Chapitre 16 : Ce qui n'existe pas

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Holy shit, on est vendredi ! :)

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« Réveille-toi, Beruška, réveille-toi. »

Malgré mon ton chuchotant, il y a de l'urgence dans ma voix. Pourtant, ma sœur peine à se réveiller. Elle cligne des paupières, frotte ses petites menottes contre ses yeux.

« Quoi ? marmonne-t-elle, bougonne.

- Réveille-toi vite. »

Elle bâille, peu réceptive à mon empressement.


Ces derniers mois, nous avons dû nous enfuir au beau milieu de la nuit d'innombrables fois, passant souvent à un cheveu de la catastrophe, et pourtant jamais Danica n'a acquis notre capacité à se réveiller en panique.
Charly, Madame Hermann et moi-même avons oublié comment dormir normalement, le sommeil n'est plus qu'un assoupissement anxieux où nos sens restent aux aguets, où nous sommes prêts à bondir au moindre bruit. Ma sœur, par contre, reste la marmotte imperturbable qu'elle a toujours été. Je ne compte plus les fois où nous avons pris la poudre d'escampette en l'emportant à moitié réveillée, sans qu'elle se rende seulement compte du danger.

Je l'envie.

« Je veux pas me lever, c'est encore la nuit », se lamente-t-elle.

La mauvaise grâce de Dani au réveil a un petit côté vraiment comique.

« C'est pour une surprise, mais il ne faut pas faire de bruit, d'accord ? Super silence. »


Je mets un doigt sur mes lèvres, et elle répète le geste par réflexe. C'est notre code, elle sait ce que ça veut dire, pas le moindre son. Super silence.


Je la soulève avec la couverture autour d'elle. Pas le temps pour l'habiller, et il fait froid dehors.

La neige tient bon depuis une semaine, et nous a forcé à nous arrêter dans cette ferme isolée au milieu d'un océan de champs sillonné de routes, désormais disparues sous le manteau blanc.


En silence, je traverse le couloir, puis le salon. Dans la cheminée, le feu de bois que j'ai entretenu durant mon tour de garde ronfle et crépite agréablement, diffusant une chaleur douillette. À l'étage, dans des chambres mitoyennes, Charly et Madame Hermann dorment.
Une pendule affiche quatre heures du matin. J'aurais dû réveiller mon amie pour me relayer mais je n'avais pas du tout sommeil.

Pourtant, cette nuit, ma tendance à l'insomnie s'est révélée être une chance.

Dehors, la lune est quasiment pleine, le ciel sans un nuage. Avec en plus la blancheur de la neige, le paysage est d'une clarté presque surnaturelle. Tout doucement, j'ouvre la porte d'entrée à demi, me faufilant prudemment sur le porche.


Ils sont encore là, au même endroit que lorsque je les ai laissé il y a une minute.

Ils sont cinq, dispersés à quelques mètres à peine de la maison. Ils ont creusé la neige de leurs sabots pour pouvoir dégager l'herbe en dessous, et sont occupés à brouter.

Cinq zèbres.

Ma petite sœur déroge à la règle du super silence et pousse une petite exclamation de surprise.
 Même si nous sommes au beau milieu de la nuit, je ne pouvais pas ne pas la réveiller. C'est peut-être la seule fois de sa vie qu'elle pourra en voir.

L'étoile qui commence et termine la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant