Chapitre 31 : Monroe

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Qu'est-ce que cet enfoiré fout ici ?! J'ai envoyé Agnès chez elle, je n'ai pas envie qu'elle en sache trop. Mes mains sont agrippées à la veste de ce connard de Jeremy. Il affiche toujours son petit regard suffisant. Visiblement il est content de m'avoir grillé.

- Tu vas me lâcher maintenant ?

- Ça dépend tu comptes m'expliquer ce que tu fous ici ?

Il hausse un sourcil.

- Tu veux en parler au milieu de la rue ?

Je le lâche après l'avoir une nouvelle fois plaqué contre le mur. Il me fait signe de le suivre, je rentre dans cet immeuble, où je ne suis venu qu'une seule fois alors que j'essayais de savoir comment aller Agnès. Il emprunte les escaliers, je le suis. Mais je commence à voir rouge au fur et à mesure que nous montons les étages, finalement quand il passe devant la porte de l'appartement 4A, pour se diriger vers le 4B. J'explose.

- Tu habites en face de chez elle, tu te fous vraiment de ma gueule ?

- Tais-toi et entre !

J'ai besoin de ses explications c'est la seule raison pour laquelle j'essaie de prendre un peu sur moi. Je rentre dans son salon, et le regarde fermer la porte. Il se dirige vers son frigo me lance une canette de soda, s'en prend une également et s'installe sur son canapé. On dirait bien que Monsieur n'est pas pressé. Je prends les devants.

- C'est l'agence qui t'envoie ?

- Tu es futé toi, dis donc.

- Pourquoi ?

- A ton avis ? Tu me poses la question ? Tes infos ne mènent nulle part ! On a intercepté seulement deux chargements et ce n'était même pas ce qu'on cherchait !

- La faute à qui ? Qui m'a foutu dans cette impasse ? C'est l'agence ! Je n'ai aucun moyen d'avoir plus de renseignements que ça, du moins pas au poste où je suis !

- Admettons, et comment tu expliques cette période sans nouvelles de toi ?! On a même cru que tu t'étais fait choper !

- C'est pas le cas.

- Non j'ai vu. Alors tu imagines bien que quand tu t'es acharné à nous recontacter. On a creusé un peu. Il pouvait te tenir autrement. Alors on a fouillé du côté de ta petite famille, on a rien trouvé. Mais en cherchant un peu plus, on a trouvé les traces d'une blonde, qui justement venait de déménager. Étrange coïncidence.

Je sers les poings, je n'aime pas la tournure que prend cette conversation.

- Ça a été assez facile de la retrouver. Et puis on s'est dit qu'avec le temps elle te conduirait à nous.

- Me rappeler ce n'était pas plus simple ?

- Et me priver de la tête que tu as fait en me voyant sortir ? Jamais !

Il est mort de rire. J'en ai assez entendu. Je m'avance vers lui et le chope par le devant de sa veste. Je vais lui en coller une dans sa petite gueule de con prétentieux. Sauf que cette fois il ne se laisse pas faire, et je me retrouve à bouffer le sol sans l'avoir vu venir.

- Ne joue pas au con avec moi Clément.

Je me relève, mais je me tais. Je ne préfère pas me la ramener pour le moment.

- C'est quoi la suite alors ?

- Ça dépend de toi, t'es toujours un des nôtres, ou t'es uns des leurs ?

- Tu oses me poser la question ?

- Oui ! Regarde-toi ! Tu parles comme eux, tu te bats comme eux, tu bois et tu baises avec eux !

- Arrête !

- Quoi j'ai tort ? Dis-moi MON-ROE sais-tu seulement qui tu es vraiment ?

- J'ai rien oublié, ok ? Je n'ai pas le choix si je veux survivre je dois devenir l'un des leurs, sinon ma mission n'attendra jamais son but !

- T'es sûr de toi ?

- Certains.

- Ok je préfère ça. Ça m'aurait fait chier de griller ta couverture.

Il me sourit mais je ne suis pas con, j'ai compris la menace cachée. Il sait très bien que si je venais à être découvert par Tino et son réseau, tous ceux que j'aime seraient en danger.

Maintenant que l'agence sait pour Agnès ils vont l'utiliser comme un moyen de pression sur moi, pour que je sois plus impliqué dans mes recherches.

Mais si je me fais choper par Tino ça sera encore pire pour elle comme pour moi.

- Bon maintenant que certains détails ont été réglés.

Il m'invite à m'assoir, avant de poursuivre.

- Ça commence à bouger un peu plus haut, les chargements qu'on a interceptés n'avaient pas grande importance dans notre enquête, mais Galliano a compris qu'on était après lui. Il cherche à éliminer ses traces, nous avons découvert qui était sa taupe. Du coup, l'agence filtre les informations qui arrivent jusqu'à lui. Ça nous a permis de couvrir tes arrières, il a fallu sacrifier un indic, mais aux yeux de l'agence valait mieux lui que toi.

- Ça va encore plus me compliquer la tâche.

- Au contraire ! C'est maintenant qu'il va commencer à faire des erreurs.

Je ne relève pas, mais je dois dire que même sous pression j'imagine mal Tino faire des conneries pouvant le compromettre.

- Il est temps pour cette mission d'avancer un peu plus rapidement.

Il me toise sûr de lui, ça fait trois ans que je suis ici, je connais mieux le réseau que lui. Et contrairement à ce qu'il peut croire ce n'est pas sa présence qui va faire accélérer les choses. Son côté arrogant me fait enrager. Je préfère me tirer de son appart de merde avant de péter un plomb pour de bon. Il me suit et pose sa main sur la porte me barrant la route.

- Je te recontacterai.

- Ok.

- Je vais t'avoir à l'œil.

- J'avais compris.

Je serre le poing.

- Une dernière chose, évite de la mêler à ça.

- C'est toi qui dis ça ?! Vous l'avez utilisé comme un appât !

- C'était juste un conseil.

- Merci mais tu peux te le garder ! Reste loin d'elle !

Je le bouscule et dégage enfin de cet appart. Je me dirige vers l'escalier sans lever les yeux vers sa porte. Je descends à peine quelque marche, que je crève d'envie de faire demi-tour.

Bordel ! Quand il s'agit d'elle je n'ai aucune volonté !

Juré ! Caché !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant