Chapitre sept - Lysander

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Alors que je m'apprête à m'endormir, une belle créature à mes cotés, j'entends un boucan inimaginable. Je me relève, les sens en alerte. La jeune femme qui dort à mes cotés, ne se réveille même pas.

Je me lève et enfile un bas de pyjama avant de sortir dans le couloir. Ma mère dans la chambre d'en face, sort aussi, les cheveux en pétards. Et on entend des voix à peine plus loin qui parlent beaucoup. J'allume la lampe alors qu'une voix, pas si inconnue, monte dans les tours.

- Je ne le vous fais pas dire, je déclare d'un ton sec.

Elles se figent comme je m'y attends. Par contre, ma jeune cousine, très surprise, se recogne violemment contre le mur et lâche un chapelet de jurons dont a horreur ma mère. Cette dernière, plisse les yeux, dénuée de maquillage et d'une humeur de sac de charbon. Demain matin, il se peut que la reine s'entretienne avec Eléanore pour lui parler du lavage de bouche avec du savon. Ça ne va certainement pas lui plaire !

 Je soupire, déjà fatigué. Mon regard glisse sur la silhouette d'Émeraude Underwood, qui est un mystère. J'ai lu son dossier, il n'y a rien que je ne sache déjà à part une seule chose qu'elle ne me dira sans doute jamais. Elle a été marié. Elle est tellement belle que ça m'aurait étonné si elle était restée célibataire. Et bien-sur, il y a deux choses qui sont vraiment tristes et qui lui sont arrivés presque en même temps.

Mais je ne veux certainement pas qu'elle pense que j'ai pitié. Je ressens un peu ce sentiment, mais j'ai surtout envie de l'aider. Mais j'attendrai qu'elle se confie d'abord à ma cousine.

Je vois ses prunelles vertes parcourir mon corps comme une coulée de lave et je souris. Je ne suis pas gêné, j'ai quelques muscles mais pas trop non. Je n'ai pas le temps de passer mes journées dans une salle de sport pour rien. J'ai d'autres obligations. Dans tous les cas, mes conquêtes ne s'en plaignent pas de mon corps. Oh merde ! J'ai oublié la belle créature qui séjourne dans mon lit, au moment ou elle apparaît devant nous, dans de plus simple appareil.

- Mon chéri ? Demande-t-elle, sortant de la chambre et toute nue.

Elle ne semble même pas mal à l'aise ni rien. La situation m'échappe complètement et ma mère perd son calme, tandis que je touche bien ma tete pour voir si elle est encore là. Après cette scène, ma mère va me la couper ! Je risque un coup d'œil vers la reine qui pince des lèvres, tendue comme un ressort prêt à bondir.

Et les deux jeunes femmes dans le coin, près du vase cassé qui essaient de ne pas rire. Elles retiennent tellement leur fou-rire, qu'elles s'étranglent avec leur salive ! J'essaie de garder la situation en main, je leur dis en un simple regard de rester tranquille.

- Vous êtes ? Demande-t-elle à la jeune femme en tenue d'Eve.

- Emilia Wilson, votre Altesse.

- Vous êtes une comtesse, une lady ?

La fille dont elle vient de me rappeler son prénom, secoue la tete négativement. 

- Je travaille chez Daily News.

Une journaliste ! Encore mieux ! Elle n'a même pas l'air apeurée alors que la reine qui se tient devant elle, se tient d'une manière qui dit clairement qu'elle est supérieur à elle. Maintenant, c'est sur et certain, dans une heure, je n'ai plus de tete et plus d'héritage. Si ça tombe, je n'aurai même plus d'appareil reproductif et ma vie sera finie.

Quand je me retourne vers Eléanore et Emmie, elles ont disparu. Bon dieu ! Elles ont encore filé ! Elles me font penser à des gamines de quinze ans qui font le mur. J'entends encore leur rire quelques mètres plus loin.

- Tiens, Harry, vous êtes là ! Vous tombez à pic. Emmenez Emilia Wilson se changer et mettez la dans mon bureau. J'aimerais bien que vous vous chargiez de cette fille sur le champ. Je veux qu'elle signe le papier de confidentialité et qu'on ne la revoit plus jamais ! Lysander ? Avec moi, tout de suite !

Le lendemain, il fait tellement calme que je crains qu'il y ait eu des morts cette nuit. Je me douche, enfile un costume impeccable et ma cravate favorite. Je recoiffe ma tignasse pour leur donner un air de rébellion en les coiffant n'importe comment.

Je sors dans le couloir et quelques portes plus loi, je frappe à une autre porte, attendant patiemment. Il se passe quelques secondes avant d'entendre un remue-ménage et une voix qui râle et s'énerve. J'entends un énorme BOUM avant qu'on daigne m'ouvrir la porte.

La personne qui me fait face, me surprend énormément. C'est Émeraude Underwood mais... en décoiffé et pas maquillée. Elle serait encore plus belle naturellement si elle ne tirait pas une tete de dix pieds de long. Elle soupire en me voyant.

- Qu'est-ce que vous voulez ?

Je ne m'habituerai jamais à autant d'agressivité le matin, je crois. Je souris pour me détendre. Elle porte une nuisette presque transparente en dentelle qui ne semble pas la choquer. Si ça tombe, elle ne s'en rend pas compte. Je la fixe, surtout sa poitrine bombée sous le haut et elle croise ses bras dessus, yeux revolvers. Ah ben si, elle savait qu'elle était à moitié nue. Elle a une part de nudisme, je le sens. Bon bah tant mieux si elle est à l'aise avec son corps, c'est cool.

- Entrer avant que quelqu'un nous voit !

Elle me tire brusquement par le bras en voyant que je ne bouge pas et qu'il n'y a personne dans le couloir, susceptible de me voir entrer dans sa chambre interdite. Je suis littéralement avalée par sa poigne d'acier. Elle a une force de diable, cette fille !

- Alors ? Vous vouliez voir votre cousine ?

Elle me pointe du menton, une forme étrange dans son lit. Je m'approche pour bien distinguer l'ours qu'elle a accueilli dans son lit. Pauvre Emmie ! Eléanore est un ours avec une énorme touffe de cheveux à faire pâlir un chauve, qui bave sur les coussins en soie. Très charmant.

Je m'échappe de cette vision d'horreur pour faire face au petit démon devant moi.

- Vous avez volé du coca en pleine nuit, j'annonce de but en blanc. Vous avez vomi à mon anniversaire sur Laura devant une centaines de personnes et devant des photographes qui ont décidé d'en faire les gros titres ce matin.

Je jette sur la table basse de son petit salon, le magazine qui s'est vendu comme des petits pains. Il n'est que neuf heures du matin, mais les magasins sont en rupture de stock de tous les magazines people. Elle se tient jambes écartées, les bras toujours croisés, le menton bien relevé. Elle jette quand même un petit regard sur l'objet avant de reporter son attention sur moi.

- Et vous, vous avez couché avec une journaliste nudiste et complètement inconsciente. Qui s'est montrée nue devant votre mère qui est aussi la Reine. Vous lui avez fait signé un contrat de confidentialité et versé une coquette somme d'argent pour qu'elle ferme sa jolie bouche de pétasse exhibitionniste, assène-t-elle d'une voix sèche mais teintée d'une certaine ironie. Nous sommes quittes à présent !

Et elle passe devant moi pour aller s'enfermer dans la salle de bain, claquant la porte. Ce qui réveille bien évidement l'ours qui me sert de famille. Celle-ci émerge sa tete brune des couvertures et pose sur moi un regard surpris et encore ensommeillé.

- Bien joué ! Tu l'as énervé et il ne faut jamais s'énerver contre elle. Tu as intérêt à être plus gentil avec elle, Lysander. C'est un simple conseil. Un dîner, un bouquet de fleurs, une balade en carrosse, je ne sais pas moi mais un truc grandiose ! Allez, salut ! J'ai encore deux heures de sommeil qui m'attendent.

On peut s'aimer -  Royal SagaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant