Chapitre 23 : Monroe

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Trois jours se sont écoulés depuis que je l'ai déposé devant chez elle. Trois putains de jours ! Je suis à cran, j'ai une boule au ventre, tellement j'ai peur pour elle.

Ce n'est pas bon, pas bon du tout. Je fais des conneries, je ne suis pas concentré, et ce gros trou du cul qui ne me donne toujours pas de signe de vie. Si je savais au moins où le trouver mais même pas ! Je suis là comme un con, en aveugle, à attendre des informations.

Lundi ça m'a tellement rendu fou de ne pas savoir comment elle allait, que je me suis planqué pour la regarder rentrer chez elle. Mon dieu, j'ai l'air d'un cinglé de harceleur. J'ai essayé de mon convaincre que ce n'était que pour une fois. Mais j'y suis retourné le lendemain, et on est mercredi et je suis en planque dans ma caisse en attendant qu'elle pointe le bout de son joli nez. Je suis complètement mordu, je n'en reviens pas qu'après toutes ces années, je suis encore comme un ado devant son premier crush.

Je me suis mis assez loin pour ne pas être repéré. D'où je suis, je peux voir les personnes qui entrent et sortent de l'immeuble, enfin surtout les silhouettes, mais je n'ai besoin de rien d'autre pour la reconnaitre. Je veux juste être sûr qu'elle rentre chez elle indemne.

Je regarde l'heure sur mon portable, j'ai trois appels manqués de Bart, et un message, il veut savoir ce que je fous, je passerais peut-être au Jabba après. Il commence à flipper avec mon comportement. Faut que je me reprenne ! 19h15, elle ne devrait pas tarder.

***

Ça fait une demi-heure que je surveille les allées et venues des passants, certains entrent dans son immeuble, mais toujours pas d'Agnès en vue. Je commence à voir rouge.

Elle est peut-être rentrée plus tôt, où elle avait quelque chose de prévue. Je devrais y aller, je le sais, mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Je regarde mon téléphone portable sans cesse. J'espère quoi au juste ? Qu'elle m'appelle ? Qu'elle m'envoie un texto? Alors Bien que je lui ai interdit de le faire...

Je ne sais pas combien de temps je reste là à attendre, j'ai arrêté de regarder l'heure. Le soir commence à tomber, et elle n'est toujours pas là. Je m'imagine les pires scénarios, avant de me raisonner, ça ne sert à rien de tomber dans la paranoïa.

Les lumières aux fenêtres de l'immeuble commencent à s'allumer, je me dis que l'une d'elles et celle d'Agnès, mais comment savoir ? Je ne connais même pas son numéro d'appartement ni l'étage où elle vit.

Je pourrais aller voir sur la boîte aux lettres, ou la sonnette ça doit être noté. Oui, c'est la solution comme ça je saurai, je pourrai me rassurer. Encore une fois, je ne sais pas qui j'essaie de berner mais ça ne fonctionne pas très bien. Je sais que si je connais son numéro d'appartement, je devrais lutter contre moi-même, pour ne pas y monter.

Oh purée ! Je ne me reconnais plus ! Pourquoi j'agis comme ça au juste ? Je fais n'importe quoi, je saborde ma mission, alors que je devrais m'impliquer à 200%. Surtout que je risque de mettre Agnès en danger. Mais c'est plus fort que moi je flippe qu'ils s'en prennent à elle, d'un côté comme de l'autre, je ne peux faire confiance à personne.

Je décide d'aller voir dans le hall de l'immeuble, "c'est pire que pas raisonnable", je le sais. Et si je tombe sur elle, qu'est-ce que je fais ? Lui dire la vérité est impossible, elle me prendrait pour un de ces pervers qui suit les filles pour les prendre en photo à leurs dépens. J'attrape un sweat à capuche qui traine sur ma banquette arrière, l'enfile et je sors dans la rue. Je mets la capuche, baisse la tête et enfonce mes mains dans les poches. Je traverse la rue, et me dirige vers l'immeuble, il pleut, alors je presse le pas.

J'arrive devant l'immeuble, il n'y a quasi pas de noms de renseigner sur les sonnettes, et le peu qui y sont, sont à moitié effacé par le temps.

Super comme plan ! Je regarde dans le hall, juste en face des portes vitrées, il y a les boîtes aux lettres qui me font de l'œil, la porte n'est même pas verrouillée. N'importe qui peut accéder dans le hall, ce n'est pas top niveau sécurité ça.

Il s'agit d'un immeuble de six étages avec deux appartements par étage, je ne mets pas longtemps à trouver la boîte aux lettres au nom de Agnès Delanay, Appartement 4A.

J'allais faire demi-tour, lorsque j'aperçois un couple traversé la rue en courant, ils se sont abrités de la pluie sous une veste et se dirigent vers la porte de l'immeuble où je me trouve. Par réflexe, je me planque dans le recoin entre les murs de boîtes aux lettres et celui de l'ascenseur.

Je ne les vois pas, mais j'entends la porte s'ouvrir, suivi d'une voix féminine, sa voix.

- T'as vu j'ai raison ! Tu critiques mon fourre-tout, mais au moins il y a un parapluie dedans !

J'entends le rire de son compagnon, et des bruits de pas dans les escaliers. Quand je suis sûr qu'ils sont éloignés je sors de ma planque, et retourne à ma voiture à toute vitesse.

J'ai été abruti ! Complètement abruti !

La pluie s'est intensifiée, si bien que, quand j'arrive à ma voiture je suis trempé. Et malgré ça, je bouillonne ! J'ai véritablement la haine ! Je suis dégouté et surtout je ne comprends plus rien. Elle m'a dit qu'il n'y avait personne, alors c'est qui ce mec ?

Même si avec les années, j'ai appris à contrôler ma jalousie, ça ne m'empêche pas de ressentir un pincement au cœur, au milieu de toute cette agressivité. Ce n'est même pas à elle que j'en veux, mais à moi, et seulement à moi !

Faut vraiment que j'arrête ! Je suis mazo ! Je dois me mettre dans la tête que jamais elle ne m'aimera comme moi je l'aime ! Elle ne me voit que comme un ami. Je dois me sevrer. Ça peut paraitre un peu fort comme mot, mais c'est la vérité ! Cette semaine je ne remettrai pas les pieds ici.

Elle ne craint rien, et n'a pas besoin de moi, je vais sortir de sa vie. C'est ce qu'il y a de mieux pour tous les deux.

Juré ! Caché !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant