Chapitre 32 : Agnès

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L'inconvénient quand on vit dans ce genre d'immeuble c'est que même sans le vouloir on est témoin de la vie de ses voisins : les travaux, les ébats un peu trop sonore ou encore les disputes.

Je sais que Clément est de l'autre côté du pallier avec Jeremy, je les entends crier. Pas assez distinctement pour comprendre toute la conversation, mais Clément est furieux.

Je sursaute à moitié quand j'entends le claquement d'une porte, puis des pas qui résonnent dans l'escalier. J'ai un petit pincement au cœur j'espérais qu'il passerait chez moi au lieu de se sauver comme un voleur. J'aurais aimé qu'on puisse parler de ce qui s'est passé entre nous dans la boîte, dans la rue et ... dans sa voiture. Je récupère mes sandales que j'avais abandonnées dans l'entrée, et me dirige dans mon dressing où je les jette dans un coin.

Je commence à me déshabillé, j'ai besoin d'une douche, et après je vais essayer de trouver le sommeil, mais honnêtement j'ai peu d'espoir. Je balance ma combi short dans le panier à linge.

Alors que j'allais décrocher mon soutien-gorge, je suis arrêté par trois coups discrets à ma porte.

C'est Clém' ! J'en suis sûre ! Ou peut-être Jeremy ... Oh merde ! Merde ! Merde !

J'attrape le premier truc que je trouve, un vieux peignoir en soie bon marché rose bonbon. Magnifique ! Je l'enfile et serre la ceinture en me dirigeant vers ma porte. Trois coups supplémentaires.

- J'arrive.

Je me mets sur la pointe des pieds pour regarder à travers l'œil-de-bœuf, on n'est jamais trop prudent. Mon cœur loupe un battement quand je vois Clément. Je respire un bon coup, pour prendre mon courage à deux mains, et je déverrouille et ouvre la porte.

Il arque un sourcil quand il aperçoit ma tenue. Je resserre le tissu autour de moi un peu mal à l'aise.

- Je peux entrer ?

- Oui, bien sûr.

Je me recule pour le laisser passer, puis referme derrière lui. Je tourne la clé dans la serrure, avant de me retourner pour lui faire face, j'essaie de cacher mon embarras.

- On doit parler.

- Il faut qu'on parle.

Nous avons pris la parole en même temps, je rigole, et le laisse commencer.

- Je pense que tu devrais partir.

- Quoi ?

Ce n'est pas vraiment le type de discours auquel je m'attendais...

- Tu n'es pas en sécurité ici. Rentre chez toi.

- C'est ici chez moi maintenant ! Et arrête avec ton délire de demoiselle en détresse, c'est suranné comme concept !

- Nes' s'il-te-plaît soit raisonnable. Tu n'as pas conscience de la moitié de ce qui se passe ici !

- Explique-moi alors !

- Je ne peux pas ...

- Désolée, mais c'est insuffisant je ne partirai pas. J'ai mon boulot ici, et puis je t'ai retrouvé toi...

Il ne répond rien.

- Mais si tu ne veux pas de moi je comprends. Ce n'est pas la peine de vouloir m'envoyer à l'autre bout du pays.

Je sens mes yeux piqués. Ce n'est pas le genre de situation que je m'imaginais après nos étreintes passionnées dans la rue. C'est un peu la douche froide.

- Ça n'a rien à voir ! s'énerve-t-il.

- Ah bon ?

Je prends un air hautain pour camoufler l'effet que ses paroles me font.

- Arrête ! Nes' à quoi tu joues ? Putain ! C'est pas une blague ! Pour une fois, écoute-moi et arrête de prendre ça à la légère ! Parce que moi tout ce que je veux c'est protéger celle que j'aime !

- Oh...

Je comprends mieux. Il ne veut pas de moi. Il en aime une autre, et c'est pour ça qu'il veut que je parte. Je suis ridicule, ridicule et pathétique ! Son regard se radoucit. Il semble réaliser ce qu'il a dit, et l'impact de ses mots sur moi.

- Nes'...

Je ferme les yeux, et je secoue la tête. J'en ai assez entendu.

- S'il te plaît, laisse-moi parler.

J'essaie de m'éloigner de lui mais il m'attrape le poignet, et m'oblige à lui faire face.

- Je t'aime.

J'en reste bouche bée. Il soupire avant de continuer.

- Je t'aime depuis qu'on a sept ans. Je ne te l'ai jamais dit, même quand tu t'es mise avec l'autre abruti, ou même quand tu t'es fiancé avec ! J'ai toujours masqué mes sentiments pour toi ! Parce que je savais que ce n'était pas réciproque. Je pensais qu'en partant ça aussi ça partirait ! Que je finirais par t'oublier, j'ai même fini par croire que c'était le cas ! Et il a fallu qu'on se croise ! À l'instant où j'ai posé mes yeux sur toi ! Tout est remonté ! Je me suis pris tous mes sentiments en pleine face ! Et ça craint ! Ça m'rend dingue ! Je t'ai embrassé, parce que j'en ai assez de lutter contre moi-même! Mais ça ne change rien à la situation. Je n'ai pas envie que tu sois en danger par ma faute.

Il a un petit rire nerveux, je le regarde passer sa main dans ses cheveux.

- Excuse-moi, je me suis un peu emballé. Je veux juste que tu comprennes que la situation est sérieuse. Et depuis qu'on s'est retrouvé j'ai l'impression que tu veux me rendre fou.

Je hoche la tête sans savoir quoi répondre. C'est la folie dans ma tête. Il m'aime ! J'ai les joues en feux. Moi aussi j'aimerais pouvoir parler à cœur ouvert comme il vient de le faire, mais j'ai l'impression qu'après ce qu'il vient de m'avouer, tout ce que pourrait lui dire serait fade.

Je choisis une approche différente, et me tourne vers ma bibliothèque, j'attrape la boîte métallique. J'hésite une toute petite seconde, avant de la lui mettre dans les mains.

- Ouvres-la.

Il arque un sourcil surpris, j'avoue que c'est un peu bizarre, la personne à qui vous venez de faire une déclaration enflammée vous donne une boîte en échange. Il soulève le couvercle et lorsqu'il reconnaît ce qu'elle contient son regard s'illumine.

- Est-ce que c'est ?

- Oui, ce sont toutes les lettres que tu m'as envoyées...

- Tu les as toutes gardées ?

J'acquiesce et me rapproche de lui. Je reprends la boîte que je pose sur ma table basse.

Je fais un pas de plus pour me rapprocher de lui, pose ma main sur son torse, et lève les yeux vers lui.

- Et pour ton information je ne joue à rien du tout.

Je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse timidement. Il passe sa main dans mon dos pour me rapprocher de lui, mes bras s'enroulent autour de sa nuque. Ce baiser est beaucoup plus tendre que les précédents, il n'en ait pas moins ardent pour autant.

***

Et voilà le moment de la grande déclaration est arrivé !
Il est extrêmement mignon quand même !
J'espère que vous avez appréciez ce chapitre !
La suite arrive mardi prochain !

Juré ! Caché !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant