J'ouvre les yeux, et c'est un réveil pénible.
Il fait sombre, j'ai très mal à la tête. J'ai une légère nausée. Je suis apparemment dans un lit, et, lorsque je me tourne, je découvre Madame Hermann assise près de moi.
Je me demande d'abord ce qu'elle fait là. Puis je me souviens. Mes pensées se réorganisent. Cinq semaines depuis ma sortie imprévue de l'hôpital, depuis le début de la fin du monde. Cinq semaines d'errance, de doute, de fatigue. Cinq semaines réuni avec ma famille, belles et terribles semaines.
La mort et les cadavres, l'arrêt de mes médicaments, les migraines à nouveau, Danica qui fait des cauchemars, Charly qui défonce des crânes, notre survie qui s'organise.Aujourd'hui encore, une migraine, mais également une ferme vide, providentielle. On dirait qu'il fait nuit. Je me redresse péniblement, mes oreilles bourdonnent comme s'il y avait un essaim d'insectes dans la chambre.
« Bonjour, Jon. Vous vous sentez un peu mieux ?
- J'ai dormi... longtemps ?
- Quelques heures. Ça fait toujours aussi mal ?
- Un peu moins. »Elle verse un verre d'eau, qu'elle me tend. Je me redresse prudemment.
« Vous êtes restée ici tout ce temps ?
- Je lisais, déclare-t-elle en guise d'explication.
- Où sont les autres ?
- En bas. Dani prend un bain. »
En tendant l'oreille, j'entends des cris et des rires étouffés, ceux de ma sœur et de Charly. Je me lève prudemment.
« Vous ne préférez pas rester allongé ? me questionne mon amie.
- Ça va. Je préfère être avec vous. »Descendre l'escalier est une épreuve en soi, je le fais prudemment, la main sur la rampe. J'ai mal à l'estomac. La migraine m'a probablement fait vomir plusieurs fois depuis son éclosion, je ne me rappelle plus très clairement, mes souvenirs sont flous.
J'entre dans un salon en désordre, éclairé à la bougie. Il y règne une atmosphère surchauffée, et presque étouffante d'humidité, une véritable étuve. Un fourneau à bois est allumé, et tourne à pleine puissance. Sur ce dernier, plusieurs grosses gamelles remplies d'eau bouillantes exhalent de la vapeur.
Au milieu de la pièce, se trouve une sorte de grande bassine, pleine d'eau, que je devine très chaude. Là-dedans, ma petite sœur, nue comme un ver, les cheveux mouillés collés au corps, s'ébat joyeusement, en compagnie d'un Charly agenouillé à côté de la baignoire improvisée, habillé mais à moitié trempé.
Ils s'éclaboussent en rigolant, et ont projeté de l'eau partout sur le plancher.
Difficile de dire lequel des deux s'amuse le plus, ni lequel des deux est censé avoir cinq ans.Mais mon arrivée dans la pièce met fin spontanément aux réjouissances. J'ai un pincement au cœur à l'idée de gâcher leur moment de jeu, mais même ma petite sœur, malgré son très jeune âge, sait à quel point le bruit me fait souffrir lors de mes crises.
« Hey, salut vieux, me lance Charly ? Ça va ?
- Mieux.
- Tu manges un bout ? On t'en a gardé.
- Vaut mieux pas. »Je remarque une horloge au mur. Il est bientôt dix heures. C'est franchement tard pour Dani.
« Elle a fait une grosse sieste, se justifie Charly qui a suivi mon regard. Et puis j'ai pas mal galéré pour allumer c'fourneau d'merde.
- Pas de souci, le tranquillisé-je.
- Tu veux prendre la suite ? » me questionne-t-il.
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L'étoile qui commence et termine la nuit
FanfictionHomme doux et anxieux, Jon est bien plus doué pour préparer le thé et s'occuper de sa petite sœur que pour la survie, mais sa rencontre avec une inconnue blessée armée d'un sabre va venir perturber sa tranquillité. Et peut-être même le forcer à affr...