Chapitre 28 : Monroe

14 2 2
                                    

Laurie emmène Agnès loin de moi. Je la laisse faire même si au fond j'aimerais mieux la garder près à proximité, pour être sûr que personne ne s'en prenne à elle.

Je pars complétement en vrille dès qu'il s'agit d'elle. Et puis, quelque part je remercie Éric d'être revenu. J'avais tellement envie de lâcher prise, de craquer, de me jeter sur ses lèvres qui me narguent. Mais c'est impossible, je dois garder la tête froide, ne pas céder à mes envies.

Mais quand nos regards se captent, Monroe ou Clément, je ne sais plus du tout qui je suis, ni où je suis, ni même pourquoi. Dans ces moments-là, je sais juste, que je pourrais bruler en enfer pour elle, que je pourrais tuer pour elle. Sa présence, la proximité entre nous tout ça me rend dingue ! C'est obligé qu'elle ait ressenti cette tension entre nous. Je ne suis pas fou quand même !

- Je crois que je suis amoureux !

Je regarde Bart, surpris de sa réaction, mais effectivement il dévore Laurie des yeux, enfin vu qu'elle nous tourne le dos, c'est surtout les fesses de Laurie qu'il regarde.

- Bart sérieux, tu baves là !

- Mais quoi ! Elle est parfaite !

Je lève les yeux au ciel, voilà qu'il devient sentimental.

- Et Molly ?

- Quoi Molly ?

- Fais pas semblant de pas comprendre.

- Lâche-moi, tu veux ! On n'est pas en couple, et tu crois qu'elle fait quoi là ?

- Un point pour toi.

Bart tire son portable de sa poche, et affiche une expression qui ne me plaît pas du tout.

- Dis-moi.

- Javier ne viendra pas.

- Quoi ? C'est bien la première fois qu'il esquive sa propre soirée.

- J'ai envoyé un texto à Agathe, elle vient de me dire qu'il a eu un « impondérable » à gérer au Blue moon.

- Encore une excuse bidon à la Javier. Remarque, s'il est vraiment là-bas, on le coincera plus facilement.

- On ne va pas aller là-bas quand même ! Putain, ça me soûle.

- Ouais, ça fait chier, mais s'il est là-bas on n'a pas vraiment le choix !

- Royce comprendra si c'est demain, vu l'heure de toute façon il est parti.

- Ouais mais...

Laurie débarque, ne me laissant pas finir ma phrase et tant mieux.

- Oh non ! Vous partez déjà ?

Elle s'accroche à Bart, qui cède à ses yeux de biche, malgré ma tentative d'objection. Ils s'éloignent vers une des salles aménagées en bar. Je reste en retrait pour attendre Agnès, qui ne tarde pas à me rejoindre. Je lui tends mon bras.

- Madame.

- Monsieur

Elle s'accroche à mon bras, et nous suivons Bart et Laurie, en souriant comme deux idiots.

Nous commandons au bar, et le temps que nos boissons arrivent Bart et Laurie s'éclipsent pour nous trouver une table. Agnès se tient face à moi, un peu embarrassée elle joue avec ses mains.

- Le courant a l'air de bien passer entre les deux.

Elle dirige son regard vers Laurie et Bart, puis acquiesce.

- Tu crois qu'ils parlent de quoi ?

- De nous, enfin je pense que Bart se plaint de mon comportement de cette semaine j'ai été une vraie tête de con.

- Ah bon ?

Je hausse les épaules, comme pour minimiser ce que je viens de dire.

- Ouais, je n'étais pas dedans, on va dire.

Elle esquisse un sourire.

- J'ai dit quelque chose de drôle ?

- Je dois t'avouer que moi non plus, je n'ai pas été très agréable cette semaine.

- On se demande pourquoi.

- Un vrai mystère.

Le barman pose le dernier verre sur le comptoir. Je prends ma bière et celle de Bart, tandis qu'Agnès récupère son cocktail et celui de sa copine. C'est plutôt inhabituel de la voir boire.

Agnès prend place à côté de Laurie, qui nous regarde du coin de l'œil depuis tout à l'heure. Je rigole en écoutant Laurie taquiner Agnès, elles semblent se connaître depuis quelques années déjà. Mais comme Agnès ne m'a jamais parlé d'elle, je présume qu'elle est entrée dans sa vie quand moi j'en suis sorti.

Agnès est assez discrète, c'est sûrement parce que son enquêtrice d'amie nous noie de questions. Enfin nous, surtout Bart, il en fait des tonnes pour l'impressionner. Je lève les yeux au ciel quelquefois à l'intention d'Agnès qui cache son sourire avec son verre.

- Et donc vous vous êtes connu comment ?

- On bosse ensemble.

- Oh comme nous ! C'est génial, tu n'es pas d'accord Agnès ?

- Un rêve éveillé !

Elles se chamaillent, avant que Laurie reporte son attention sur Bart. Elle s'avance, pose ses coudes sur la table, son visage dans ses mains, offrant une vue plongeante sur son décolleté. J'ai comme l'impression que mon voisin de table n'en loupe pas une miette.

- Vous bossez ensemble ok, mais vous faites quoi ?

Outch ! La question piège. C'est l'avantage de se taper des nanas engagées par Tino, elles ne te posent pas la question.

- On est dans le commerce.

- Le commerce de quoi ?

Je regarde Bart habituellement si sûr de lui se décomposer petit à petit. Le commerce sérieusement ? Laurie continue son interrogatoire. Je prends les choses en main pour sauver mon pote de cette tigresse.

- On fait de l'importation de matière première, c'est un peu compliqué à expliquer et c'est surtout barbant.

Je propose de payer la prochaine tournée pour éviter le sujet, je récupère les verres vides, Bart m'accompagne.

- Le commerce ?

- J'ai paniqué, putain ! Tu voulais que je dise quoi ? Qu'on est payé pour tabasser des dealers s'ils refusent de nous payer ?

- Non mais t'aurais pu répondre qu'on était dans la sécurité.

- La sécurité ? T'as vu notre dégaine ? Pourquoi pas flic tant que tu y es !

Je hausse les épaules, commande les boissons et dirige mon regard vers Agnès, elle discute avec Laurie. Elle doit vraiment ne plus rien comprendre à la situation. Les deux se tournent vers nous, le regard plein d'interrogation. J'ai horreur de lui mentir, mais si elle recommence à me poser des questions, je n'aurai pas le choix. C'est vraiment la merde.

Juré ! Caché !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant