Chapitre 44 : Agnès

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- Aïe !

Je me retourne en direction de Laurie qui vient de me balancer son bloc de post-it en forme de cœur.

- Qu'est-ce qui te prend ?

- Tu baves littéralement sur l'agenda du patron.

Je lève les yeux au ciel, heureusement que pour le moment nous ne sommes qu'a deux dans le bureau, parce que je dois bien avoué que je suis complétement dans la lune.

Laurie fait rouler sa chaise de bureau dans ma direction.

- Alors tu vas le revoir ?

- J'en sais rien pour le moment, je dirais que oui, mais je ne sais pas quand...

- Bah tu vas pas attendre que MON-SIEUR accepte de t'accorder du temps, tu veux le voir va chez lui.

- Ce n'est pas si simple.

- Tu sais où il habite ?

J'acquiesce.

- Il est casé ? Parce que là c'est sure que tu peux pas te pointer à sa porte sans rien sous ton manteau.

- A poil sous mon manteau ?? Sérieusement qui ferait un truc pareil ?

Laurie marque un temps d'arrêt en me fixant, avant de reprendre.

- Humm bref ! Alors il est casé ?

- Non ! Bien sûr que non !

- Alors je ne vois pas où est le problème.

Je reporte mon attention sur mes mains, je triture mon stylo, cherchant quoi répondre.

- Disons que, c'est juste que ... enfin je ne peux pas y aller c'est tout.

- Toi, Agnès tu ne peux pas y aller ?

- En gros oui.

- Mais une autre pourrait ?

J'interroge du regard mon amie, alors qu'elle repart s'installer à son bureau, tout en affichant sa mine de conspiratrice. Je n'aime vraiment pas ce regard.

***

- Laurie ! Je peux pas sortir comme ça dans la rue !

J'aurais mieux fait de me méfier davantage, après le travail, elle est repassé chez elle, puis m'a rejoint à mon appart, avec la « solution à mon problème».

Et me voilà affublée d'une tenue qui ne me ressemble absolument pas, sans parler de cette perruque couleur de jaie.

- Mais si, tu peux !

Je tire sur le bord de la robe noir, en matière simili cuir, et ultra moulante qu'elle m'a forcé à enfiler. Bien que ce ne soit clairement pas le genre de robe que j'ai l'habitude de porter et pour couronner le tout, je ne suis pas du tout à l'aise.

- J'ai l'air d'une pute !

- Merci pour moi ! Je te signale que c'est ma robe !

- Oui mais sur toi, elle rend nettement mieux.

- Mouais, vas-y essai de te rattraper !

Elle part fouiner dans mon dressing, et ça me permet de grappiller quelques minutes de répit, dont je profite pour retirer la perruque. Je m'apprête à lui demander ce qu'elle fabrique avec ce genre de chose, mais une petite voix intérieure, me fait réaliser qu'à la réflexion je n'ai pas envie de savoir le pourquoi du comment.

Et de toute façon je n'en aurai même pas eu le temps, parce rapidement elle déboule de mon placard avec une paire d'escarpins à la main.

- Mon dieu Agnès ! Mais ces chaussures sont fabuleuses ! Pourquoi tu ne les porte jamais ?

J'hausse les épaules, et attrape les chaussures qu'elle me tend. J'enfile la paire d'escarpins au talon interminable, et que j'avais acheté sur un coup de tête parce qu'elle me faisait penser au Louboutin que porte Christina Aguilera dans Burlesque. Mais entre la hauteur du talon, et les paillettes, elles ne m'ont jamais servi à autre chose qu'à défilé dans mon appartement.

Je m'assois sur mon lit, et m'allonge sur le dos, pieds en l'air et je contemple la dépense inutile, que représentent ses chaussures. Laurie s'allonge à côté de moi.

- Pourquoi tu fais tout ça ?

- Parce que tu es mon amie, et que je veux que tu sois heureuse, je t'ai observé tout à l'heure, et dans le bar aussi, tu rayonnes quand tu es avec lui, ça fait plaisir à voir.

Je souris et pose ma tête sur son épaule, elle fait comme moi, et nous restons comme ça quelques minutes, avant que je ne me relève, elle a raison ! Si je me déguise Clément n'a aucune raison d'avoir peur pour moi, et je meurs d'envie de le voir, son idée est complétement folle, mais quelque fois les plans les plus foireux sont ceux qui fonctionnent le mieux.

- Ok je vais le faire ! Mais pas avec cette robe !

- Ok, mais les chaussures sont non négociables, je vais trouver quelque chose dans ton dressing !

Elle a à peine fini sa phrase, que déjà son petit nez fouille partout dans mes fringues.

***

- Je me demande vraiment pourquoi je t'ai écouté !

- Parce qu'au fond de toi tu sais que j'ai raison !

Je soupire et me regarde une dernière fois dans la vitrine en face de laquelle Laurie s'est stationné, j'ai gardé la perruque, nous avons galéré à faire tenir ma tignasse blonde, sous un carré noir de jaie, mais bon c'était assez drôle et le résultat est assez troublant, je dois dire. Dieu merci, j'ai réussi à convaincre Laurie d'opter pour une robe beige un peu plus sage, que celle qu'elle voulait me faire porter de base. J'ai dû faire d'autre concession, mais bon rien qui puisse me faire repérer dans la rue. Nous sommes à proximité de chez Clément, et je préfère qu'elle ne sache pas précisément où c'est. Elle s'est appuyé à sa voiture et termine sa clope, alors que moi je ne tiens pas en place.

- Mais calmes-toi ! Tiens tire une taff ça va te détendre.

Je refuse la cigarette qu'elle me tend. Elle reçoit un message sur son téléphone, termine rapidement sa clope et la jette dans un cendrier à proximité.

- Je vais y aller, ça va aller ?

J'acquiesce. Je la remercie, avant de lui claquer une bise sur la joue. Elle m'attrape par les épaules pour me motiver, comme un coach le ferait avec son poulain avant un match important.

- Tu es belle ! Tu es forte ! Tu vas t'éclater ce soir !

Elle me claque les fesses !

- Hé ! Mais !

- En route championne !

Nous explosons de rire. Et je lui fais signe en m'éloignant seule, j'essaie de marcher correctement avec mes échasses aux pieds. Je me répète d'être naturelle, j'ai l'impression que ma robe remonte, et mes dessous ont beau être sexy, c'est loin d'être les plus confortables qui soit. Plus j'avance, plus je réalise que s'il n'est pas là j'aurais fait tout ça pour rien. Je me vois mal repartir à pied comme ça chez moi. Je m'insulte mentalement de ne pas y avoir penser avant ! Mais je n'ai pas vraiment le loisir de me poser plus longtemps la question, parce que je le remarque de loin sortir d'une voiture qui n'est pas la sienne, et se diriger vers sa porte, il regarde dans ma direction, mais ne semble pas me reconnaître. Intérieurement je souris jusqu'à mes oreilles. J'accélère le pas autant que je le peux, je réfléchis à quoi lui dire. Je pourrais lui balancer la réplique de Sandy dans Grease. Je vois qu'il cherche ses clés devant sa porte, j'en profite, et m'arrête dans son dos.

Je fais les quelques pas qui nous sépare, j'essaie de garder un air sérieux, et une voix la plus sensuelle possible. Malheureusement pour moi, Clément n'a pas l'air d'être le genre à apprécier les surprises. Il se retourne si rapidement, que je n'ai pas le temps d'esquisser un pas sur le côté. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve collé au mur froid de la façade, un couteau sous la gorge.

- Qui êtes-vous putain ?

Il relâche légèrement sa prise, je suis sous le choc, et je ne sais pas comment réagir, du coup d'une voix beaucoup moins assurée et sensuelle que prévu je lui balance la seule chose que j'avais anticipée.

- Vend-moi tes salades mec.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 16, 2019 ⏰

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