Chapitre 40 : Agnès

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Assise à mon bureau je me perds une fois de plus dans la contemplation du fond d'écran de mon téléphone portable. Je sais que c'est une perte de temps, ce n'est pas comme si fixer ce maudit écran allait faire en sorte qu'il se mette à vibrer et qu'enfin ce sera son nom d'affiché, en tout qu'à depuis deux jours ça n'a pas fonctionné. Deux jours ... c'est long, trop long j'attends de ses nouvelles, j'essaie de rester positive mais c'est compliqué. J'ai envie de lui envoyer un message, mais j'ai peur de mal faire, alors je m'abstiens. Surtout qu'il m'a dit qu'il allait m'appeler alors il va le faire, n'est-ce pas ?
Oui. Si Clément a dit qu'il me contactera, il le fera, j'en suis certaine.
Je range mon téléphone dans mon sac à main, c'est la seule solution que j'ai trouvée pour m'empêcher de ne penser qu'à ça au détriment de mon travail. Ce n'est pas super-efficace mais je n'ai pas mieux pour le moment.
J'enfile le casque relié au standard, et commence à traiter les courriels reçus sur l'adresse du magazine.

Pour le moment, il n'y a que Marc et moi qui sommes arrivés, nous nous sommes salué mais sans plus. Ce n'est pas comme si nous avions l'habitude d'échanger pour autre chose que le travail.
Faut dire que d'un côté il est plutôt réservé, et d'un autre côté, dans notre boulot le respect pour les secrets qui entourent la vie privée d'autrui est inexistant. Du coup je le comprends de plus en plus, être discret et protéger ses petits secrets devient carrément une priorité. Même si je sais bien que ma petite vie n'intéresse personne, on peut vite se retrouver mêlé à des histoires qui nous dépassent.

Après plus de deux heures de travail et malgré mon évident manque de concentration en début de matinée, j'ai quand même réussi à bien avancer sur ma « to do list ». Je suis plutôt fière de moi, parce que soyons honnête, c'était loin d'être gagné. Alors que je finalise la paperasse pour valider les remboursements des frais professionnels du mois dernier, Jerry entre dans le bureau, la mine contrariée, ça ne laisse rien présager de très positif. Nous sommes à mille lieues de son « bonjour » plein de gaité qui justement annonce les bons jours.

- Agnès.

Je sursaute n'ayant pas fait attention à Jerry qui était revenu de son bureau pour se poster à côté du mien, toujours avec son air des mauvais jours.

- Dès que Laurie arrive, je veux vous voir toutes les deux dans mon bureau.

Je me contente de hocher la tête de toute façon ce n'est pas comme si il attendait une réponse de ma part, puisqu'il a déjà disparu dans son bureau.

Il est plus de dix heures et toujours pas de Laurie en vue. J'attrape mon portable et lui écrit un texto pour lui demander si tout va bien. En temps normal elle n'est jamais en retard, ou du moins si c'est le cas, elle me prévient.

Je n'ai même pas le temps d'appuyer sur envoyer que je la vois débarquée, débraillée et clairement consciente d'être à la bourre.

Elle jette ses affaires sur son siège de bureau, je remarque rapidement sa robe noire, qui n'est clairement pas le type de tenue qu'elle porte pour venir bosser.  Elle me salue d'un geste timide de la main, en s'excusant.

- Désolée, j'ai loupé le réveil.

- Tu n'as pas dormi chez toi ?

Elle n'a même pas le temps de me répondre que Jerry nous interpelle depuis son bureau. Laurie m'interroge du regard, d'un haussement d'épaules je lui fais comprendre que je n'en sais pas plus qu'elle.

Juré ! Caché !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant