- Chapitre 3 : Le Bon et la Brute -

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« Si autant en emporte le vent, un rien emportera mes cris. »

Elle poussa légèrement la porte, qui déclencha une petite clochette, annonçant sa présence. Une vieille femme leva les yeux. Elle semblait d'un autre temps. Les rides au coin de ses yeux donnaient l'impression qu'elle souriait en permanence. Ses longs cheveux gris étaient attachés en chignon, et son kimono descendait si bas qu'on aurait presque dit qu'elle se déplaçait en glissant sur le sol. Gaku lança un timide bonjour, ce à quoi la vieille dame répondit, d'une voix rauque :

« Bonjour jeune fille. Quelle surprise, voilà bien longtemps que personne n'était entré ici. Qu'est ce qui t'amène ?

- Est-ce que vous auriez des plantes médicinales, par hasard ? Du genre de celles qu'on ne trouve pas à Suna ? »

La vieille dame s'approcha un peu plus.

« Tu viens de Suna ? Tu es un ninja ?

- Médecin ninja. Hum ... apprenti médecin ninja, à vrai dire.

- Il y a de nombreuses années, ils se ruaient tous ici pour trouver les plantes qu'ils ne trouvaient pas au village caché du Sable. Aujourd'hui, plus personne ne vient. Mais je vois que le métier ne s'est pas perdu. »

Gaku répondit par un sourire. La vieille femme n'avait pas l'air au courant de la crise que traversait actuellement Suna, ni de la trahison envers Konoha. La jeune fille ne trouvait pas approprié de l'inquiéter avec ça. La vieille se tourna vers un coin de la boutique en désignant plusieurs fleurs et feuilles séchées, disposées de façon parallèle, presque militaire, tant le rangement était strict. Une étiquette de couleur indiquait le nom des plantes, sous celles-ci. Gaku s'en approcha. Les noms, elle les connaissait, puisqu'elle avait passé des heures et des heures à les apprendre, à connaître leurs propriétés et leurs dangers. Mais jamais elle n'avait pu les voir au Jardin botanique. Elle se demandait comment le village avait pu se procurer de telles merveilles alors qu'il était entouré par le sable. Elle piocha précautionneusement les plantes qui l'intéressaient le plus et dont elle pourrait se servir pendant le voyage et se dirigea vers la caisse de la boutique pour payer.

« Non, ne t'inquiète pas, je te les offre. Comme je te l'ai dit, fut un temps où la boutique était très populaire et j'ai assez d'argent pour finir mes vieux jours. Prends-les comme un remerciement, pour ton implication dans l'art de la médecine. »

Gaku ne sut quoi répondre pour exprimer sa profonde gratitude. Elle formula un simple « merci beaucoup » qui ne lui parut pas suffisant, mais elle ne savait pas quoi faire de plus, si ce n'est promettre qu'elle repasserait un jour.

En sortant, la jeune fille se dit qu'il était temps de retrouver le campement. Ils n'avaient pas convenu d'une position exacte mais il ne devrait pas être si compliqué à trouver.

Gaku marchait lentement vers la sortie du village, en profitant des derniers rayons de soleil. Les rues étaient maintenant complètement désertes. Les marchands avaient fermé leurs boutiques et les habitants étaient rentrés chez eux.

Elle sentit dans son dos comme une présence. Elle se sentait épiée mais n'arrivait pas à expliquer cette sensation. Elle se retourna tout de même pour se rassurer, sachant pertinemment qu'elle ne verrait personne. Effectivement, il n'y avait même pas un chat. Gaku secoua la tête pour chasser cette pensée et tourna à nouveau le regard pour faire face à la route. Mais elle fit à peine un pas qu'elle rentra dans quelqu'un et tomba en arrière. Le bas de son dos la lançait, son sac était tombé, mais elle leva tant bien que mal les yeux pour voir qui elle avait tamponné, prête à s'excuser.

Devant elle se tenait un homme massif, d'une vingtaine d'années. Ses cheveux bruns en bataille tombaient sur ses yeux. Son regard menaçant coupa nette l'envie de s'excuser.

« Alors, on regarde pas où on marche ? »

La jeune fille ne réussit à répondre que des balbutiements. Sa voix intérieure lui hurlait de se lever et de courir mais elle ne pouvait se résoudre à laisser tout ce qu'elle avait acheté et qui était maintenant à moitié éparpillé sur le sol. Finalement, l'instinct de survie l'emporta et elle se mit sur ses jambes, prête à contourner son agresseur. Mais celui-ci fut plus rapide et la prit par le col, en lui criant, tout près du visage :

« Oh je te parle ! Tu es sourde ?

- Futon – Lame du Vent. »

Gaku reprit son souffle. Elle reconnaissait cette voix, c'était celle de Temari. Son attaque avait été lancée avec tant de précision qu'elle toucha uniquement l'homme, malgré sa proximité avec sa victime. Il prit son visage entre ses mains en grognant. La technique infligeait de nombreuses coupures à ceux qui la recevait de plein fouet.

La jeune fille sentit une forte poigne la relever. Kankurô se tenait derrière elle. Il l'aida à ramasser ce qui était tombé en lui demandant si elle allait bien. Maintenant, oui, elle allait bien.

L'agresseur sortit son visage de ses mains, les yeux fous de rage. Ce n'était pas un ninja, il ne pouvait se défendre qu'avec ses mains. Il se jeta alors vers Temari pour se venger, sans se douter une seule seconde qu'il aurait mieux fait de fuir sans demander son reste. Il n'eut pas le temps d'achever son geste que du sable s'enroula autour de ses pieds en l'immobilisant. La rage de ses yeux se transforma en peur panique. Le sable montait sur ses chevilles, puis ses tibias jusqu'aux genoux. Plus les secondes passaient, plus le sable l'immobilisait.

« Pardon, pardon, je recommencerai plus. Laissez-moi partir, je vous en supplie ! »

Gaara se tenait à deux mètres à peine de la scène. Les bras croisés, il ne bougeait pas, contrôlant le sable uniquement par la pensée. Gaku s'attendait à ce que le sable redescende pour laisser partir l'homme mais il n'en fut rien. Il continuait de grimper sur ses cuisses puis ses hanches, comme deux serpents qui se resserraient progressivement. En plus d'être bloqué, l'homme souffrait. Gaku ne supportait plus les cris de douleur. Il avait eu une punition amplement méritée, il ne recommencerait probablement pas de si tôt.

« Gaara, ça suffit, je pense qu'il a compris ! »

La jeune fille s'entendit prononcer ces mots mais ils ne parvinrent jamais aux oreilles de Gaara. Le jeune garçon aux cheveux auburn était entré dans une sorte de transe. Il n'entendait plus rien ni personne. Il avait prévu de prendre la vie de cet homme, il ne s'arrêterait pas à mi-chemin. Gaku se tourna vers Temari et Kankurô, mais ceux-ci regardaient le sol avec un air désolé. Ils ne pouvaient pas l'arrêter.

Le sable était maintenant monté jusqu'au cou. Ses cris s'étouffèrent, le souffle lui manquait. Cinq secondes plus tard, l'homme n'était même plus visible. Il persistait seulement un sarcophage de sable.

« Tombeau du Désert ».

Le temps s'arrêta. Les cris étouffés cessèrent. Le ventre de Gaku se noua quand elle reçut des gouttes de sang sur le visage. Le cœur au bord des lèvres, elle n'osait regarder aucun de ses coéquipiers. Le sable retourna dans la grande jarre de Gaara. Aucune trace de l'homme ne subsistait, son corps entier avait été broyé.

Gaku's ChroniclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant