Chapitre 41 : Monroe

15 1 0
                                    

- Bonjour Mesdemoiselles.

Elle se retourne brusquement, manquant de me renverser son plateau dessus, heureusement elle le rattrape de justesse. Je sais que j'ai merdé en ne la rappelant pas, mais depuis que j'ai quitté son appartement les choses se sont enchainées tellement rapidement que je n'ai pas pu prendre le temps de la recontacter. J'ai eu peur qu'elle me prenne pour un salaud à cause de ça. Mais vu le grand sourire qu'elle me lance je comprends vite que ce n'est pas le cas.
Elle me salue timidement, et toute rougissante, j'ai du mal à me dire que c'est la même fille avec qui j'ai passé la nuit ce week-end, elle paraissait si sûre d'elle. Qu'importe dans les deux cas elle me fait craquer.
Le regard de la tigresse qui lui sert de copine, passe d'Agnès à moi avec un petit regard satisfait, avant de s'exclamer d'un ton faussement joyeux.

- Hé ! Mais c'est Maeva là-bas ! Je vous abandonne.

- Laurie, qu'est-ce ...

Elle ne laisse pas Agnès finir sa phrase et se faufile vers une brune installée un peu plus loin, y'a pas à dire ce que je préfère chez sa pote c'est quand elle s'éclipse.  Bon, ce n'est pas forcément très discret, mais le résultat y est.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Je me contente de sourire en me demandant si je dois lui avouer que j'ai volontairement fait un détour en allant à la salle de sport, pour passer devant son boulot, en espérant la voir. J'ai vraiment un comportement de stalker. Du coup, je hausse les épaules et opte pour une demi-vérité.

- J'étais dans le secteur et je me suis dit que peut-être je te croiserai.

- Donc tu m'espionnes.

Elle fronce les sourcils, et me lance un regard suspicieux, mais les commissures de ses lèvres trahissent le fond de sa pensée. Nous sommes toujours debout au milieu de la salle du restau. Bien que je n'aie pas de plateau, je l'invite à s'installer.

- Tu ne manges pas ?

- Non mais rien ne m'empêche de te tenir compagnie, enfin si tu veux bien.

Elle jette un regard à son amie, avant d'acquiescer et s'installe à une petite table, l'une des dernières encore disponibles, je prends place en face d'elle.

- Je suis désolée de ne pas t'avoir rappelé.

- Ce n'est rien.

- Ah... donc ça ne fait aucune différence que je t'appelle ou non ?

- Quoi ? Mais non. Je ...

Elle rougit, et me regarde à peine.

- Nés' pourquoi tu fais la timide ?

Elle ne répond rien et elle se contente te remuer le contenu de sa box. Je pose ma main sur la sienne, l'empêchant de continuer ses mouvements circulaires.

- Dis-moi.

- Je me suis sentie comme une idiote.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Pour rien ... enfin si, je suis resté accroché à mon portable comme une droguée. Bref, ce n'est rien, c'est ma faute. J'ai transformé une chouquette en pièce montée.

Elle baisse la tête, elle n'est pas en colère, elle est juste blessée, je suis le roi des abrutis ! N'y tenant plus je me lève et fais le tour de table, pour me poster à côté d'elle, je m'accroupis pour plus ou moins être à sa hauteur, et j'attrape son menton pour l'obliger à me regarder dans les yeux.  Mon regard capte enfin le sien, et je fais abstraction de tout le reste.

- Faut vraiment que tu arrêtes de faire ça.

- Faire quoi ?

- Te replier sur toi-même.

- C'est un moyen de se défendre comme un autre.

- Je t'ai connu plus mordante.

- Je ne suis pas sûre que tu apprécies que je te morde.

Nous rigolons doucement, nos chuchotements et notre proximité nous ont isolés dans un bulle d'intimité, malgré ça je sens des regards curieux pesaient sur nous. 

- Tout le monde nous regarde.

- On s'en fout.

Je m'approche d'elle, c'est à mon tour de faire preuve de « timidité », ou plutôt de retenue. Je la laisse prendre la décision, elle comprend que je lui laisse le choix. Elle se tourne légèrement vers moi, pose ses mains sur mes épaules, et termine le chemin de ses lèvres jusqu'aux miennes. Nous échangeons un baiser chaste, après tout nous sommes dans un lieu public.

Ce baiser est tendre, doux, et rapide, beaucoup trop à mon goût. Mais c'est à elle de prendre la décision. Et elle a raison, c'est plus raisonnable comme ça même si l'absence de ses lèvres contre les miennes, est une vraie torture.

Je retourne à ma place, et le reste de son déjeuner se passe beaucoup mieux, elle est plus souriante, et détendue. Ça fait plaisir à voir. Je suis obligé de me moquer d'elle alors qu'elle se bat avec un fil de gruyère, qui visiblement était bien décidé à la faire galérer jusqu'au bout.
Encore une fois Agnès a cette capacité à me faire tout oublier, c'est la tigresse qui nous ramène sur terre, en nous rappelant l'heure. Elle soupire mais se lève, alors qu'elle attrape son sac à main, j'attrape son plateau et le débarrasse pour elle.
La tigresse me toise de haut en bas, et sors la première en saluant le patron du bar à pates. Nous la suivons et Agnès fait de même, arrivé dans la rue Laurie traverse la rue, et entre dans l'immeuble où se situent les bureaux du ASS mag.

- On se voit bientôt ?

- Je vais tout faire pour.

Elle acquiesce peu convaincue, et m'embrasse furtivement, avant de s'éloigner. Je la retiens par le poignet, et la ramène vers moi, mes mains sur sa nuque je l'embrasse comme si c'était la dernière chose que je ferai sur cette terre.
Le souffle court je la lâche, et lui promet de venir la voir au plus vite. Elle hoche la tête, les joues rouges, et le souffle court.  On échange un dernier baiser, et elle s'éloigne, m'accordant un dernier regard avant d'entrer dans le bâtiment.
Cette fois je vais tenir ma promesse.

Juré ! Caché !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant