Chapitre 23

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L'amitié du cœur est la foi, c'est un autre qui devient moi.

Louis Belmontet, Pensées, maximes et proverbes poétiques

~ 2 novembre 2020 ~

Nous avons couru quelques temps sur le bord de la route, je ne sens presque plus mes jambes, elles tremblent comme pas possible. Sevastian est presque obligé de me tirer pour que j'avance. Nos respirations sont plus que saccadées.

- On ferait mieux de faire une pause, décide mon frère.

Liam hoche la tête, lui aussi est fatigué, nous partons dans la forêt, au cas où un russe nous trouve sur la route. Je m'assois contre un arbre, je ne crois pas que j'arriverai à me relever, je n'en ai plus la force.

- Je vais vérifier les environs.

Liam s'éloigne de nous et il disparaît rapidement de notre vision. Je respire un peu pour reprendre des forces et je me relève, je tremble encore un peu.

- Tu peux marcher ? s'inquiète Sevastian.

- J'ai marché avec une balle dans la jambe ou presque, là c'est rien.

Il me sourit et je marche un peu, Liam revient rapidement en faisant une tête bizarre.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Euh... j'ai trouvé une petite dans les bois, s'explique Liam.

- Et tu l'as laissé là-bas ? je le questionne.

- Elle ne voulait pas venir, je pense que si c'est une fille qui lui parle ça pourrait la faire venir.

- Allez j'y vais.

J'avance dans la forêt, je ne sais pas où aller. Je marche depuis quelques temps et j'entends des craquements au travers des buissons. Je vois une petite fille qui marche, elle a les cheveux châtains clairs avec des yeux verts pâles et brillants de colère. Elle recule en me voyant, elle sort un petit couteau de sa poche et elle court à l'opposé de moi. Après ce qu'elle a vécu c'est normal, je la comprends. Elle doit avoir une douzaine d'année, treize ou quatorze ans. Je la vois courir à travers les arbres, elle est rapide, ses parents l'ont préparée à sa nouvelle vie. Je la rattrape assez rapidement, je la prends par le bras et la retient, elle se retourne le couteau en avant, je bloque son bras pour lui arracher le couteau.

Je cherche mes mots en anglais, je veux l'aider.

- I would help you, je baragouine.

- Je suis française.

- Moi aussi, je veux t'aider. Où sont tes parents ?

- Morts, elle répond sèchement.

- Comment tu t'appelles ?

- Pourquoi je te le dirais ?

- Parce que sinon tu vas rester toute seule et je ne suis pas sûre que tu survives.

- Je peux me défendre toute seule.

- Avec ce couteau ? On a des armes, assez pour nous défendre.

- D'accord, mais je veux que tu me rendes mon couteau.

Je lui redonne, elle le range dans sa poche en le faisant tourner entre ses doigts quelques instants.

- Pourquoi tu es si proche de ce couteau ? je lui demande.

- Une personne proche de moi me l'a donné.

- Et où elle est cette personne ?

- Je sais pas.

Récit de Guerre.  Descente aux EnfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant