- Chapitre 2 : La Fratrie du Désert -

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« Gotta concentrate, against the clock I race
Got no time to waste, I'm already late, I got a marathoner's pace »

La salle du conseil était gigantesque, à l'image de la résidence du Kazekage. Une grande table ronde prenait toute la place, autour de laquelle était disposés quelques membres du Conseil et des chaises vides. Au fond, il y avait quatre statues de pierre, d'au moins 15 mètres de haut, à l'effigie des quatre Kazekage, défunts.

Tous les regards étaient tournés vers elle. Elle déglutit difficilement et eut soudain la forte envie de fuir. Elle qui avait passé le dernier mois à s'entraîner seule dans l'obscurité des laboratoires se retrouvait d'un seul coup avec un trop plein de contact social. La seconde entre le moment où la porte s'était ouverte et celui où le membre le plus important du Conseil prit la parole fut la plus longue de sa vie.

« Gaku ? »

Elle hocha la tête pour appuyer son « oui » timide.

« Nous avons une mission à te confier. Nous tenons à ce qu'un médecin ninja accompagne les shinobi accomplissant une mission de rang B ou supérieur. Etant le dernier médecin ninja présent au village, celle-ci te revient donc de droit. »

Médecin ninja. Gaku serra les dents. Elle n'avait jamais eu la chance de pouvoir finir sa formation. Malgré ses nombreuses lettres adressées au Conseil, elle n'avait jamais eu aucune réponse ni aucune affectation auprès d'un quelconque nouveau mentor. De plus, cette mission lui était confiée car il n'y avait personne d'autre pour en assumer la responsabilité. Elle était le dernier choix. Alors c'est à ça que se résumerait le reste de sa vie ? Être le dernier choix ? Celle que l'on prenait si plus personne n'était disponible ? Son poing se ferma, avec une telle force qu'elle sentit ses ongles pénétrer sa chair.

« Tu accompagneras Gaara, Temari et Kankurô. Et voici le descriptif de la mission. Votre départ est immédiat. »

La Fratrie du Désert. Gaku était tellement concentrée sur les membres du Conseil qu'elle n'avait même pas fait attention aux trois individus qui se tenaient à une dizaine de mètres sur sa droite. Elle les connaissait déjà de vue, leur réputation les précédait. Leur niveau de combat et de tactique dépassait de loin celui de certains ninjas beaucoup plus expérimentés du village. Ils accomplissaient à eux seuls des missions de rangs B ou A. N'ayant qu'un an de moins que Gaara, le plus jeune, Gaku avait pu suivre leur progression fulgurante. Le premier, Kankurô, arborait un sourire chaleureux sur son visage orné de maquillage pourpre. Temari, quant à elle, souriait également. Gaku avait toujours été frappée par la beauté et le charme qui se dégageaient de la jeune fille blonde. Elle avait une réputation de femme forte, qui ne se laissait jamais marcher dessus, de ce fait, Gaku lui vouait beaucoup d'admiration, même si elle n'avait jamais eu la chance de lui dire. Le dernier, Gaara, était beaucoup plus en retrait. Son visage affichait une expression neutre, voire impatiente, comme s'il avait hâte de terminer cette mission qui ne représentait pour lui aucun intérêt. De nombreuses rumeurs couraient à son sujet dans le village. On disait que c'était un démon assoiffé de sang, qu'il représentait un danger pour Suna, et même que Shukaku, le démon à une queue, était enfermé en lui.

Gaku n'écoutait pas vraiment les rumeurs. Après tout, la tête dans les bouquins toute la journée, peut-être qu'on disait des choses sur elle aussi.

Le regard froid de Gaara se posa sur elle. Elle déglutit difficilement pour la seconde fois en l'espace de dix minutes.

Elle s'approcha de la table pour saisir la feuille de papier qu'on lui tendait. Elle y lu le descriptif de la mission. Ils devaient récupérer un parchemin, sur lequel devait sûrement être écrite une technique très importante, qui se trouvait au nord du pays du Vent. Gaku se figea quand elle vit, dans le coin supérieur gauche de la feuille, une lettre A en capitale. Une mission de rang A ? Pour la récupération d'un parchemin ?

La jeune fille releva la tête et observa les membres du Conseil. La grande majorité d'entre eux affichait un regard perplexe, comme s'ils avaient déjà anticipé l'échec de la mission. L'expression des autres était indéchiffrable.

« Pas de souci. »

Gaku avait essayé du mieux qu'elle pouvait d'avoir un ton affirmé et confiant. Cependant, la potentielle difficulté de la mission lui donnait des sueurs froides. La récupération d'un parchemin n'était pas censée bénéficier d'un rang aussi haut, et encore moins l'envoi d'une des meilleures équipes de shinobi de Suna. Quant à l'expression des membres du Conseil ...

Kankurô fut le premier à se diriger vers la porte, ses deux équipiers sur les talons. Gaku plia doucement la feuille et la glissa dans sa sacoche, avant de suivre la fratrie.

La sortie du village se fit dans le silence le plus total. Personne n'osait véritablement prendre la parole. Gaku se félicita d'avoir eu la jugeote de préparer sa sacoche avant de partir de chez elle, puisqu'elle n'aurait visiblement pas eu le temps de rentrer à nouveau. Temari sortit une grande carte du pays du Vent. Toute la troupe s'arrêta pour écouter ce qu'elle avait à dire.

« Le parchemin a été enfermé dans cette grotte là, juste avant la frontière avec le pays des Griffes. Selon la distance et les obstacles, on peut facilement estimer qu'il nous faudra au moins trois jours de voyage à pied.

- Ça veut dire qu'il nous faudra nous arrêter dans un village sur le chemin si on veut avoir assez de nourriture. Au moins pour l'allée, suggéra Gaku.

- Exactement, bien vu. Nos provisions actuelles tiendront la journée mais il faudra s'y arrêter le plus tôt possible car rien ne nous dit qu'on retombera sur un autre village sur notre itinéraire avant la grotte. »

Temari sourit à Gaku. Elle la trouvait rassurante. Sa présence calmait son appréhension. A la difficulté de la mission, dont elle n'avait pas idée, s'ajoutait la peur de gêner ces shinobi expérimentés, d'autant qu'elle ne les connaissait que par les ragots et les « on dit ».

La petite troupe se remit en route. Ils marchèrent de longues heures, la majeure partie du temps dans le silence. Kankurô lançait de temps en temps des blagues, auxquelles Gaku, bon public, rit sans retenue. Le rire de Temari venait s'y ajouter le plus souvent, quand la vanne en valait la peine.

Gaku enviait la relation qu'ils avaient tous les deux. En plus d'être frère et sœur, ils étaient également coéquipiers. En tant que médecin ninja, la petite brune avait toujours été seule, faisant bande à part de ceux qui apprenaient l'art du combat. Son mentor avait été sa seule compagnie, et il n'avait jamais pris personne d'autre sous son aile.

Gaara marchait plusieurs mètres devant, ne se joignant jamais à la conversation, pour si peu qu'il l'entendait.

Le soleil commençait à se coucher lorsqu'ils tombèrent sur une minuscule bourgade. Le peu de villageois dehors étaient pour la plupart des marchands ou des personnes âgées qui avaient attendu la fraicheur du soir pour sortir faire des emplettes. Gaku, tenant absolument à se rendre utile, proposa :

« Je peux aller acheter à manger pendant que vous installez le camp. Comme ça on ira plus vite et on pourra repartir plus tôt demain matin. »

Ils approuvèrent. La jeune fille fut satisfaite. Elle avait une autre idée derrière la tête. Le Jardin Botanique de Suna regorgeait de plantes médicinales, mais les réserves étaient tout de même limitées. Or, dans un petit village marchand perdu comme celui-ci, il devait y avoir des plantes qu'elle n'avait encore jamais vues et dont elle n'aurait pas la crainte d'épuiser le stock. La lumière orangée du soleil couchant allongeait les ombres des maisonnettes et leur donnait un air accueillant, comme des bras tendus. Elle commença par acheter des fruits, qui en plus de constituer une réserve de vitamines, étaient une source d'eau non négligeable. Elle continua son chemin en prenant tout ce qui pouvait leur être utile afin de tenir trois journées complètes sous la chaleur de Suna. Son attention se porta sur une petite boutique, plus à l'écart, au dessus de laquelle figurait l'inscription « Herboristerie ». Gaku esquissa un léger sourire : elle ne s'était pas trompée.

Gaku's ChroniclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant