Récit de Guerre. Descente aux Enfers

Chapitre 4

La prison, cette fleur noire de la société civilisée.

Nathaniel Hawthorne, La lettre écarlate

~ 12 février 2020 ~

Un violent coup me fait ouvrir les yeux, je suis dans une pièce noire, sombre avec des barreaux, une prison. Un courant d'air glacial me fait trembler. Une souffrance déchirante me transperce les poignets, une marque rouge sang s'est gravée sur ma peau sous les menottes en fer. Je tire sur ces menottes sans écouter les craquements sinistres de mes poignets, une plus grande douleur me martèle.

- Arrête de tirer tu vas te les casser, me réprimande une voix.

- Thomas !

- Oui. Kimmy est avec eux.

- Eux ?

- Les russes, on est dans une de leurs prisons.

- En Russie ? je demande en me collant au mur qui nous sépare.

- Je ne sais pas. On nous a drogués.

- Tu les as vu ? Et Jonathan ? Dis-moi Thomas.

- Je ne les ai pas encore vu, il répond à moitié.

- Et Jonathan ? Thomas je t'en prie, je sens mes larmes se former aux coins de mes yeux.

- Il est... mort.

C'est comme si on venait de m'écraser le cœur, je... je dois rester forte, il y a eu trop de morts en si peu de temps, et je dois rester forte pour eux, pour que leur décès ne soit pas inutile. Je sens mes larmes couler sur mes joues, je les essuie du dos de la main.

- Dalya ?

- Hmm ?

- Tu... ça va ? il s'inquiète.

- Je crois.

- On va s'en sortir, il essaie de me rassurer.

- Je ne crois p...

Des bruits de pas nous arrêtent, des formes sombres se sont arrêtées devant ma cellule. Un des soldats en uniforme vert fait un signe vers moi, deux soldats m'attrapent par les épaules et me tirent dans le couloir. Thomas hurle mon nom, tape contre les barreaux, j'entends ses os craquer contre les montants en acier. Un autre soldat du groupe se détache des autres pour entrer dans la cellule de Thomas. Un cri de douleur retentit à mes oreilles, les soldats qui me traînent accélèrent le pas, je me retourne et vois Thomas par terre, avec du sang qui coule de sa bouche, et le soldat qui continue à le frapper. Un flot de colère s'empare de moi. J'essaie de me dégager, mes coups de poing et mes coups de pied partent naturellement. Je mets un coup de pied dans le tibia d'un des deux soldats qui me lâche en hurlant.

- Маленькая шлюха ! hurle le soldat.

Je ne sais pas ce qu'il vient de dire et je m'en moque. Je cours vers Thomas, mon cœur bat la chamade, je ne peux pas le perdre comme ça. Je le vois me regarder, son regard me dit d'arrêter de ne pas l'aider, je ralentis ma course malgré moi et quelqu'un en profite pour me ceinturer par la hanche et me tire en arrière.

- Non ! Non je vous en prie, laissez-le ! Arrêtez pitié ! je me débats en hurlant.

On me traîne sans m'écouter. Je me retrouve attachée sur une chaise dans une salle plongée dans la pénombre, je ne parviens pas à voir les murs mais je perçois les crissements des pattes des rats à l'intérieur des murs. Un des deux soldats sort et le premier me pose sans attendre des questions.

- Как тебя зовут ?

- Je ne parle pas russe. I don't speak Russian, je réponds en tirant sur mes liens.