- Chapitre 4 : L'Auberge -

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« Partir si loin qu'la planète pourra plus nous reconnaître. »

Gaku se réveilla en sursaut, les cheveux collés par la sueur sur ses joues brûlantes. L'événement de la journée lui revenait en boucle, sous forme de cauchemar. Elle revivait la scène, encore et encore. Les mêmes frissons d'horreur la parcouraient à chaque fois, tout semblait réel. Durant les secondes qui suivaient son réveil, elle souhaitait que tout ne fut qu'un simple cauchemar. Elle espérait se retrouver chez elle, seule, dans son lit. Mais tout avait été bien réel, et son cerveau ne cessait de vouloir lui faire revivre la scène chaque fois qu'elle osait fermer les yeux.

Cette fois-ci elle n'arriverait pas à se rendormir. Elle passa ses deux mains dans ses cheveux pour se débarrasser des quelques mèches qui lui cachaient la vue et se tourna vers son sac. Elle en sortit son livre de remèdes, les plantes qu'elle avait achetées dans la boutique de la vieille dame, un mortier et un pilon. Elle se leva doucement pour ne pas réveiller ses compagnons et s'assit sur un rocher un peu plus loin.

« Qu'est ce que tu fais ? »

La voix était froide mais intéressée. Gaku se retourna. Gaara se tenait là, sous le clair de lune, en gardant une distance de quelques mètres. Ses yeux verts la fixaient, dans l'attente d'une réponse. Un flash de la mort de son agresseur lui revint en tête, mais elle n'en laissa rien paraître.

« Je ... Des remèdes. Au cas où. »

Il avança de quelques mètres, sans être trop proche. Gaku avait remarqué qu'il ne s'approchait jamais des gens, même de Kankurô et Temari. Elle se demandait pourquoi il ne dormait pas. Ce n'était probablement pas son meurtre qui lui provoquait des cauchemars. La question lui brûlait les lèvres mais elle s'abstint. Elle tourna quelques pages de son livre pour tomber sur une pommade cicatrisante qui pouvait être fabriquée à partir des plantes qu'elle avait sous la main. Elle commença à en broyer une dans le mortier quand la voix de Gaara résonna à nouveau.

« Tu devrais dormir.

- Je pourrais en dire autant pour toi.

- Non. »

Non ? Gaku se retourna et haussa les sourcils pour l'inciter à s'expliquer. Mais en guise de réponse, il tourna les talons et se retrouva sur la cime d'un arbre en un seul bond. La jeune fille haussa les épaules et continua sa préparation jusqu'au lever du soleil.

Au petit matin, ils levèrent le camp. Gaku se demandait où ils allaient dormir cette nuit. La proximité avec le village leur avait permit de trouver un endroit où la végétation avait pu pousser, sans être envahie par le sable ; mais ils n'auraient peut-être pas cette chance ce soir.

La marche dans le désert était exténuante. Si les nuits étaient fraiches, le jour était brûlant. Gaku passa la langue sur ses lèvres et grimaça. Elles étaient assez gercées pour que le contact avec sa salive provoque une sensation de brûlure. Son corps avait perdu l'habitude des changements brutaux de température, ayant passé le dernier mois dans le laboratoire ou chez elle. L'ambiance dans le groupe avait littéralement changé. La jeune fille se demanda si c'était dû à l'événement de la veille ou à la nécessité d'économiser sa salive. La seule chose qui n'avait pas changé était l'avance de Gaara. Gaku mourrait d'envie de lui demander pourquoi il avait choisi de surveiller le camp toute la nuit. Logiquement, ils auraient dû installer des tours de garde, afin que chacun puisse bénéficier d'un temps de sommeil. Or, il n'en fut rien. Personne ne l'avait proposé, comme si tout avait été convenu à l'avance. Mais elle n'osa pas s'approcher. Sa curiosité était forte mais sa crainte l'était plus. Il devait forcément y avoir une raison à sa cruauté, personne ne naissait avec tant de rancœur. Gaku essaya de se remémorer les rumeurs en regrettant de n'y avoir pas plus porté attention. Le père de la fratrie du désert, le Quatrième Kazekage, était mort, assassiné par Orochimaru, durant la même période que son mentor. Leur mère était morte en donnant naissance à Gaara. Et ce dernier était le supposé réceptacle d'un démon. C'était tout ce dont elle arrivait à se souvenir.

La jeune fille secoua la tête pour essayer de penser à autre chose. Tout cela ne la regardait pas, et elle était bien placée pour savoir que les rumeurs qui couraient oubliaient la moitié des détails importants.

Après de longues heures, Gaku commençait à se sentir mal. Le soleil déclinait dans le ciel. Elle avait, comme ses camarades, bu les dernières gouttes d'eau de sa gourde il y a une heure de cela. Sa tête commençait à tourner, ses cheveux et ses vêtements étaient plaqués par la sueur, la peau blanche de ses mains découvertes commençait à tourner au rouge écrevisse. Elle se tourna vers le reste du groupe : ils avaient l'air de tenir légèrement mieux qu'elle, mais on ne pouvait pas dire qu'ils étaient dans un très bon état. S'ils ne trouvaient pas rapidement un abri, ils allaient terminer leurs jours au milieu du désert. Gaku commençait à comprendre pourquoi cette mission était une mission de rang A.

Le miracle se produisit, comme si une puissance divine avait entendu le souhait que la jeune fille avait formulé dans ses pensées. A l'ombre d'un immense rocher dont les bords avaient été polis par les fortes tempêtes de sable, se trouvait une petite auberge, bordée par une oasis. La même pensée traversa les quatre membres du groupe : était-ce un mirage ? Personne ne formula la question, ils pressèrent simplement le pas pour en avoir le cœur net.

L'auberge avait l'air accueillante mais avait une architecture bien éloignée des logements habituels du Pays du Vent. Toute en bois, elle était formée de deux étages percés harmonieusement de grandes fenêtres de verre. Temari fut la première à oser ouvrir la porte. Un homme d'une cinquantaine d'années se tourna vers eux, les yeux écarquillés, comme s'il n'avait pas vu de clients depuis des dizaines d'années. Ce qui était sûrement le cas. Gaku se demandait pourquoi cet homme avait choisi de construire une auberge ici. La probabilité pour que la population passe précisément par ce coin du désert était plutôt faible, ce n'était pas vraiment l'endroit rêvé pour faire fortune. Temari se dirigea vers le gérant :

« Bonjour, vous auriez deux chambres de libre s'il vous plait ?

- Lits séparés ? »

Cette demande fit ricaner Kankurô. Sa sœur acquiesça. L'homme leur tendit deux clés et ils montèrent dans leurs chambres respectives sans demander leur reste.

Gaku était au paradis. Elle prit une douche froide qui la débarrassa de toute la crasse et la sueur accumulées pendant leur voyage dans le désert. La salle de bain était petite et pas particulièrement luxueuse mais la jeune fille la voyait comme une suite d'hôtel cinq étoiles. Elle mit ses habits sales à laver dans les machines du sous-sol, ne gardant sur elle qu'un débardeur et un short qu'elle gardait dans son sac, remplit sa gourde pour le lendemain, et partit dans la petite cuisine au fond du couloir, pour bénéficier d'un copieux repas avec ses coéquipiers. La cuisine était commune mais ils étaient, comme Gaku s'en doutait, les seuls dans l'auberge. Le gérant se contenta de leur préparer à manger et ne dit pas un mot. Il ne respirait pas franchement la sympathie pour quelqu'un dont le métier était d'attirer de potentiels clients.

Gaku's ChroniclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant