, prévoit-elle, l'hiver sera dur, mais si nous parvenons à trouver un endroit vraiment sûr d'ici le printemps, un endroit où nous pourrons nous établir durablement, il nous sera possible de commencer immédiatement à planter notre futur potager.

Charly a ronchonné en déclarant qu'il n'avait pas l'intention de devenir un putain de fermier, et Dani a été ravie à l'idée de faire du jardinage pour la première fois. Quant à moi, je ne peux qu'être admiratif devant l'intelligence et l'optimisme de notre vieille amie, qui, quelles que soient les circonstances, parvient toujours à garder la tête froide.

Reste à trouver un endroit sûr.

En attendant, nous mangeons ce que nous trouvons, et évitons les villes comme la peste. 
Charly a bien réussi à me persuader une ou deux fois d'aller piller des supermarchés ou des boutiques pour trouver de la nourriture non périssable, mais contrairement à lui, ces missions me terrorisent. Ces endroits sont toujours remplis de cadavres ambulants, que nous sommes obligés d'affronter.
Trop souvent, nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe – à cause de ma maladresse et de ma trouille, selon Charly, à cause de son inconscience et son imprévoyance, selon moi.

Je ne veux plus m'approcher des commerces, désormais, c'est bien trop dangereux. Piller les habitations isolées, les vergers et les jardins potagers suffit pour l'instant à nous nourrir.



L'étoile qui commence et termine la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant