Gaku's Chronicles

- Chapitre 7 : L'ami du solitaire -

« Il rêve lui aussi de se faire emporter par la mer. »

Devant la porte, Gaku hésita quelques secondes. Elle se tourna pour s'assurer que personne ne la voyait et reprit son apparence d'adolescente. Elle pouvait modifier son apparence mais pas son caractère, et le peu de temps passé avec l'inspectrice du village ne lui permettrait pas de pouvoir imiter ses pensées et sa façon de parler : si l'entretien avec le médecin légiste s'éternisait, il devinerait sans aucun souci qu'il n'était pas en présence de Suiri. Mieux valait, dans ce cas, ne pas essayer de mentir. 

Elle frappa trois coups sur la porte et abaissa la poignée lorsqu'une voix d'homme la pria d'entrer. Elle tomba sur un immense laboratoire, rempli de tables d'opérations en métal, sur lesquelles reposaient des corps, respectueusement recouverts d'un drap blanc. L'ambiance était froide, tant par sa température que par sa luminosité, et tout paraissait d'une extrême propreté. Dans le fond du laboratoire, un homme aux cheveux blancs était recroquevillé sur son bureau, n'ayant même pas pris la peine de se retourner pour voir qui lui rendait visite.

Gaku se racla la gorge pour attirer son attention et il leva finalement les yeux, qui s'illuminèrent à la vue de la jeune fille.

« Bonjour, je suis ...

-       Je sais qui tu es Gaku. Je suis un ami d'Heiyu. »

La bouche ouverte de Gaku se figea quand elle entendit le prénom de son ancien mentor.

« Nous communiquions beaucoup sur la médecine des différents pays, avant sa mort. Je savais qu'il avait une élève qu'il qualifiait de brillante et il m'avait transmis ton dossier. Mais je ne pensais pas te voir un jour ici. Qu'est ce qui t'amène ? »

Gaku cherchait ses mots, toujours sous le choc. Son ancien professeur ne lui avait jamais parlé d'un ami au Pays de la Mer. Il ne lui avait d'ailleurs jamais parlé d'un ami tout court, il était plutôt du genre solitaire, professionnel et renfermé. Elle cligna des yeux et reprit ses esprits, se souvenant du pourquoi de sa présence en ces lieux. Elle s'approcha du vieil homme et ses yeux se posèrent sur sa blouse, sur laquelle figurait un badge où l'on pouvait lire « Dr Myaku ». 

« Le village de Suna a été sollicité pour résoudre un assassinat qui se serait produit avant-hier dans la forêt qui entoure ce village.

-       Ah oui, histoire tragique. Et tu viens examiner le corps ?

-       Non, je vous fais confiance sur l'examen. En revanche, je voudrais connaître toutes les informations que vous avez pu récolter et qui pourraient nous aider à trouver le coupable. »

L'homme fronça les sourcils et se leva en grognant, comme s'il n'avait pas bougé de son tabouret depuis de longues heures. Il se dirigea vers une des tables et en retira le drap, en intimant à Gaku de s'approcher. La jeune fille découvrit le corps meurtri et recousu de la victime en gardant une expression la plus neutre possible. Il n'était pas si abimé si l'on s'en tenait au corps en lui-même, à l'exception des pieds dont la plante était écorchée, probablement à cause de la course folle qu'elle avait dû mener dans la forêt, essayant d'échapper à son poursuivant. Le visage, en revanche, contrastait complètement. Il était figé dans une expression d'horreur et son cou portait une entaille béante, profonde d'au moins un centimètre.

« C'est la cause de la mort ? interrogea Gaku en pointant la plaie.

-       Oui. Sûrement faite avec une sorte de couteau de cuisine. Rien d'autre. Aucun autre dommage n'a été causé au corps de la victime. Aucune trace d'un quelconque poison ou sédatif non plus. La seule exception c'est ça. »

Il retourna à son bureau quelques instants et ramena la même photo que lui avait tendue Suiri dans l'après-midi. Le foie sur lequel était gravé le symbole de Suna.

« Oui, Suiri m'a déjà montrée cette photo. Ça a été fait avec un scalpel de chakra, n'est-ce pas ? »

Le Dr. Myaku hocha la tête.

« Alors j'ai une question, pourquoi s'être donné la peine d'utiliser un couteau, qui implique une arme et de potentielles empreintes pour faire des dégâts aussi grotesques, si le meurtrier était capable d'utiliser un scalpel de chakra qu'il manie à la perfection pouvant couper dans la chair sans faire de plaie ?

-       Je n'en ai aucune idée. Cet assassin est à la fois un boucher et un brillant chirurgien. »