Chapitre 39 : Tino

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Comment est-ce qu'on a pu laisser ça arriver ?

Deux chargements interceptés et maintenant nos vendeurs qui se font approcher par la police. Non mais vraiment on va où ? C'est quoi la suite ?

À la fin de cet entretien, je vais prendre quelques minutes pour appeler ce bon à rien de Barney. Même si je sais pertinemment qu'il ne sera au courant de rien. Je me demande vraiment pourquoi nous continuons à le payer, si ça ne tenait qu'à moi je ne m'encombrerai pas avec cette personne.

Je me perds dans le cheminement de mes pensées, au point que j'en oublie les deux baltringues qui me font face. Même si la situation me contrarie je ne laisse rien transparaître.

Toujours rester indéchiffrable pour ceux qui nous sont hiérarchiquement inférieurs, enfin c'est vrai pour tout le monde, mais particulièrement avec les personnes qui sont payées pour faire vos basses besognes. Un seul signe de faiblesse de ma part, un seul, et les rats quitteront le navire plus vite qu'il n'en faut pour le dire, en laissant le capitaine coulé avec le bateau. Il est tout à fait inenvisageable que ce genre de chose m'arrive, pas à moi. Jamais. 

- Bart, Monroe, merci pour ce retour. Je vais prendre le relais avec Javier.

Les deux acolytes échangent un regard, hochent la tête puis sortent de mon bureau, sans un mot.

Je n'aime pas cette situation, non vraiment pas mais ça ne me ressemble pas de rester à rien faire. D'un autre côté si je m'implique davantage, je prends le risque d'être mis sur le devant de la scène. Le danger est trop important, pour ne pas être pris en considération, mais d'un autre point de vue, à qui puis-je confier la suite des opérations ?

Je refuse de sombrer dans la paranoïa, mais je ne peux pas me voiler la face non plus, et faire confiance à autrui est un luxe que je ne peux pas me permettre.

Quelques coups à ma porte me sortent de mes réflexions. Je demande au nouveau venu d'entrer. Taylor pénètre dans mon bureau.

- Bonjour patron.

- Crois-moi Taylor, ce n'est pas un bon jour.

Rapidement je donne mes directives à Taylor, pour qu'il organise une entrevue entre Javier et moi, dans un endroit qui ne soit ni le blue moon, ni le Jabba, ni aucun autre club lié à l'organisation. Je lui demande également de prendre des dispositions pour augmenter la surveillance autour de mes chefs de secteur.

- Après ce qui s'est passé avec Javier, je veux leur prouver qu'ils peuvent compter sur mon soutien.

- Et c'est aussi la meilleure façon de les surveiller.

- Tiens donc ! Je n'y avais pas songé. Dis-moi Taylor ai-je l'air d'un minot qui découvre son boulot ? J'ai encore du lait qui me sort du nez ?

- Ce n'est pas ce que je voulais insinuer patron, je me permettais simplement de suivre le fil de vos pensées.

- Contentes-toi de rester à ta place et de faire ce que je te dis, c'est pour ça que tu es payé après tout.

Il hoche la tête et s'excuse de nouveau.

- Fais en sorte que ma voiture soit prête, je pars d'ici cinq minutes.

- Bien sûr.

J'ai des choses à régler, à organiser et coordonner mais je préfère jouer la sécurité et donner mes ordres depuis un endroit où aucune oreille indiscrète ne pourra traîner.

Dès que Taylor sort de mon bureau, je compose le numéro de Barney et tombe directement sur son répondeur.

- Barney nous avons des problèmes, enfin quand je dis nous je parle surtout de toi. Rappelle-moi au plus vite.

Je raccroche, et sort de mon bureau pour rejoindre la voiture. Sur le trajet je suis rejoint par Mojo et Rogers. Je traverse le bar, je sens bien les regards en coin, et le silence qui se fait comme à chacun de mes passages, mais je n'accorde mon attention à personne dans cette salle. Je presse le pas suivi de mes deux gardes du corps. Mojo reçoit un message et m'informe que la voiture est prête, je hoche la tête et sors du bar.

Rogers me tient la portière avant de faire le tour pour s'installer à mes côtés tandis que son frère prend place à l'avant.J'annonce à Ava que je souhaite aller chez moi, elle me regarde en deux fois, c'est vrai que c'est plutôt inhabituel à cette heure, mais qu'importe. Elle s'insère dans la circulation.

Mon téléphone vibre, je vois le nom de Barney s'affichait sur l'écran, il a vraiment le don de rappeler au mauvais moment, je refuse l'appel.

Mon domicile étant excentré du centre-ville, nous sommes obligés de le traverser, et la circulation à cette heure est juste catastrophique. J'ai hâte qu'on sorte de ses interminables bouchons, les klaxons et tout autre bruit de circulation de toute cette populace me débectent au plus haut point.

La voiture ralentie, je lève les yeux, agacé de constater la raison pour laquelle nous n'avançons que très lentement, encore un de ses fichus contrôles de police.

- Ava ! Qu'est-ce que tu attends sors nous de là !

- C'est un simple contrôle...

- J'ai dit sors nous de là.

- Très bien.

En un mouvement de tête rapide, elle vérifie l'absence de voiture sur la voie d'en face, et s'y insère à contresens, elle accélère et j'entends le moteur de la berline ronronné, la route est large, elle parvient donc à esquiver deux voitures en se serrant à la piste cyclable. Bien sûr, nous recevons insultes et coup de klaxons mais qui se préoccupe de l'avis des autres ? Pas moi !

Nous arrivons au rond-point où le contrôle a lieu, Ava accélère et s'insère dans la circulation au nez des autres usagers. Nous continuons notre chemin, quand une sirène se fait entendre au loin.

- Génial... Marmonne Ava.

La voiture de police se rapproche malgré la circulation, Ava accélère l'allure, la route sur laquelle nous sommes ne nous laisse qu'une option, allait tout droit. Nous sortons de la ville et nous circulons maintenant sur une double voie, Ava zigzague entre les différentes voitures, et garde le véhicule de police à distance, mais il nous course toujours. En accélérant, Ava se rapproche de deux berlines plus ou moins identiques à la notre, niveau couleur et modèle, elle double les deux véhicules et freine d'un coup sec, obligeant le premier véhicule à se déporter sur la file de gauche, il accélère, et l'automobiliste nous partage son agacement. À l'approche d'une sortie Ava se déporte pour sortir de la voie rapide, espérant que les trois berlines de couleur, et de modèle similaire parviennent à semer le doute. Gardant une vitesse raisonnable, pour ne pas paraître suspecte, nous sortons, à première vu nous ne sommes pas suivis. 

Ava fait des tours et des détours afin de vérifier que nous sommes effectivement sortis d'affaire. Je lui indique l'adresse de mon garagiste, puis je prends mon téléphone et contacte Giovanny, il va me valoir une nouvelle voiture, j'ai bien l'impression que celle-ci est grillée.

Juré ! Caché !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant