Chapitre 15 : Revolver

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Pour la première fois, la neige tombée dans la nuit a tenu, et le paysage est recouvert d'une fine pellicule blanche.
Je découvre une nouvelle forme de désert humain.
Avant, la chose qui m'avait le plus frappé, c'était l'absence totale de lumières artificielles. Les villes, les routes, les maisons, tout était plongé dans une obscurité incroyablement profonde, quelque chose que je n'avais jamais expérimenté auparavant, moi qui avais toujours vécu en milieu urbain.
On se sent vraiment seul au monde, complètement abandonné, lorsqu'on se trouve perdu au milieu de ce monde noir, abyssal.


Je suis en train de faire la même expérience avec un monde blanc.

Les routes, les trottoirs, les habitations, tout est immaculé. Pas une trace de pas, pas une marque de pneus, pas la moindre preuve d'activité humaine.
Nous marchons dans l'hiver d'un pays vide, mort, que la neige est venue recouvrir comme un linceul.


Cette vision est peut-être bien encore plus sinistre et désespérante que celle de la nuit sauvage, écrasante.


Soudain, alors que je suis perdu dans mes pensées mélancoliques, quelque chose percute l'arrière de mon crâne, s'explosant dessus. Je sursaute avec un cri, mettant une seconde à comprendre qu'il s'agit d'une boule de neige.


Derrière moi, à quelques pas, Charly part d'un éclat de rire.


« Espèce de gamin », marmonné-je en débarrassant mon bonnet et mon écharpe de la neige.


Il se marre de plus belle, déjà en train de ramasser de quoi faire une autre boule.
 Bien sûr, il n'a même pas de gants, encore moins d'écharpe ni de bonnet. Son seul changement vestimentaire pour l'hiver a été de rajouter une veste en cuir par dessus son éternel débardeur – qu'il porte d'ailleurs ouverte, ce matin-là.
Rien que regarder ce grand idiot me donne froid.


J'évite son second projectile, un peu amusé malgré moi.


« T'aimes pas la neige, espèce de rabat-joie ?

- J'aime beaucoup la neige, rétorqué-je. Mais seulement quand je la vois à travers une fenêtre, une tasse brûlante à la main, depuis une pièce idéalement chauffée.

- Petite nature. C'est génial, la neige, moi j'adore ça ! C'est super qu'elle ait enfin tenu, on va pouvoir s'éclater avec la puce. On pourra faire des rôdeurs de neige, ahahah ! »

Je suis épaté par l'insouciance de mon ami, qui ne voit dans la neige fraiche qu'une occasion de jouer, alors que moi, je n'y vois que des mauvaises nouvelles : le froid, l'humidité, les routes devenues absolument impraticables, l'impossibilité dorénavant de nous orienter correctement – on ne voit même plus la chaussée – et la garantie à partir de maintenant de ne plus rien pouvoir trouver de mangeable à l'extérieur.

Ce qui n'est pas une perspective réjouissante, car actuellement, nos réserves sont plus que maigres. C'est pourquoi ce matin-là, Charly et moi sommes en quête de vivres.

L'étoile qui commence et termine la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant