Chapitre N.10

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-FLASHBACK-
Il y a quatorze ans.

*

Camille Morgan.

Février 2005, Paris.

—Camille ? Tu attends le bus ? m'interpelle un ami.

—Non, normalement mon père doit venir me récupérer.

Le brun hoche la tête, tandis que je me munis de mon téléphone afin d'appeler mon père qui tarde à venir me chercher au collège.

—Allô ? Camille ?

—Papa ? T'es où ? Je t'attends au collège !

—Merde ! J'ai complètement zappé. Je suis désolé, j'ai accepté un client de dernier minute. Il va falloir que tu rentres à pied, je suis désolé chérie.

—Maman ne peut pas venir ? demandé-je à mon père.

—Euh, non, non. Maman n'est pas disponible. J'irai récupérer les garçons en sortant.

—D'accord, bon c'est pas grave. Désolé du dérangement. A tout à l'heure.

Je raccroche, légèrement énervée que mon père ait, une nouvelle fois, oublié de venir me rechercher. Il va falloir que je rentre à pieds, sous ce froid polaire d'hiver.

Cela fait déjà quelques fois que mon géniteur oublie complètement de venir. Ma mère étrangement, est extrêmement occupée ces derniers temps.

Elle vient de se faire virer de son travail, je ne comprends pas ce qui la retient autant.

Le ton hésitant et peu confiant de mon père me laisse assez pensive. Je suis certaine que mes parents me mentent. Mon père n'a jamais oublié de me récupérer à la fin des cours.
Ma mère n'a jamais été aussi occupée que depuis qu'elle est au chômage.

Je rassemble le peu de force et de courage que j'ai, afin de rejoindre notre maison. Mes petits frères finissent l'école dans peu de temps, j'espère que mes parents auront terminé leurs magouilles d'ici-là. Parce que, eux, ne peuvent rentrer à pied.

Les mains dans les poches, écouteurs dans les oreilles, j'avance frénétiquement dans les ruelles fréquentées de Paris. Je croise pas mal d'autres étudiants, faisant parti de mon bahut.

C'est après presque une demie-heure de marche que j'atteins ma maison, fatiguée et soulagée d'être arrivée sans trop d'encombres.

J'insère la clé dans la serrure et pénètre dans le hall, qui m'accueille en m'enivrant d'une chaleur réconfortante, de cette odeur boisée qui définit si bien notre demeure.

Mon premier réflexe est de balancer mes sneakers un peu partout dans la pièce, de retirer ma veste et de rejoindre la cuisine, dans laquelle je prends le temps de me préparer un chocolat chaud et une tartine de Nutella.

Quelques heures plus tard, la porte claque, me faisant sursauter. Avachie dans le canapé, un paquet de biscuits me tenant compagnie, cela fait un long moment que je regarde ce feuilleton pourri qui défile sur l'écran de télévision.

—Cam' ! On est rentrés ! m'annonce mon père, depuis l'entrée.

Rapidement une tornade blonde se précipite sur moi, m'étouffant complètement, écrabouillant mon précieux paquet de Granola.

—Cameron ! Tu m'étouffes ! m'écrié-je.

Mon petit frère continue de me câliner tandis qu'Ilyès, le plus âgé des deux me salue simplement. Ma mère en fait de même. Elle semble fatiguée. Elle titube légèrement, ses yeux baignés de sang sont à moitiés-clos.

Avant tu riais- Mekra.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant