On est vendredi.... et le vendredi, c'est BASTON !
Ce chapitre est dédié à tous ceux et celles qui espéraient un véritable face à face de Michonne et Merle dans la série, et qui sont encore frustrées de ne pas l'avoir eu. Enjoy :)J'ai beaucoup de souvenirs de ma mère. Ils se ressemblent tous.
Ma mère a toujours été une personne très silencieuse, indolente, d'une pâleur maladive, et souriant rarement. Si elle avait vécu au dix-neuvième siècle, on lui aurait prêté un tempérament lymphatique, ou mélancolique.
Avec le recul, je me rends compte qu'elle était dépressive, qu'elle l'a toujours été. Je ne sais pas si elle a un jour été heureuse.Même avec ses enfants, elle paraissait toujours lointaine, un peu déphasée. Elle nous aimait pourtant, à sa façon éthérée. Je me souviens la voir poser sur nous des sourires doux, presque étonnés, comme si elle était légèrement surprise de nous trouver là, et ne savait pas trop quoi faire de nous.
Elle était la cadette d'une fratrie uniquement composée de filles. Toutes ses sœurs étaient déjà mariées, et ses parents se désespéraient de trouver un bon parti pour elle, ou même un parti tout court. La jeune fille qu'était ma mère à l'époque était considérée par ses proches comme impossible à marier. Trop émotive, disait-on, trop nerveuse, trop frêle, trop pâle, trop mélancolique et trop rêveuse, en proie à d'étranges tourments, de soudaines et inexplicables inquiétudes, sujette parfois à de violentes crises de nerfs ou de larmes... quel homme voudrait d'une pareille épouse ?
Et pourtant, contre toute attente, le miracle eut lieu lorsqu'elle rencontra celui qui deviendrait mon père.
Émigrant tchèque lui aussi, plus âgé qu'elle, héritier d'un petit groupe industriel qui lui assurait un niveau de vie plus que confortable, cet homme haut et large, puissamment bâti, grand sportif au caractère déterminé, tomba éperdument amoureux de cette toute petite ombre de femme qui lui était pourtant si mal assortie.Les parents de cette dernière la cédèrent immédiatement et avec bonheur à son futur époux, trop heureux de pouvoir enfin se débarrasser de leur Emma Bovary.
Ce bovarysme de ma mère ne devait jamais la quitter, et était voué à être une maladie héréditaire, car j'en fus frappé dès l'enfance.
De la maison familiale, inchangée depuis ma naissance jusqu'au moment où je la quittai à mes quatorze ans, j'ai des souvenirs de plafonds hauts, de lustres, de longs couloirs, de planchers en bois cirés sur lesquels il aurait été sacrilège de courir, de portes qu'il fallait sans cesse maintenir fermées, et qui ne pouvaient s'actionner qu'au moyen d'une série de claquements secs qui résonnaient invariablement dans toute l'habitation.
Oui, voilà mes souvenirs auditifs : des bruits de portes, des pas feutrés sur les planchers, des échos dans des pièces trop grandes, une demeure figée et formelle qui impose d'y parler à voix basse, et beaucoup de silence s'intercalant entre ces différents sons familiers. Si la solitude devait avoir une musique, ce serait celle-là.
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L'étoile qui commence et termine la nuit
FanfictionHomme doux et anxieux, Jon est bien plus doué pour préparer le thé et s'occuper de sa petite sœur que pour la survie, mais sa rencontre avec une inconnue blessée armée d'un sabre va venir perturber sa tranquillité. Et peut-être même le forcer à affr...