Récit de Guerre. Descente aux Enfers

Chapitre 7

Avec du courage on se fait tuer ; avec du courage et de la prudence, on parvient à vaincre.

Michael Girardi, Réflexions et pensées diverses

~ 1 mars 2020 ~

Le brouillard... je ne vois que du brouillard, rien que du noir vaporeux et filant au moindre coup de vent. Le froid glacial m'entoure et je me sens chuter de mètres en mètres dans l'obscurité la plus totale. Mon esprit s'est comme détaché de mon corps et je ne peux rien faire pour le récupérer dans ma chute vertigineuse. Un frisson me parcourt de part en part, ce qui donne une sensation de renaissance. Mes paupières s'ouvrent sur mes yeux comme une feuille que l'on déchire, en les gardant fermées c'est comme si elles s'étaient unies l'une avec l'autre.

- Dalya ? m'appelle Kimmy.

J'ouvre les yeux et je vois Kimmy au-dessus de moi.

- Présente, je réponds d'une voix chancelante.

- T'es pas possible.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Tu as pris une balle dans la jambe, tu t'es évanouie et Sevastian t'a soigné comme il a pu, elle m'explique en se redressant.

- Et où ils sont ?

- Explorer la forêt.

J'essaie de me relever mais une douleur infinie me traverse la jambe comme si une hache se plante dans ma jambe et la sectionne sans la couper.

- N'essaies pas. Tu ne t'es pas remise, me réprimande la blonde.

- J'ai été inconsciente combien de temps ?

- Quelques heures.

Un bruit de feuilles fait sursauter Kimmy, elle attrape un pistolet avant même que le bruit ne s'arrête.

- Calme-toi Kimmy, dit simplement Thomas.

Elle pose le pistolet sur un sac et Thomas sort des buissons suivi de Sevastian.

- Dalya, m'appelle Sevastian.

- Toujours vivante, je réponds du tac au tac.

- Je vais jamais me débarrasser de toi, me taquine Thomas.

- Jamais, je m'accroche.

Il sourit avant de me prendre dans ses bras et m'ébouriffer les cheveux. Je le repousse et le décoiffe à mon tour. Je crois que j'aurais préféré avoir Thomas comme frère plutôt que Sevastian, même si c'est immonde de penser cela, c'est ma famille et je n'ai plus que lui. Et pour rien au monde je ne le changerais.

- Tu vas mieux ? s'inquiète Sevastian.

- Ça va.

- Ne t'en fais pas c'est une guerrière, elle va toujours bien.

Sevastian sourit, on dirait que notre fuite l'a libéré, il est plus heureux qu'avec son père.

- Je vais chercher du bois pour faire un feu. Kimmy tu viens avec moi ? décide Thomas.

Kimmy hoche la tête et ils disparaissent derrière les buissons et entre les branches des arbres. Je regarde Sevastian penché au-dessus de moi, un contraste se forme entre le ciel gris et ses yeux miels, ils en ressortent davantage.

- Tu peux m'apprendre le français ? demande le russe avec un air des plus sérieux.

Je ris, il a l'air tellement sérieux. Il affiche maintenant une mine déconfite, il doit croire que je me moque de lui.