Chapitre onze - Emmie

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Je n'arrive plus à avaler ma salive. Elle est coincée dans ma gorge et ne veut plus descendre. Mon cœur s'est accéléré et bat à une vitesse surhumaine. Je suis même étonnée d'être encore debout sans crise cardiaque. Je sens un corps se joindre un mien et une main entourée mon bras. En tournant la tete, je rencontre des prunelles éblouissantes qui brillent. Je suis même étonnée que Lysander se tienne aussi près de moi devant sa mère. Mais j'imagine que c'est un peu pour me rassurer. Je dois être livide ou très rouge. Je jette un petit coup d'œil à fenêtre cassée.

- Votre majesté, je souris alors. Quel bonheur de vous voir.

Elle est là, devant moi, deux gardes derrière qui ont du mal à garder leur sérieux. Ils se raclent la gorge discrètement pour me dire que je suis trop faux-cul. Qu'est-ce que vous voulez que je dise ? Je ne vais pas non plus m'excuser, je n'ai juste insulté que de stupides canards qui m'ont fait viser une fenêtre. Si ça tombe, j'ai blessé quelqu'un par accident et on va m'envoyer dans le donjon et je ne reverrai plus jamais la lumière du jour.

- Si c'était la vérité, je répondrais que moi aussi, répond-elle en souriant. Alors, je vois que vous vous amusez bien ! Je vais vous laisser, mais ne rester pas trop tard dehors, jeunes gens, il commence à faire froid. Et surtout Duchesse, surveillez votre langage à l'avenir et exercez-vous autant que vous voulez au tir à l'arc, il vaut mieux d'ailleurs.

Le sous-entendu dans sa dernière phrase me fige quelque peu. Et elle s'en va comme si de rien était, alors que je me cache derrière ma main pour rire tellement cette situation est bizarre. Surtout que le personnel nous regarde encore des fenêtres. Le prince leur fait un signe pour qu'ils retournent vaquer à leur préoccupation. Ils le font mais on les entend rouspéter dans un brouhaha incessant.

- Ils sont vraiment curieux, lui fais-je remarquer en souriant.

- Toujours. Venez vous reposer, je crois bien que vous avez eu une longue journée, mademoiselle.

Il sait pour toutes mes aventures ou quoi ? Oui, parce qu'après que mon frère soit parti, je me suis cassée un orteil dans l'escalier qui mène à l'entrée du palais et j'ai crié dans tout le château.

Le lendemain en entrant dans la chambre d'Eléanore, j'ai la surprise de voir Le Duc de Bérith enlacée étroitement mon amie, dans le lit. Heureusement, le drap couvre Eléanore mais pas les fesses de son amant qui dort sur le ventre. Oh, seigneur ! Quel spectacle gênant.

Je pensais qu'il était parti ! Et le voilà dans le lit de ma plus proche amie. Et je ne sais pas du tout si je dois les réveiller ou simple partir et faire semblant de rien pour le restant de ma vie. Bon, je vais opter pour la première option.

- Réveillez-vous, les amants maudits !

Ils sursautent tous les deux violemment, et se cognent l'un contre l'autre en grognant. Bon dieu, ils sont exactement pareils ! Ils me regardent tous les deux, la bouche ouverte et je dois résister à mon envie de rire.

- Qu'est-ce que vous faisiez tous les deux ? Je leur demande, la voix pleine d'ironie.

Je papillonne des cils, attendant leur réponse. Eléanore a un regard de biche, prise dans la main dans le sac. Elle tousse un peu, surement pour reprendre contenance. La seconde suivante, la porte derrière moi s'ouvre à la volée sur le Prince Lysander qui parait très surpris de tous nous trouver.

- Emmie ? Léo ?

Il s'arrête net en nous considérant un à un. Il finit par éclater de rire. Un son assez mélodieux, je dois avouer. 

- Oui, prince Lysander ?

- Je crois que nous devrions sortir et les laisser seule, très chère. Venez.

On peut s'aimer -  Royal SagaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant