Chapitre vingt-deux - Emmie

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Je commande tout le défilé et je suis stressée comme jamais. Je veux que tout sorte au bon moment, au bon endroit sans incident. Je passe mon temps à courir après les mannequins parce qu'elles sont en retard. La nouveauté de cette collection, est que ce sont des femmes rondes qui défilent. Je suis fière de montrer au monde entier que les femmes plus en chaires sont magnifiques.

Quand je me glisse du coté des spectateurs, au coté de la petite-amie de mon frère qui fait une pause, je remarque qu'il y a une grande agitation dans la foule. Je n'arrive pas à comprendre ce que c'est. Mes voisines de sièges semblent savoir, mais elles ne veulent rien me dire. 

Maudites bonnes femme ! 

La fin de la soirée arrive enfin et je suis exténuée, mais je garde le sourire. Quand vient le moment pour moi de remercier le personnes présentes, mon cœur bat à mille à l'heure. Je monte sur scène suivit de Juliette qui ne veut plus se cacher du monde entier. Encore une fois, l'agitation me fait froncer des sourcils. Pitié qu'ils ne regardent pas mon abdomen.

- Joyeux anniversaire ! Me chante Juliette en me prenant dans ses bras.

Je fais les yeux ronds, ayant complètement oublié. Je laisse une de mes secrétaires s'occuper d''emmener les invités au salon, en passant par une autre porte. Je file avec la rouquine dans le couloir encore désert.

- Je vois que tu avais zappé. Vingt quatre ans, ça se fête, non ? Me tente-t-elle. Pas d'alcool, bien entendu. Ce ne serait pas bon pour le bébé.

- Juliette, chut. Personne n'est encore au courant. A part la femme de tout à l'heure. 

- Ecoute, Emmie, tu ne pourras pas le cacher éternellement. 

Elle me le répète sans cesse, mais j'ai peur de la réaction des gens. Je me mets de profil, posant mes mains sous la proéminence.

- Ça se voit tant que ça ?

Je la vois grimacer et je penche la tête sur le coté.

- Je ne veux pas t'inquiéter Emmie, mais pour une grossesse de trois mois, ton ventre est très rond.

Qu'est-ce qu'elle me raconte ? Je me regarde sur toutes les coutures. Je ne vois pas trop le soucis.

- C'est normal, non ?

Elle grimace encore une fois.

- On dirait presque que tu es à quatre mois. Je te jure que c'est trop bizarre. Tu es sure qu'il y en a pas deux là-dedans ?

Ma mâchoire manque presque de se décrocher.

- Impossible, je rétorque directement.

- En fait, si. Lysander a des faux jumeaux pour cousins. Il y en a eu plusieurs dans notre famille. C'est quand que tu as été chez le gynéco ?

Je crois que je vais m'évanouir.

- C'est une catastrophe, Ju'. Il y a deux mois.

- Mais non ! Allez viens. Des qu'on rentre à New York, tu iras faire une échographie.

Elle va m'empoigner le bras, mais son regard passe au dessus de ma tête et elle se fige complètement. Elle a l'air très surprise. Limite, on dirait qu'elle joue dans un film d'horreur.

- Qu'est-ce qu'il y a encore ? Dis-je exaspérée et fatiguée d'avance.

J'aimerais tellement aller me coucher dans mon lit si moelleux.

Je veux me retourner, mais une voix m'arrête.

- Bonjour chère cousine. Émeraude, fait cette voix au timbre rauque qui prononce mon prénom avec exotisme.

Mon corps s'en rappelle très bien et je frissonne. Il n'a fallu qu'une seule fois pour que je tombe enceinte. Une seule et malheureuse fois alors que je prenais la pilule. Ma gynécologue m'a assuré que ça arrivait car il y a toujours un risque. Mais c'est tombé sur moi. Comme par hasard, j'ai envie de dire. Et c'est à cause de moi. Si je lui avoue, il va comprendre que j'ai fait un enfant dans son dos. Pourtant, ce n'est pas du tout le cas.

Si je me tourne vers lui, il va savoir. Et je ne pourrai pas reprendre ma vie la où je l'ai laissé. Il voudra le bébé. Mais je n'arrive pas à me dire qu'il me l'enlèvera. Je sais que jamais il ne me ferait une chose pareille.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. J'ai l'impression qu'il va exploser.

- Je vous laisse parler entre vous, annonce Juliette avant de prendre ses jambes à son cou.

Plus de retour possible en arrière. Je suis coincée.

Deux mains enserrent soudainement ma taille avec douceur. Je me laisse aller contre Lysander, l'esprit en déroute. Il m'a tellement manqué que ça m'a crevé le cœur. 

Comment peut-on être aussi amoureuse ?

- Emmie, murmure-t-il tout contre mon oreille. Tu n'aurais jamais du partir.

Je le sais bien, mais je sais aussi qu'il connait les raisons de mon départ. Si il m'a laissé dans mon coin autant de mois, c'est parce qu'il a justement compris. Ses mains glissent un peu plus vers mon ventre, mais je les arrête avant qu'elles atteignent leur destination.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Je lui demande sèchement.

Je sens son regard brûler mon dos, tandis que je rajoute un petit pull sur mon dos. Je suis tellement tendue que j'en ai mal au dos. Lysander recule, gardant ses distances en sentant ma nervosité.

- Je suis venue te chercher et te ramener au palais. J'ai respecté ta décision, je t'ai laissé du temps. Beaucoup trop de temps selon moi. Maintenant, c'est fini. Nous devons impérativement parler, Emmie.

J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Je me retourne vers lui, regardant tout sauf lui. Je ne veux pas croiser ses beaux yeux et fondre comme neige au soleil.

- Je ne crois pas, votre majesté.

- Pas de ça avec moi, Émeraude ! Je suis désolé mais je suis obligé.

Je relève mon visage pour le regarder. De quoi parle-t-il ? Son regard est dur, je n'arrive pas à savoir ce qu'il ressent.

- Sur ordre du Roi, Émeraude Underwood, tu vas me suivre jusqu'au château. Sans opposer de résistance.

 Je recule d'un pas, puis d'un autre. Je secoue la tête de droite à gauche, le souffle court.

- Tu ne peux pas me faire ça, Lysander.

- J'ai tous les droits dans mon pays.

🏳️‍🌈🏳️‍🌈🏳️‍🌈

Arrivée au palais, il fait un calme olympien. Je ne me laisse pas approcher par le roi, terriblement en colère contre lui.

On entre dans le château. En pleine nuit. Des gardes que nous croisons, nous saluent et me reconnaissent immédiatement. Cependant, ils ne posent aucune question.

- Pour cette fois, tu dormiras dans ton ancienne chambre. Des vêtements que tu as laissé ici quand tu es partie, t'attendent. Bonne nuit, Emmie.

Et il me laisse devant ma porte, sans un regard. il est fâché, terriblement. J'enlève ma robe et enfile un tee-shirt et un short pour dormir. Je m'allonge sur le dos, et inconsciemment, ma main caresse mon ventre avec douceur, protégeant cette minuscule vie en moi.

On peut s'aimer -  Royal SagaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant