Dark Secret

Chapitre 28

Dans un bruit sourd, l'épaisse porte s'ouvre, alors que je fais face à la noirceur de la pièce ainsi qu'à sa froideur. Quand un courant d'air me frôle la peau, je resserre mes bras contre ma poitrine et regarde attentivement autour de moi.

Y a-t-il une fenêtre ouverte ?

La pièce est tellement froide, qu'elle me donne l'impression d'être à l'extérieur, dans un des jardins qui entourent la propriété. Entièrement plongée dans l'obscurité, j'avance doucement sans savoir où aller. Un nouveau courant d'air m'effleure, et je pousse une cri de surprise en le sentant cette fois-ci derrière moi. Mes craintes se renforcent : il ne s'agit pas d'une fenêtre ouverte, pensé-je.

Alors que ma respiration se fait de plus en plus haletante, l'angoisse que j'avais repoussé en entrant ici refait surface. Les jambes flageolantes, j'avance de nouveau, et tandis que l'étrange sensation d'être observée me domine, je bute soudainement dans quelque chose. Mon pied glisse sur le planché et mon corps se penche en avant. Prête à recevoir un choque dû à ma chute lamentable, je me protège la tête à l'aide de mes bras. Tout à coup, une chose d'encore plus glacial que la température de l'endroit entoure le dessous de ma poitrine et m'attire vers elle d'une force stupéfiante. Je me retrouve alors projetée sur quelque chose de dure, incapable de faire le moindre mouvement, le corps totalement emprisonné. Quand je reprends contrôle de moi-même, je devine facilement que la chose qui me comprime et qui m'a évité cette chute monumentale est une personne. Ses deux bras puissants autour de mon buste, je sens son souffle gelé sur le haut de mon crâne.

Je relève précautionneusement la tête, et quand mes yeux croisent ses deux perles rouges, mon coeur fait un bond dans ma poitrine. Mes lèvres s'entrouvrent d'ébahissement quand je réalise enfin de qui il s'agit.

- Toujours aussi maladroite à ce que je vois, ricane t-il d'un ton remplit de moquerie.

Agacée par sa remarque, je fronce les sourcils en soupirant d'exaspération, puis tourne la tête afin d'éviter son regard flamboyant.

- Je ne suis pas maladroite, c'est simplement qu'on ne voit absolument rien ici, répliqué-je froidement.

Son rire diabolique et sensuel me parvient une seconde fois aux oreilles, et j'allais répliquer avant que je ne me rends brusquement compte que mon cou est entièrement exposé face à lui. Je porte immédiatement ma main sur la peau fine de ma gorge, en me retournant vers Jared, qui me tient toujours fermement entre ses bras.

- Ne t'en fais pas, je ne vais pas planter mes crocs dans ta chair si c'est ce qui t'effraie. Je ne suis pas un animal, et je ne me le pardonnerai jamais si un jour je venais à te faire du mal, me rassure t-il.

Une once de mélancolie se perçoit dans voix, et je sais que j'ai touché un point sensible, sans vraiment le vouloir. Je plonge iris dans les siens, alors que leurs lueurs changent. J'aimerai vouloir lui dire que ce n'était pas ce que je pensais, mais il serrait mentir de lui dire ça. Bien-sûr, il n'est pas un animal, mais le fait qu'une de ses pulsions vampiriques puissent sans prévenir prendre le dessus sur lui, est loin de me rassurer.

"Vous le changez".

Adelina avait raison. Quand je détaille attentivement les deux yeux rougeâtres, je perçois clairement ses pupilles se dilater, et leurs éclats changer.

- Viens. J'ai quelque chose à te montrer, dit-il en me libérant doucement de son étreinte pour me prendre la main.

Il me tire délicatement, m'obligeant à le suivre. Je marche derrière lui, sa grande main froide tenant fermement la mienne. Alors qu'il avance, je l'entends brièvement descendre des escaliers, pendant que sa main me tire maintenant un peu plus vers le bas et je m'arrête subitement. Ses yeux brûlants se posent de nouveau sur moi.

- Qui a t-il, m'interroge t-il d'une voix inquiète.

- Il fait noir, et je ne vois rien, je balbutie.

- Ne t'en fais pas, je suis là, je te promets de ne pas te laisser tomber, fais moi confiance, dit-il en caressant l'intérieur de mon poignet avec son pouce, pour me rassurer.

Une vague de chaleur incontrôlable déferle dans mon corps, quand il touche ma peau avec autant de tendresse. Je sais qu'après tout ce qu'il ma dit la dernière fois que nous nous sommes vu, je devrais me jeter sur lui pour lui faire regretter ses paroles odieuses d'une gifle phénoménale, mais je n'y arrive pas, c'est comme si toute la haine que j'ai ressenti ces derniers jours avait disparu à l'instant même où son regard à croisé le mien. Je ne sais pas si c'est une force ou un pouvoir provenant de l'être surnaturel qui se trouve devant moi, qui a fait disparaître ma colère, ou si c'est simplement mon esprit qui me joue des tours, mais c'est tellement frustrant...

Tout en maintenant ses yeux sur moi et en me tenant la main, je descend lentement les marches, guidée par son regard réconfortant.

Alors que nous arrivons bientôt en bas de ceux-ci, je découvre avec stupéfaction les immenses baies vitrées qui donnent une vue incroyable sur l'extérieur. Avec les reflets que nous offre la Lune, la salle du bas est légèrement éclairée, me permettant de voir enfin Jared entièrement. Habillé simplement d'un tee-shirt gris, d'un pantalon noir et de chaussures de la même couleur, je ne peux m'empêcher de le trouver élégant, mais aussi surtout très beau. Selon certaines légendes, on raconte que les vampires seraient des créatures créées de façon à ce que leurs beautés envoûtent et attirent plus facilement leurs proies.

Cette pensée me fait froid dans le dos...

Je suis soulagée quand mon pied touche enfin le sol.

- Tu vois, tu n'es pas tombée, je tiens toujours mes promesses, conclu t-il.

Je souris faiblement devant sa remarque, alors qu'il lâche doucement ma main.

- Par ici, dit-il en marchant vers le milieu de la salle.

En nous approchant, je vois un piano datant certainement du XVIIIe siècle, trôner au milieu de celle-ci. Je reste abasourdie devant la beauté de l'instrument. En baladant mon regard tout autour, j'aperçois enfin la bibliothèque dans toute sa splendeur. Des milliers de livres sont rangés strictement, sur plusieurs étages. Certains doivent dater du XIXe siècle, d'autres bien avant.

Elle est juste merveilleuse, je n'ai jamais vu une bibliothèque aussi belle, et aussi bien fournie et entretenue. Tout est entièrement sculpté dans le bois, comme si elle avait été construite autour.

- Cette bibliothèque date du XVIIIe siècle, c'est ma mère qui en a voulu la construction. Certains ouvrages sont conservés ici, et les plus abîmés sont dans une autre pièce spécialement réservée, me confit-il.

- Elle magnifique, j'en crois pas mes yeux, soufflé-je.

Je me tourne vers lui, et m'aperçois qu'il est lui aussi en train de scruter attentivement le décor, comme s'il venait de le découvrir.

- Dans cette bibliothèque tu trouveras tous les livres que tu désires, il y en a environ une dizaine de milliers ici, donc je pense que si un jour tu cherches quelque chose en particulier, tu pourras trouver ton bonheur ici, affirme t-il.

Je me tourne de nouveau vers lui, et mon coeur tambourine dans ma poitrine quand je rencontre ses prunelles. Face à moi, les mains plongées dans les poches avants de son pantalon, et le regard examinateur, je me sens totalement mise à nu. Me détaillant avidement, un fin sourire vient étirer ses lèvres, avant qu'il ne revienne plonger son regard dans le mien plusieurs secondes plus tard.

- Viens, c'est par ici, dit-il d'une voix rauque en se dirigeant vers le piano.

Après m'avoir ordonné de m'asseoir sur le banc devant l'instrument, il s'accroupit face à moi.

- Laisse-toi faire, et n'aie pas peur, me rassure t-il avant de prendre ma main gauche entre les siennes.

Il positionne l'un de ses pouces sur ma paume en caressant, du bout de celui-ci, ma ligne de vie. Durant plusieurs secondes, je me demande ce qu'il est en train de faire, quand tout à coup les murs qui nous entourent s'évaporent jusqu'à disparaître totalement.

*****

Voilà, un chapitre de plus ! Qu'en avez-vous pensé ? A votre avis, que Jared va t-il montrer à Ashley ? ; )