Chapitre 7 : Tuer les morts, garder les vivants en vie

73 7 46
                                    


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Il ne nous a pas été possible de prendre une sortie d'autoroute, elles étaient toutes fermées, soit gardées par des militaires, soit bouchées par des files de voitures interminables, sur tout le chemin. Nous avons même été forcés de pousser jusqu'à Atlanta. La circulation sur l'autoroute est incroyablement pénible, je n'ai jamais vu autant de monde. Fréquemment, nous avons été pris dans des ralentissements ou des bouchons. Les conducteurs sont très nerveux, et, la fatigue aidant, des carambolages se sont succédé tout au long de la journée, nous avons croisés de nombreux véhicules accidentés, mais pas la moindre ambulance ni véhicule de police.


Dani s'est endormie un long moment dans les bras de Charly, Madame Hermann a somnolé un peu, son siège baissé vers l'arrière. J'ai continué à conduire. Mon ami m'a tenu compagnie, et a bavardé avec moi tout le long, joyeux et volubile. Il ne semble pas du tout se rendre compte de la gravité de la situation, ce qui semble le plus le marquer aujourd'hui, ce sont nos retrouvailles, qui le remplissent de joie.
Plusieurs fois, il a répété que je lui ai manqué. Que je leur ai manqué à tous les trois.


Au bout d'un moment, il m'a passé ma sœur, toujours endormie. La tenir contre moi fut l'un des moments les plus heureux de toute mon existence. Je croyais ne plus jamais la revoir, et voilà que nous étions réunis. Ma petite sœur. Ma famille.

Comment ne pas être tenté de remercier la fin du monde ?

Nous avons été forcés de nous arrêter sur une aire d'autoroute bondée et de faire la queue durant plus d'une heure pour de l'essence. Ces voleurs profitent de la situation pour vendre le carburant à des prix exorbitants, plus de dix fois leur valeur. L'essence va ainsi au plus offrant, à celui qui crie le plus fort, joue des coudes le plus violemment, et brandit le plus d'argent liquide – seul moyen de paiement désormais accepté. 

Partout sur l'aire, des véhicules ne peuvent plus repartir, faute de carburant, et leurs passagers errent, anxieux, désespérés, réduits à mendier, à tenter de vendre leurs objets personnels.

Je me suis rendu compte avec angoisse que je n'avais pas mon portefeuille sur moi. Mais Charly a résolu le problème. Il nous a dit de l'attendre, et est parti, sans le moindre argent pour payer. Un quart d'heure plus tard, il revenait avec un plein bidon. Je n'ai pas osé lui demander comment il l'avait obtenu. Mieux vaut ne pas savoir.

Entre temps, Madame Hermann et moi avons trouvé quelques dollars dans le vide-poches de la voiture, que nous avons troqué contre un peu de nourriture : une bouteille d'eau et un paquet de cookies, que ma sœur a pu manger.

À la fin de cette bizarre et épuisante journée, c'est le dos douloureux, affligé d'une légère migraine, et avec un seul cookie dans le ventre depuis la veille, que j'ai dû me résoudre à m'arrêter au bord de la route, dans un recoin de forêt où les gens ont improvisé une aire de repos. Plusieurs dizaines de voitures sont garées parmi les arbres.


La nuit est tombée. Nous sommes très proches d'Atlanta, on peut apercevoir la ville de l'autre côté du petit bois, en contrebas, à à peine quelques kilomètres. 
Certaines personnes ont allumé des feux, ceux qui le peuvent mangent, des familles passent le temps comme elles peuvent, des enfants jouent, des petits groupes de gens discutent, plusieurs prient, tout le monde s'inquiète.

Chacun reste à l'affût de la radio, mais aucune nouvelle ne nous est parvenue depuis longtemps, les chaînes d'information ne font que répéter les mêmes choses en boucle.



L'étoile qui commence et termine la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant