Avant tu riais- Mekra.

Chapitre N.23

"Ils cachent quelque chose."

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Hakim Akrour.

Putain. De. Merde.

Enragé, mon poing heurte violemment le premier mur que je rencontre.

La douleur que me provoque ce coup me semble insignifiante comparé à celle que je ressens suite à ma conversation avec Camille et son putain de frère. C'est pas possible. Je ne sais même plus quoi penser.

Elle a raison, je suis un putain de salaud. Un gros con de première.

Je n'ai pas pu m'empêcher de l'approcher et l'énerver comme je n'ai encore jamais su le faire. J'ai vu ses yeux bleus me foudroyer, ses joues rougir petit à petit et ses poings se serrer.

Elle était sur le point d'imploser. Putain.

Cela fait environ un mois que je bataille pour l'enrager et la mettre hors d'elle. Maintenant que j'ai réussi, je m'en veux presque.

Quel abruti je suis.

La rage qui a embrasé son regard m'a terrifié. Cette fureur, cette colère sourde. Je ne l'avais jamais vu si irritée de ma faute. Elle, qui en habitude est si calme, si zen, si neutre, s'est aujourd'hui libérée de cette rancœur.

Qu'est-ce qu'il m'a pris d'aller lui dire ça ?

Je ne pense pas un mot des injures que j'ai pu balancé à propos des personnes âgées, ou en situation d'handicap.

Sah, quel idiot. J'ai tout bousillé.

Moi qui pensais la faire rire, c'est raté. Je m'attendais simplement à ce qu'elle me lance des piques comme d'habitude, tout en restant calme et sereine. Mon cul, ouais.

J'ai touché une corde sensible, visiblement. La manière dont elle m'a dévisagé, elle m'a dénigré et s'est foutue de ma gueule rien qu'en un regard un peu trop expressif.

Je me suis senti honteux et pire que débile. Le pire c'est qu'elle a raison. Je suis un con fini.

Le regard que m'a jeté son frère lorsque j'ai lynché les personnes à mobilité réduite et les handicapés me fait presque culpabiliser. Son regard de faiblard, ses yeux rougis et ses joues encore humides de sa certaine crise de larmes.

Je suis certain que la faiblesse de Camille n'est autre que son putain de frère.

La façon dont elle le protège, le regard qu'elle lui porte, leur colère lorsque j'ai évoqué les personnes en situation d'handicap.

Ils cachent quelque chose. C'est obligé.

Alors que je suis sur le point de m'éloigner de Camille, ayant pris conscience du risque que je cours, voilà que le jeu me rattrape, m'empêchant de chasser ces chamailleries de mon esprit.

Je suis foutu. C'est terminé pour moi.

Je suis tout bonnement incapable de résister à l'excitation que me provoque ce passe-temps débile. Encore une fois, je n'en fait qu'à ma tête. J'ai touché une de ses faiblesses.

Sa colère n'en dit pas moins. Je l'ai blessé. Elle a perdu son sang froid. Une nouvelle fois, elle a été sincère. Elle n'a pas sourit, n'a pas rigolé, bien au contraire. Cette colère témoigne de sa sincérité. Ce sujet la touche, énormément.

Cette rage sourde qui a menacé d'exploser, me donne envie de poursuivre ce jeu. Je suis complètement malade. Je vais le regretter, c'est certain. Elle ne m'a montré qu'une partie de sa colère, elle n'a dévoilé qu'un bout de la vérité, et pourtant, le choc qu'elle a provoqué a été si puissant et si brutal. Je cours un gros risque.