- Chapitre 5 : Nec temere, nec timide -

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« Stratégie d'la peur pour fair consentir les masses. »

En se glissant dans les draps propres, Gaku demanda à Temari :

« Il nous reste encore une longue distance avant la grotte ?

- On a dû faire les deux tiers du chemin, je pense que si on part assez tôt, on pourrait arriver là-bas avant le coucher du soleil. Mais repose-toi, c'est le plus important. »

Gaku pinça les lèvres. Elle espérait qu'elle ne passerait pas la même nuit que la veille. Elle avait délaissé ses bouquins pour ce soir, elle était bien trop fatiguée pour retenir la moindre ligne. Temari avait déjà fermé les yeux, Gaku fit de même.

Les grincements du plancher sortir assez rapidement la jeune fille de son sommeil. Qui pouvait bien être debout si tard encore ? Elle essaya de se rendormir mais les bruits de pas continuèrent. Ce devait probablement être Kankurô ou Gaara qui avaient oublié quelque chose en bas. Pourtant, elle ne les voyait pas faire tant de bruit. Le pas était lourd et hésitant. Un shinobi digne de ce nom avait reçu un entraînement spécial pour savoir faire preuve d'un minimum de discrétion. Il n'y avait pas de lumière sous la porte, ce qui signifiait que la personne se déplaçait à l'aveuglette. Gaku aurait probablement dû se rendormir à ce moment-là, mais la curiosité avait été plus forte.

La jeune fille se découvrit et posa doucement ses pieds sur le sol en bois, tâchant de faire le moins de bruit possible. Elle prit un unique kunaï dans son sac et se dirigea vers la porte avant de poser son oreille contre celle-ci pour s'assurer que la personne était bien passée. Les bruits de pas se dirigeaient vers la chambre des garçons. Elle entrebâilla légèrement la porte en priant pour que celle-ci ne grince pas. Il faisait bien trop sombre pour que Gaku arrive à discerner plus qu'une ombre qui passa devant la chambre des garçons sans s'y arrêter. La jeune fille fronça les sourcils. La silhouette se dirigeait vers le petit balcon, derrière la porte du bout du couloir. Qu'est ce que venait faire quelqu'un sur un balcon si tard dans la nuit ? Juste après que la mystérieuse forme noire ait franchie la porte menant au balcon, Gaku sortit de la chambre et referma soigneusement la porte derrière elle avant de se lancer à sa poursuite.

L'air frais provenant de dehors arriva aux joues de la jeune fille qui frissonna. Le ciel était dégagé et la lumière réfléchie par la lune lui permit de voir la scène. Le gérant de l'hôtel se tenait là, un pistolet à la main, pointé sur une petite tête auburn qui ne l'avait pas vu.

« Hé ! »

Gaku cria assez fort pour espérer réveiller Kankurô et Temari et pour que Gaara se retourne. Elle lança son kunaï dans la seconde d'après, avec une telle précision qu'elle se surprit elle-même. Celui-ci ricocha dans le pistolet qui glissa de la main du gérant et passa par dessus le balcon, accompagnant l'arme de Gaku. L'homme se tourna vers elle et son expression glaça le sang de la jeune fille. Ses yeux étaient écarquillés, fous, pas de rage mais de peur. Ses cheveux grisonnants étaient plaqués sur son front par la sueur et sa mâchoire était crispée. Elle ne savait même pas s'il la regardait elle ou s'il regardait dans le vide. L'expression de son visage était figée, comme s'il savait pertinemment qu'il allait mourir.

Gaara descendit de la balustrade sur laquelle il était perché. Il était fort probable qu'il eut déjà capté la présence de l'homme avant même que celui-ci n'ait franchi la porte. Cependant, il avait attendu le dernier moment pour agir. Gaku voyait déjà la suite de la scène dans sa tête. Elle allait se passer exactement comme au village le soir précédent, surtout que celui-là avait tenté de le tuer, donc il ne retiendrait pas ses coups. Gaara n'affichait aucune expression. Les bras croisés, sa gourde de sable se déboucha et de fines particules commencèrent à s'élever.

Kankurô et Temari sortirent en trombe de leurs chambres respectives, les cheveux en bataille, pour savoir ce qui déclenchait tout ce boucan. Le gérant profita de cette seconde d'inattention de la part de Gaara pour sortir d'une de ses poches un kunaï, auquel était accroché un parchemin explosif. Gaku écarquilla les yeux. Il n'y avait aucune issue. Qu'elle saute du balcon ou recule vers le couloir, elle ne s'éloignerait jamais assez de l'explosion pour que celle-ci ne cause pas sa mort. Dans la seconde qui suivit, elle envisagea tous les scénarios possibles. Aucun ne pouvait marcher. C'était sans issue. Dans un élan de désespoir, elle plaça son bras devant son visage, par réflexe, même si elle savait pertinemment que ça ne changerait pas la tournure des choses. Le gérant murmura le mot « explosion » pour briser le sceau. Gaara bondit vers Gaku, Temari et Kankurô et eu le temps de former une coque de sable qui devait les protéger. Le kunaï explosa. Gaku s'accroupit, espérant que la sable résisterait à la force de la déflagration.

Après cinq secondes, elle rouvrit les yeux. La coque de sable était très légèrement fissurée mais avait très bien tenu. Gaara se tenait devant elle, les bras tendus vers l'avant, pour donner plus de résistance au sable. Temari et Kankurô étaient derrière, semblant à peine comprendre ce qu'il venait de se passer. Cinq longues secondes se déroulèrent encore, pour s'assurer que le danger était réellement passé. Le cœur de Gaku battait tellement fort qu'elle sentait le sang affluer jusque dans l'arrière de son crâne. La protection de sable se désagrégeait progressivement, jusqu'à ce que la totalité du sable regagne la jarre qui ne quittait jamais le dos de Gaara. La scène qui se trouvait devant les yeux des quatre compagnons de voyage les frappa de stupeur.

Gaku's ChroniclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant