Partie 3 : Tueuse à mi-temps

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                                                                    SABRINA

- Je vous en supplie...ne me tuez pas !

Cet homme était pitoyable à ramper de la sorte devant moi pensant que j'allais l'épargner.

- Mon client a réclamé votre tête donc je la lui apporterai.

Le marchand de fleurs était à genoux, effrayé et il pleurait toutes les larmes de son corps. Malheureusement pour lui, il avait offensé un puissant qui m'avait embauché pour se débarrasser de lui. Et c'est sans aucun remord que j'exécute l'homme d'un tir net et précis dans la poitrine. Son cadavre s'écroule lourdement sur le sol et une flaque de sang se forme autour de lui.

- Quel beau rouge, admirais-je mon œuvre.

Je m'accroupie près du corps et l'observe attentivement avant de le soulever et de le mettre sur mes épaules. Je sors de l'appartement de ma victime et dépose son corps dans la fourgonnette qui m'attend aux pieds du bâtiment. Ensuite je monte à l'avant et conduis pour arriver au point de rendez-vous convenu, c'est-à-dire un vieil entrepôt près du port.

Mon client est déjà arrivé, il est entouré de ses gardes du corps et semble impatient. Quand ils me voient arriver ils se mettent sur leur garde. Je sors de la camionnette et récupère le corps.

- J'ai votre commande.

Je jette l'homme mort par terre qui émet un son semblable à celui d'une éponge. Evidemment le cadavre était gaugé de sang encore humide.

Mon client fait signe à l'un de ses subordonnés de vérifier que l'homme soit bel et bien mort. Quand ceci est fait, il me regarde droit dans les yeux et rit.

- Je suis toujours aussi ravi de faire affaire avec vous ma chère. C'est toujours un plaisir de contempler vos exploits.

- Vous me flattez mon cher, répondis-je habilement.

Il se lève de son siège et vient à ma rencontre pour me faire un baise-main. Je ne suis pas en alerte parce que je sais qu'il ne me fera rien. Je travaille à son service depuis un moment, il fait partie de mes clients réguliers.

- Je réitère mon offre ma belle, je serai comblé de vous épouser.

C'est à mon tour de rire.

- Je vous l'ai déjà dit Richard, je ne suis pas intéressée mais vous êtes bel homme, vous n'aurez pas de mal à trouver chaussure à votre pied.

- Mais c'est vous que je veux, dit-il en jouant avec mes mèches blondes.

Puis il s'écarte en reprenant.

- Merci pour vos services, je vous recontacterai très prochainement. L'argent a déjà été versé sur le numéro de compte que vous m'avez donné. Au plaisir de vous revoir.

- De même.

Je m'en vais et laisse le soin aux hommes de main de Richard de se débarrasser de toutes traces de notre accord. Richard est un politicien d'une trentaine d'année assez populaire en ce moment. Et comme tout homme d'affaire respectable il baigne dans des affaires illégales. Ce qui arrange bien mes petites affaires.

- Je suis épuisée !

C'est sur ces belles paroles que je rentre chez moi pour mettre mes comptes à jour. En arrivant devant chez moi, je fais attention en ouvrant la porte de peur de réveiller Maya mais heureusement pour moi elle n'est pas encore rentrée. Je soupire de soulagement et monte dans ma chambre.

Le lendemain c'est la même scène que tous les autres jours, Maya s'évertue à me réveiller à l'heure alors que c'est inutile puisque je prends mon temps. Cette fois c'est Alexander qui est venu me chercher, je crois qu'il veut discuter de ce qui s'est passé la dernière fois.

- Tu m'as laissé faire, se plaint-il.

- Ça te dérange tant que ça ? Je te laisse faire ce que tu veux, n'es-tu pas content ?

Il stoppe brutalement le véhicule et se tourne vers moi.

- Fais gaffe ! Tu es en plein milieu de la route, tu veux avoir une amende ou quoi ? m'époumonais-je.

Il me fixe bien trop intensément à mon goût.

- Quoi ?

- Cette fille t'était inférieure en tout. Tu es cent fois plus belle et intelligente, elle ne t'arrivera jamais à la cheville. Alors pourquoi est-ce que tu ne t'es pas sentie vexée lorsque je l'ai dragué sous tes yeux ? Pourquoi est-ce que tu m'as ignoré ? s'énerve-t-il.

C'était donc pour ça.

- C'est ça ton problème mon chou, tu t'y prends mal. C'est justement parce qu'elle n'en valait pas la peine que je n'ai pas réagi. Réfléchis, pourquoi est-ce que je me fatiguerais alors que je ne suis pas en danger ?

Je fais glisser mes longs doigts fins le long de son bras, il tressaille sous mon toucher.

- Si tu souhaites vraiment attirer toute mon attention, tu devrais être un peu moins prévisible. J'aime les hommes mystérieux, ce qui n'est pas ton cas.

Je me recule, pensant que nous en avions fini mais il s'accroche.

- Qu'est-ce que tu en sais ?

- A vrai dire rien du tout mais c'est à toi de me prouver que j'ai tort.

Une fois que nous sommes arrivés au bahut, il se gare et je m'en vais rejoindre mes amies. Je ne comprends pas comment nous avons pu en arriver là. Quand nous sommes devant tout le monde, il joue au couple parfait avec moi. Alors que quand nous sommes seuls, soit il fait une scène de jalousie, soit il me jette à la figure toute la haine qu'il éprouve à mon égard. Finalement je ne sais pas ce qu'il veut.

- Vous êtes trop mignons tous les deux, s'ébahit Cassandra. Moi aussi je veux trouver l'âme sœur.

Elle est complètement perchée sur son petit nuage, ça m'impressionne toujours autant. Jessica est tout à fait d'accord avec moi et ne comprend pas comment quelqu'un peut encore croire au parfait amour.

- Un jour tu trouveras aussi, répondis-je la même chose que toutes les autres fois.

A force j'ai l'habitude de ses rêveries, elle croit encore au prince charmant et je ne vais pas gâcher ça. Qu'elle rêve encore un peu, ça en fera au moins une.

- Au fait je t'ai appelé hier soir et tu ne m'as pas répondu. Je me suis inquiétée, donc j'ai téléphoné à Alexander pour savoir si tu étais avec lui. Il m'a dit que non mais que je ne devais pas m'inquiéter. En attendant j'ai failli appeler la police alors ne me fais plus de telles frayeurs, s'emballe Jessica.

- Promis.

Encore une promesse en l'air que je ne pourrais pas tenir mais si ça peut la rassurer autant jouer le jeu. Pour cette fois Alexander aura servi à quelque chose, pour changer. Je sais que je peux paraître dure avec lui mais il le mérite. Je regrette même parfois de ne pas avoir de sentiments amoureux à son égard, comme l'amour rend aveugle ça m'aurait aidé à le supporter plus facilement.

Sur le chemin pour nous rendre dans les labos de bio, j'aperçois la fille avec qui traînait Rachelle l'autre jour. C'est d'un pas décidé et particulièrement tapageur que je m'approche d'elle.

- Eh toi ! Elle est où Rachelle ?

Quand elle me voit son visage blêmit, satisfaisant mon ego démesuré.

- Elle ne se sentait pas bien, bégaye-t-elle sans me regarder une seule fois dans les yeux. Elle ne sera pas de retour avant un moment.

J'explose de rire en plein milieu du couloir, ce qui déconcerte davantage la pauvre petite brebis effrayée. Parfait ! Elle l'a en travers de la gorge cette garce. Je fais signe à l'autre écervelée de s'en aller, ce qu'elle fait aussitôt.

Cette garce de Rachelle a vraiment de la chance que je ne tue que pour l'argent parce que sinon sa tête serait déjà accrochée au mur de mon salon. Cette pensée m'enflamme. Qu'est-ce que j'aime cette partie de moi, complètement rancunière et prête à tout. Mais il est vrai qu'un jour je lui ferai payer ses actes au centuple et ce jour-là sera ma récompense.




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