Gaku's Chronicles

- Chapitre 5 : Brisée -

« Parce que où que tu sois ou ailles tes démons te rejoignent. »

Gaku se précipita au chevet de Gaara et demanda ce qu'il s'était passé d'une voix assez forte pour que quelqu'un du personnel médical l'entende. Un jeune homme s'approcha d'elle.

« Ah ... lui. Il ne devrait plus tarder à mourir maintenant, il n'y a plus rien à faire. »

La jeune fille se tourna vers lui, les yeux fous de rage.

« Vous savez de qui vous parlez ?!

-       Gaara du Désert. L'arme ultime de Suna. Si tu veux mon avis, ce n'est pas plus mal qu'il décède celui-là. Et tu es ?

-       Gaku. »

La genin avait annoncé son nom en serrant les dents, se retenant d'arracher les yeux à la personne qui se tenait en face d'elle et qui avait osé prononcer des paroles aussi immondes. Sans se rendre compte de l'humeur de la jeune fille, il continua, avec une voix légèrement plus empreinte de respect à son égard.

« Autant pour moi. On vous attendait, mademoiselle. Pour tout vous dire ... c'est le pire service auquel un médecin puisse être assigné. Les neuf autres patients sont également à l'article de la mort. Cependant, nous avons trouvé un moyen de les sauver.

-       Lequel ?

-       Que le premier patient, Gaara, donne ses organes. Il faut donc attendre qu'il meurt. »

Gaku haussa les sourcils et craqua, agrippant le col du jeune infirmier.

« Vous vous fichez de moi ?!

-       Non ... je suis vraiment désolé mais c'est la seule solution. Mais rien ne vous empêche de faire un examen des neuf patients si vous le souhaitez. »

Elle lâcha le col du jeune homme et respira profondément pour reprendre son calme avant d'accepter sa proposition en hochant la tête.

Les neuf patients étaient, comme il l'avait prévenue, dans un état déplorable. Moins que Gaara, cependant, mais s'ils ne recevaient pas de nouveaux organes rapidement, ils mourraient.

« Et donc vous voulez me faire croire que les organes de Gaara sont miraculeusement compatibles avec tous les autres patients ? »

L'infirmier haussa les épaules.

« C'est ce que disent les tests. Par contre, vous devriez mettre une blouse. Histoire de paraître un peu plus professionnelle. »

Gaku bouillonnait intérieurement et un mélange de tristesse et de colère alourdissait son cœur. Aucun des évènements qui se déroulaient actuellement n'avaient de sens. Sa respiration commençait à s'accélérer et elle sentait qu'elle allait faire une crise d'angoisse si elle ne s'isolait pas très vite. Elle sortit en trombe de la salle de soins intensifs et courut vers celle des casiers, où elle trouverait probablement une blouse. Elle referma la porte derrière elle, s'assit contre celle-ci, et laissa couler un flot de larmes sur ses joues.

« Ça va aller. Ça va aller. Ça va aller. », se répéta-t-elle en chuchotant.

Elle essuya, d'un revers de bras, son visage trempé et leva les yeux vers les casiers. L'un d'eux portait son nom. Elle fronça les sourcils : elle n'avait jamais fait officiellement partie de l'équipe de l'hôpital, alors comment se faisait-il qu'elle ait un casier à son nom ? Elle se mit sur ses jambes et ouvrit le petit casier. Il était complètement vide, à l'exception d'une blouse blanche correctement pliée, d'une fiole et d'un petit mot, sur lequel il était écrit.

« Voici le médicament qui sauvera l'être qui t'est cher. »

Pas de signature. Gaku sentit une fatigue peser sur ses épaules. Tout lui semblait lourd, l'air, le bâtiment, son propre poids. Rien n'avait de sens et elle n'arrivait pas à éclaircir ses idées. Elle serra son pendentif dans la paume de sa main et se mit à réfléchir. Elle avait dix patients. Neuf inconnus et Gaara. Ils allaient tous mourir. Cependant, cas de figure n°1 : elle laissait Gaara mourir et sauvait les neuf autres. Cas de figure n°2 : elle sauvait Gaara grâce au mystérieux médicament mais condamnait les neuf autres patients par la même occasion.

Elle se mit à rire. Un rire nerveux accompagné de chaudes larmes qui coulaient sur ses joues. Elle plaqua sa main contre la porte du casier d'à côté et se tint le bas du ventre de l'autre, tant son rire incontrôlable lui provoquait une douleur au niveau des abdos. C'était insensé. Tout était insensé. Elle s'empara de la fiole contenant le médicament pour Gaara et la lançant sur le sol. Le dernier bruit qu'elle entendit fut le tintement des éclats de verre brisé.