Juré ! Caché !

Chapitre 24 : Agnès

- Alors c'était comment ton rencard avec le beau blond musclé ?

Je pique ma fourchette dans mon assiette de pâtes, avant de répondre en levant les yeux au ciel.

- Ce n'était pas un rencard.

- Mais oui ! Et moi je suis la grande duchesse de Russie !

- Je t'assure Laurie, c'en était pas un !

Elle pointe sa fourchette vers moi, avec un air des plus sérieux.

- Vous avez bu un verre ?

- Oui et ?

- Vous avez mangé ?

- On a partagé un plateau de tapas, en fait.

- Tu le trouves drôle ?

J'hésite une seconde avant de répondre, il faut bien avouer que Jeremy est canon, plutôt drôle, et assez gentil, mais imaginer quelque chose ... avec lui ?

- Oui, il l'est, mais...

- Mais quoi ? Agnès, il faut que tu arrêtes de vivre dans le passé ! On ne fait pas sa vie avec des fantômes.

Je baisse les yeux vers mon assiette, si elle savait à quel point mon fantôme est bien vivant. J'aimerais tellement pouvoir lui en parler. Elle prend mon silence pour une confirmation, alors elle enchaine.

- Ecoute, je ne te dis pas de faire ta vie avec ce Jeremy. Mais franchement on ne peut pas passer sa vie au régime, de temps en temps il faut savoir se faire plaisir ! Et puis honnêtement, il est beau, sexy, gentil, et bizarrement il semble s'intéresser à toi !

J'ouvre la bouche faussement vexée par sa dernière remarque, c'est le genre de petite pique qu'on a pris l'habitude de se lancer. Je lui jette un morceau de pain dans son assiette.

- Garce !

Nous explosons de rire.

- Bon ! Passons à un sujet beaucoup plus intéressant !

Je hausse un sourcil en attendant la suite.

- Tu sais ce que tu vas mettre demain ?

- Demain ?

Je demande innocente.

- Tu me fais marcher ! C'est impossible que tu aies oublié !

- Bien sûr que je n'ai pas oublié ! Comment j'aurais pu avec Jerry qui ronchonne tous les jours à la perspective du gala de charité !

- Je te parie qu'on va le voir débarqué à la soirée !

Nous rigolons toutes les deux, avant qu'elle me menace de nouveau avec sa fourchette.

- Mais tu n'as pas répondu à ma question.

Pour être honnête, je n'y ai pas réfléchi une seconde, mais si je réponds ça à Laurie, elle va me trucider.

- Je pensais à ma combi-short blanche avec les fleurs rouges, mais j'ai peur que ça fasse un peu trop plage.

Elle me semble peser le pour et le contre.

- Non avec les bons accessoires ça peut le faire, et puis tu as raison de privilégier un vêtement léger, la dernière fois Andrea avait mis un jean ! Tu imagines un jean pour aller en boite ! Bref.

- Et toi ? Tu sais ce que tu vas mettre ?

Je lui pose la question pour la forme, je la connais assez pour savoir que ça fait une semaine qu'elle a déniché la robe « PAR-FAI-TE » ! Elle dégaine son portable à la vitesse de l'éclair pour me mettre sous le nez la photo de la robe en question.

Elle s'est prise en photo, avec une robe rouge qui lui va à merveille, elle est moulante, et lui arrive à mi-cuisse, elle est légèrement décolletée, assez sexy pour la mettre en valeur, mais sans être vulgaire, comme je l'ai dit : parfaite.

- Tu es magnifique.

- Merci, tu es adorable.

Elle me sourit, heureuse que je valide son choix. Nous continuons de manger en papotant de tout et de rien, elle essaie encore de me tirer les vers du nez pour mon « rencard » avec Jeremy, elle aimerait des détails croustillants. Mais il n'y a rien d'exceptionnel à raconter, nous avons passé un moment agréable, il ne m'a pas beaucoup parlé de lui, préférant me retourner les questions, ou les éludant carrément. Et pour finir, au plus grand désespoir de Laurie il n'y a pas eu de rapprochement physique.

- Même pas un bisou légèrement désaxé ? Même pas un effleurage de main ?

Je secoue la tête en signe de négation à chacune de ses propositions.

- Rien ? De rien ?

- Et bien ...

- Dis-moi TOUT !

- On est rentré à pied, puisque nous n'étions qu'à quelque rue de l'immeuble. Il s'est mis à pleuvoir, nous avons couru, comme la pluie tombait de plus en plus, nous nous sommes abrités sous un porche. Nous avons attendu dans l'espoir que ça se calme un peu, mais ça n'a pas été le cas alors il a retiré sa veste pour nous abriter un petit peu, et nous avons couru sous la pluie.

- Et ?

- Et nous sommes rentrés chacun chez soi.

- Quoi ? C'était le moment parfait pour un baiser passionné sous la pluie !

- Sauf qu'on n'est pas dans un film Laurie !

Elle fait une moue de bébé avant de poser son visage sur ses mains.

- Moi aussi je veux être Rachel McAdams pour embrasser Ryan Gosling sous la pluie.

- Ok mais sans la barbe alors !

- Et sans la maladie dégénérative !

Nous rigolons encore de bon cœur, nous avons vu N'oublie jamais une centaine de fois, rigolant et pleurant à l'unisson, toujours pendant les mêmes scènes.

Nous avons fini de manger, nous débarrassons nos plateaux avant de sortir du restaurant self.

- Pour demain, tu préfères qu'on se prépare à deux chez toi ? Ou que je passe te chercher ?

- T'as vraiment envie de déménager ta salle de bain ?

- Pas vraiment non, me répond-elle pensive, je passerai te prendre c'est mieux !

- Je pense aussi !

- Par contre Agnès..

Elle prend un air sérieux tout d'un coup, qui me fait m'arrêter. Je l'invite à finir sa phrase.

- ... essaie de dormir, tes cernes sont de plus en plus visibles depuis lundi.

Moi qui penser avoir réussi à cacher mes insomnies, je faisais fausse route. Mon anticerne ne doit pas être si efficace que ça.

- Je ne suis pas complètement stupide, et je te connais. Je sais que quelque chose ne va pas, je veux juste que tu saches que je suis là.

Elle pose une main réconfortante sur mon épaule. Je suis à deux doigts de fondre en larmes, de craquer et de tout lui avouer. Je lui souris faiblement en guise de remerciement.

Ça me fait tellement bizarre de lui cacher quelque chose, depuis qu'elle fait partie de ma vie, je n'ai jamais eu de secret pour elle. Ça me dérange un peu, mais plus j'y pense, et plus je me dis que pour la sécurité de Clément il vaut mieux qu'elle ne sache pas qu'il est en vie. Elle serait capable de le tuer pour de bon.