Chapitre 14

36 1 0
                                    

Le suicide est le dernier acte par lequel un homme puisse montrer qu'il a dominé sa vie.

Henry de Montherlant, Le Suicide de Pierre Monron

~ 18 avril 2067 ~

- Clea tu me prêteras ton bouquin ? demande Lyra en lorgnant sur la page ouverte.

- Pourquoi pas, quand je l'aurai fini. Mais ça ne va pas nuire avec ta réputation de gothique asociale.

- Non, aucun risque. Personne ne sait lire aujourd'hui. Tout le monde est collé à son écran ou ses liseuses. D'ailleurs, Rose est-ce que tu sais lire ?

- Va te faire voir Lyra ! Ce n'est pas parce que j'utilise une liseuse que je ne sais pas lire.

- Vous êtes mignonnes toutes les deux. Mettez-vous ensemble, se moque Liam.

- Jamais de la vie ! s'énervent les deux filles.

Elles ne se supportent peu, mais pour Clea et Liam elles restent ensembles. Il y a souvent des tensions entre elles. Rose n'est pas assez subtile et Lyra est très taquine. Liam et Clea subissent leurs engueulades quotidiennes. Ils sont d'ailleurs très proches grâce à elles. Les deux jeunes sont parties dans une énième dispute et ne font plus attention aux deux jeunes à côté.

- Je vais partir à mon entraînement, tu vas tenir ? s'inquiète Liam.

- Oui je vais lire. Ne t'inquiète pas. Fuis transpirer !

Il se lève après avoir embrasser Clea sur le front et se dirige vers le gymnase de leur fac. Pendant que Clea se penche sur son livre.

~ 21 juillet 2020 ~

Je me réveille en sursaut, des bruits de pas résonnent au-dessus de nous, je me lève et je monte jusqu'à la grille pour regarder sur le pont. Des hommes courent sur le pont, descendent dans la cabine et parlent avec le capitaine... Des soldats russes encore.

Comment ont-ils pu arriver sur le bateau ? Je n'ai pas entendu d'autre bateau arriver et encore moins un avion.

Je redescends dans la soute pour réveiller tout le monde en silence, ils me fixent tous avec des yeux étonnés.

- Les russes sont là.

Ils ne disent rien et me fixent toujours aussi bizarrement. Ils devaient se croire intouchables, loin des russes et des tumultes de la Guerre. Mais tant que Sevastian et moi serons en vie ils nous ne laisseront jamais partir en paix.

Le capitaine du bateau est censé nous protéger mais connaissant les russes ils voudront voir la soute.

Je regarde autour de moi, il n'y a que des caisses de bois. Je soulève un des couvercles pour en voir le contenu, tout est vide. Je prends mon sac, je rentre dans la caisse et rabat le couvercle, je soulève le haut pour voir que plus personne n'était dans la soute. Mon couvercle est soulevé et Thomas rentre dans la caisse.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je m'énerve.

- Les autres caisses sont fermées.

- Chut.

La grille s'ouvre avec un claquement métallique. Je pose ma main sur la bouche de Thomas pour qu'il se taise. J'entends les pas des bottes des russes taper sur le métal, des personnes remuent des caisses et les battements du cœur de Thomas accélèrent. C'est pour dire à quel point nous devons nous serrer pour rentrer à deux dans une caisse.

J'entends soudain un coup de feu, je sens un poids tomber sur notre caisse, elle tremble. Je me retrouve collée contre Thomas. Je sens une matière couler sur mon front, je me le touche pour voir mes doigts rougis par du sang, je me retiens de pousser un cri.

Récit de Guerre.  Descente aux EnfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant