Chapitre N.44

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"Je ne peux pas le laisser tomber."

Camille Morgan.

Mes yeux s'écarquillent et je m'assois lamentablement sur le canapé. Ses dix messages disent tous la même chose.

"J'ai besoin de toi."

Pas de doute, il est arrivé quelque chose.

Mes yeux restent bloqués sur les messages envoyés par Hakim. Mes frères ne remarquent pas que je suis complètement ébahie devant mon téléphone.

—Les garçons... soufflé-je.

Tous deux se retournent vers moi, un franc sourire aux lèvres. Sourire qui s'efface dès qu'ils remarquent mon expression.

—Qu'est-ce qui a ?

—J'ai un ami qui a besoin de moi.

—Oh non, Camille. Tu ne peux pas partir, geint Ilyès.

—Je suis désolé, c'est vraiment urgent.

—Allez Camille, tu t'excuses auprès de lui et le tour est joué.

Me voilà prise au piège dans une situation assez délicate. Depuis qu'Hakim et moi avons enterré la hache de guerre, il a toujours été là pour moi. Je ne peux pas le laisser tomber. Nous nous sommes promis d'aider l'autre lorsqu'il en a besoin.

Et pourtant, rester ici, avec mes frères, à profiter comme il se doit de notre soirée me tente beaucoup. J'ai toujours dit que c'était la famille avant tout.

Mais, je sais que si j'envoie un message à Hakim, lui disant que je ne peux pas le rejoindre, je vais le brusquer et l'énerver. Le peu de confiance et d'estime qu'il a pour moi, s'envolera. Je serai incapable de rester dans mon canapé, à l'imaginer dans les pires scénarios possibles.

Non. Je ne peux pas le laisser tomber.

—Je suis désolé les garçons, je dois vraiment y aller.

Le regard déçu qu'ils m'accordent me brise le cœur. J'aurai vraiment aimé rester avec eux et continuer de m'éclater, mais j'en serai incapable. Pas après avoir lu ces messages.

—Vraiment, je préférerai rester ici. Mais mon ami a...

—Te fatigue pas, me coupe sèchement Ilyès.

J'attrape mon téléphone, mes clés et file. Une larme roule le long de ma joue. Je l'essuie rapidement, ne souhaitant pas m'écrouler. Ce n'est pas le moment.

Je m'en veux de les laisser, de mettre fin à notre petit karaoké. Je suis toujours là, à me plaindre de ne pas passer assez de temps avec mes frères. Mais je les abandonne dès que j'en ai l'occasion. La culpabilité s'installe alors que je démarre sur les chapeaux de roue.

J'appuie sur l'accélérateur, souhaitant rejoindre le rappeur au plus vite. Les vacances d'été vont bientôt commencer. Cela fait quelques mois que tout roule entre lui et moi.

Nous avons passé quelques soirées et quelques après-midi ensemble. Il passe parfois me chercher au travail, je le rejoins parfois en studio. Nous nous sommes revus, régulièrement, pour parler, pour décompresser, ou encore... Pour coucher.

Lorsqu'Hakim a besoin d'évacuer sa colère, qu'il a besoin de décompresser, alors je lui donne ce qu'il veut et il en fait de même.

Il n'y a aucune prise de tête. Nous sommes deux bons potes qui couchent ensemble lorsque l'envie nous prend.

Avant tu riais- Mekra.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant